Le label brestois l’Eglise de la petite Folie fête ses 20 ans lors de trois concerts, dont un à Rennes !
L’Église de la Petite Folie est un label indépendant fondé en 2002 par Maëlle et Arnaud Le Gouëfflec. Dès le début, le graphiste Gildas Secretin (également musicien sous le pseudonyme de Garden with lips) se joint à eux, signant la majeure partie des visuels et lui donnant son identité graphique. La rencontre avec le compositeur John Trap va marquer un tournant : il devient l’architecte du son de la plupart des disques.
Situé en Bretagne à Brest, l’Église de la Petite Folie est marquée par l’exemple d’autres labels, à commencer par celui de Bondage, de Lithium, de K Records,
ou plus lointainement de Saravah. L’idée de construire un espace de liberté prend racine dans la mythologie d’un certain rock, où le DIY est roi. Elle reste fidèle à une ligne voulue par les artistes et défendue par eux.
Les influences sont aussi diverses que les artistes sont complémentaires : la musique de film, le rock, le sampling et l’expérimentation chez John Trap, le krautrock et Daniel Johnston chez Arnaud Le Gouëfflec, la lo-fi mille-feuilles de Beck chez Garden With Lips, Buffalo Division ou Joy Springfield chez Delgado… : elles sont à chercher du côté du rock, au sens large, dans la lo-fi comme dans le rock psychédélique, dans la chanson anormale de Brigitte Fontaine comme dans la pop oblique de Siouxsie, Kate Bush, Flying Nun records…
Les disques de l’Église seront tous marqués du même sceau : des chansons, ou des morceaux qu’on pourrait classer dans la rubrique pop-rock, mais frappés d’un grain de folie, d’une étrangeté qui s’entend partout, dans les textes, dans la production et les arrangements, dans la manière de ne pas respecter le format attendu. Alors pour ce qui est de ranger dans des rubriques, disons sobrement « darkpopfolkexpédroneindierock ».
Une grande partie du catalogue est chantée en français, sans pour autant que l’Église corresponde jamais à ce qu’on attendrait d’un label de « chanson française ». Des comptines/paraboles énigmatiques d’Arnaud Le Gouëfflec aux compositions en ciné- mascope de John Trap, du rock psychédélique de Delgado Jones à la pop en chambre de Garden with lips, de la synthwave de Centredumonde à la mélancolie claire obscure de La Boîte à ooTi, du post-rock de Papapla aux incandescences de Valier, en passant par la chanson pour enfants, la rencontre expérimentale, l’Église cultive sa ligne et son exigence, et son refus de toute normalité toxique.
Cette folie patiemment cultivée se joue donc autant du format que de ce qui est raison- nable, et surtout des limites : au fil de vingt ans de créativité sans frein et d’une cinquantaine de disques (CDS, vinyles, cassettes), les musiciens ont osé le collage sonore, le drone, le field recording, expérimenté sans cesse, entre sampling, 4 pistes, 8 pistes, 100 pistes, techniques d’enregistrement inhabituelles, dubs de chansons, cut-ups, minia- tures ou formats longs, remix ou relectures, collaborant les uns avec les autres… Vingt ans sonnés, la discographie est foisonnante, et complètement en dehors des normes attendues (la Face B, cabinet de curiosités de l’Église, compte près de 200 références supplémentaires, déclinées sous forme de cassettes, CDRs et digital), fidèle en cela à l’idée de départ d’Arnaud Le Gouëfflec : construire un labyrinthe.
Dans le sillage de l’Église de la Petite Folie seront créés le Festival Invisible, rendez-vous brestois des musiciennes et musiciens inclassables, où joueront entre autres Jonathan Richman, Faust, Magma, Jad Fair, Nomeansno, Pere Ubu, Calvin Johnson, Dälek, Gang Of Four, Lydia Lunch, Thurston Moore ou les Young Gods, et qui sera un terrain de rencontres et de collaborations, et le Studio Fantôme, bureau de production qui associera de nombreux artistes du label autour de la création et la diffusion de spectacles.
20 ans plus tard, plus d’une cinquantaine d’albums au& catalogue, sans compter les innombrables projets cachés comme autant de trésors, partie intégrante de la démarche documentée sur la page Face B, l’histoire que raconte l’Église de la petite folie sonne comme un rébus magnétique dont seul l’avenir dira la clef.
Le souhait d’Arnaud Le Gouëfflec était de construire un labyrinthe. Le chantier se poursuit, mais 20 ans après, on peut déjà s’y perdre…
COMPILATION DES 20 ANS
L’EGLISE DE LA PETITE FOLIE
Sortie (numérique uniquement) le 16 septembre 2022
Une compilation de 16 titres qui ont marqué l’histoire du label !
01. John Trap – Brûle (John Trap)
02. Arnaud Le Gouëfflec – Beau pêcheur (Arnaud Le Gouëfflec John Trap, avec Olivier Mellano, Thomas Poli, Régïs Boulard)
03. Garden With Lips – Animal (Garden With Lips)
04. ooTi – Mon ombre est un garçon (Arnaud Le Gouëfflec John Trap)
05. Delgado Jones – Paradise cosmos (Jacques Creignou John Trap Mirabelle Gillis)
06. Centredumonde – Aussi lent que le Mexique(Bertrand Joseph Fabrice Patri Bertrand Simon)
07. John Trap – L’ADN (Arnaud Le Gouëfflec John Trap)
08. Arnaud Le Gouëfflec et ooTi – La Proie pour l’ombre (Arnaud Le Gouëfflec John Trap )
09. Papapla – La bête (Thierry Lolon Martial Hardy Hélène Pichot)
10. Garden With Lips – Face le monde (Garden With Lips)
11. Delgado Jones and the Brotherhood – New Eldorado (Jacques Creignou John Trap, avec David Cueff et Alexandre Argouarc’h)
12. ooTi – L’homme de calque (Arnaud Le Gouëfflec John Trap)
13. Garden With Lips et Centredumonde – Ligne Claire (Garden With Lips et Joseph Bertrand)
14. Manu Lann Huel – Le Pire n’est jamais certain (Arnaud Le Gouëfflec Olivier Polard John Trap)
15. Valier – Tant Déçu (Patrick Chevalier, avec Fred Gransard)
16. Eugene Chadbourne/ Arnaud Le Gouëfflec/Olivier Polard/John Trap – Mosha parle (Arnaud Le Gouëfflec Eugene Chadbourne Olivier Polard John Trap)
CONCERTS
Et parce que 20 ans, ça se fête sur scène, le label brestois l’Eglise de la petite Folie vous donne rendez-vous:
– le 22 octobre au Novomax à Quimper
– le 26 novembre au Vauban à Brest
– le 2 décembre au Jardin Moderne à Rennes.
Les 26 novembre et 2 décembre, l’affiche sera partagée entre Papapla et L’Orage.