Le Champignon Urbain s’est implanté sous les voûtes romanes, un temps oubliées, de la chapelle du Martray. Un cadre surprenant et pittoresque pour y cultiver nombre de champignons bien frais, disponibles tant pour les restaurateurs que pour les particuliers. Alors tenez-vous prêts pour le mois d’octobre car c’est bientôt l’heure de la réouverture de la champignonnière et de son marché.
Le crissement des pieds des enfants ne résonne plus sur le plancher de la chapelle du Martray. Un temps reconvertie en salle de basket-ball pour une école privée – non sans que ses multiples vitraux en fassent les frais, ce lieu aux multiples vies sert aujourd’hui de couveuse pour de bien étranges bébés, de petits champignons croissant dans le ronron des machines.
Pour comprendre les origines de cette étrange pouponnière, il faut revenir en 2017 où deux jeunes gens, Camille May et Romain Redais, décident de monter leur propre fungiculture (culture de champignons). Leurs expérimentations débutent dans une piscine abandonnée de Rezé où ils cultivent ensemble leur premiers spécimens ! Petit à petit, le duo apprend sur le tas et produit de plus en plus de fongus, jusqu’à ce que leur entreprise, Le Champignon Urbain, s’installe en 2019 sur l’île de Nantes. Un an plus tard, lors de la première saison des Lieux à réinventer, ils se portent candidats pour transformer cette ancienne chapelle du XIXe siècle et remporte sa location haut la main.
Aujourd’hui, les lauréats ont investi cet espace à leur guise pour qu’il produise jusqu’à cent kilos de champignons par semaine. Réparties sur trente-six mètres carrés, cinq étagères dorlotent les jeunes sujets se nourrissant de blocs de paille. De grandes bâches transparentes empêchent leurs spores de se répandre et permettent à l’équipe de contrôler la ventilation, l’humidité, la lumière mais aussi les champignons non désirés, vilains fauteurs de troubles. Or, cette production est certifiée bio, du substrat sur lequel poussent les champignons jusqu’au traitement des insectes nuisibles. Pour réprimer ces gourmets, les deux associés font donc appel à leurs prédateurs naturels (d’autres insectes en petite quantité).
Toutes les conditions sont donc réunies pour que cette ferme urbaine produise des champignons de qualité. Pour les friands qui raffolent de la saveur forestière, ils se tourneront vers la pleurote. Plus connu du grand public, le champignon brun, ou champignon de Paris, est ici cultivé dans sa variété plus charnue au goût de noisette prononcé. Enfin, le shiitaké, essentiellement produit à la chapelle, convient tant aux recettes sucrées que salées. Avec sa douceur et sa bonne longueur en bouche, il se marie à merveille aux poêlées, aux galettes et même aux crèmes desserts. Enfin, une partie de la récolte sert également à faire de petites terrines à tartiner pour l’apéritif et des sauces béchamel.
Une fois cueillis, les champignons sont conservés dans une chambre froide avant d’être vendus bien frais dans de nombreux restaurants nantais comme Paws, Bienvenue, Pickles, La Grande Barge, le restaurant étoilé L’Atlantide 1874 ou encore des épiceries comme Grain Flori. Une livraison qui se fait à vélo cargo dont l’objectif éco-responsable ne s’arrête pas en si bon chemin. À l’instar de ses voisins bruxellois, Le Champignon Urbain souhaite exploiter les rebuts des brasseries alentour. En effet, les champignons peuvent tout aussi bien grandir sur du marc de café ou de la drêche (le résidu de bière après brassage) que sur du bois mort ou de la paille, ce qui permettrait de tirer grandement parti des déchets de la ville.
Mais quid des champignons invendus ? Aux malheureux laissés-pour-compte leurs reste deux solutions. La première, être redistribués et finalement consommés grâce à l’application Too good to go ; la seconde, servir d’ingrédient pour le compost baptisé “Champost”, un excellent amendement pour les sols. Riche en minéraux, il fertilise aussi bien qu’il retient l’eau de pluie pour le plus grand bonheur des agriculteurs et des jardiniers !
Ni animal, ni végétal, le champignon est un règne du vivant complètement à part. C’est pourquoi la champignonnière se veut être aussi un lieu de pédagogie pour nous faire découvrir ces êtres mystérieux. Située à mi-chemin entre Viarme et Talensac, la chapelle est accessible à tous les publics, même scolaires, qui voudraient la visiter. Celles et ceux qui souhaitent participer aux ateliers de la ferme citadine apprendront à fabriquer un kit à champignons et pourront ainsi cultiver leurs propres pleurotes pendant trois mois. À l’avenir seront également proposés des ateliers culinaires, pour que les fongus n’aient plus aucun secret pour vous !
Sur le long terme, l’exploitation ambitionne de produire son propre substrat et – chose plus surprenante encore – cultiver des endives ! Ces dernières requérant les mêmes conditions que celles des champignons pour se développer, elles pourraient être vendues du mois de mars au mois de mai. Pour le moment, vous pouvez toujours passer à la chapelle du Martray pour profiter de son marché des petits producteurs, chaque vendredi de 16h à 18h30. S’y réunissent apiculteur, maraîcher, fromager et vous y retrouverez bien sûr, les champignons bio du Champignon Urbain.
INFORMATIONS PRATIQUES
Le Champignon Urbain se situe à Nantes au 4 rue Trépied. Il est ouvert au public le mercredi de 9h30 à 12h30 et le vendredi de 9h30 à 12h30 et de 16h à 18h30. Fermé le reste du temps.
Tél : 06 62 71 65 40