Si Jacques Cartier a découvert le Canada, savez-vous que c’est un Breton qui a posé le premier pied sur le continent australien ? Nés en Bretagne de Thomas le Gourrierec révèle plus encore : les Bretons ont guidé le Roi Arthur dans la quête du Graal, sauvé la famille princière de Monaco, trucidé Bécassine et vu naître Napoléon !
Thomas le Gourrierec est journaliste, mais on l’aurait bien vu détective. Lecteur impénitent (et un brin filou) depuis sa tendre enfance, il fait partie de ceux pour qui lectures riment avec aventures. Il affectionne voyage et découvertes en compagnie d’un compatriote : Jules Verne. Ses récits savoureux vont alimenter à jamais l’imaginaire d’un rêveur invétéré qui ne souhaitait qu’une chose : voyager en vivant de sa plume. La révélation arrive un beau jour par un livre : Mathias Sandorf ; Thomas Le Gourrierec en parle en ces termes :
Tout gamin, un jour où j’accompagnais ma mère à un vide-grenier, je suis tombé sur un vieux livre avec une couverture or et vermillon, un brin craquelée par le temps, estampillée « Éditions Hetzel, 1885 ». Mon trésor, acquis pour une poignée de francs. À l’instar d’une précieuse relique, je l’empaquetais dans une pochette de classeur en plastique et le faisais trôner sur ma table de nuit. Je ne m’en suis jamais séparé, il campe toujours sur une étagère de mon appartement parisien. Un jour, j’en parlais à mon père qui me lança : « au fait, tu sais qu’il est breton, Jules Verne ? » Stupéfait, je creusai un peu. Le bougre était Nantais ! En poursuivant mes investigations, il m’apparut que cette appartenance avait influé, bien plus qu’on ne le pense, sur ses incroyables histoires.
Ayant longtemps vécu à Lorient, biberonné à la cornemuse, au quatre-quarts et au crachin, Thomas Le Gourrierec, comme nombre de ses compatriotes, fini par « monter » à la capitale. Il n’aura pas attendu très longtemps, il décampe à dix-sept ans, avec une idée fixe : prendre le large et parcourir le globe façon Tintin. Les aventures bigarrées ne manqueront pas : interview de Robert Redford, infiltration d’une bande de hooligans anglais, suivi de l’équipe de basket des Chicago Bulls et traversée de l’Amérique du Sud sur les pas du Che.
Mais, comme il l’explique, il vit toutes ces aventures et pérégrinations journalistiques sans jamais oublier ses racines. Et ce n’est rien de le dire tant il les bouture grave avec cet ouvrage ! Il aura fallu passer de nombreuses heures dans les archives pour dénicher les histoires pittoresques parfois, fabuleuses souvent, de ces Bretons réels ou imaginaires qui ont rayonné à travers le monde et définitivement marqué l’histoire… ou pas ! Ainsi de l’idylle entre monsieur de Marbeuf et madame Bonaparte qui ferait du Breton le père de l’Empereur... Romanesque, cette histoire cachée a le don d’énerver les Corses et Thomas Le Gourrierec s’en amuse beaucoup avec les éditeurs du livre qui sont… Corses
Puis se succèdent – authentiques, sérieuses, tragiques parfois – des vies, des parcours, des aventures, des sagas :
Hénaff, Surcouf, Fulgence Bienvenüe (créateur du métro parisien), les Johnnies (livreurs d’oignons), Louis-Aleno de Saint-Aloüarn (découvreur de l’Australie), Pierre-Olivier Malherbe, Vitréen qui a probablement fait le premier tour du monde en solo, les résistants de l’île de Sein, Yves Rocher. Et au détour des pages feuilletées avec le sourire on ne sait plus vraiment ce qui tient du factuel ou du mythe.
Thomas le Gourrierec insiste pourtant : cette histoire de la grande famille bretonne de Matignon qui sauvée Monaco et la famille Grimaldi de l’extinction est vraie ! Et si nous restons du côté de Matignon et du cap Fréhel, souvenons-nous que c’est à lui que la grande artiste « sex, drugs and bal musette » a emprunté son nom de scène. Préfigurant Amy Winehouse et Janis Joplin l’interprète de La Java Bleue a chanté avec ses tripes la misère et les peines qui jalonnèrent son incroyable destinée.
Cela étant, certains trouveront que ça fiche pas un peu la honte d’affirmer que Sylvester Stallone a du sang breton ? Up to you ! On ne choisit pas sa famille… Il est sûrement plus politiquement correct d’évoquer les origines bretonnes de John Kerry et bien plus glamour de l’envisager pour Beyoncé !
Livre Nés en Bretagne, Thomas Le Gourrierec, Éditions des Immortelles, 157 pages, janvier 2016, 29,50 €
***********************
Les éditions des Immortelles ont été créées en 2012 par la journaliste Marie-Joseph Arrighi-Landini et le photographe Jean Harixçalde à Ajaccio. Des Immortelles, plantes emblématiques de l’île de beauté, ces éditions s’enracinent en Corse pour mieux fleurir à travers le monde. Elles ont l’ambition de s’envoler hors de l’île pour promouvoir, un peu partout leur amour de la culture, du patrimoine et des territoires. La collection dont le titre commun « L’extraordinaire aventure des inventions et des hommes qui ont changé la face du monde (et peut-être même celle de l’univers) » s’enrichit, à chaque opus, du nom d’un nouveau territoire à forte personnalité, le premier volume étant « Nés en Corse ».