Samedi 30 janvier, un cortège bigarré a défilé jusqu’à la place de la Mairie de Rennes afin d’inaugurer la semaine chinoise. Jusqu’au Nouvel An chinois qui aura lieu le 8 février 2016, plusieurs événements sont organisés dans la capitale bretonne. Une semaine animée en l’honneur de l’Année du Singe qui peine à attirer le public rennais.
Ô joie de la mondialisation ! Ou, si l’on nous permet un nouveau décasyllabe : Splendeur de l’interculturalité !
Pour la cinquième année consécutive, Rennes connait un Nouvel An chinois. Étant donné que la progressive ouverture de la France au monde globalisé tend à un festivisme généralisé (les rituels et la profondeur symbolique en moins), les Rennais célèbrent désormais le partage de la nourriture entre premiers colons américains et autochtones apaches ou Wanpanoags ; se griment en leprechauns pour louer la Saint-Patrick ; honorent les morts en évidant des citrouilles ou en apprenant à danser comme au Mexique. Pourquoi pas ?!…
Bientôt, chaque fin de semaine verra une énième commémoration. Qui sait ? Peut-être que la République Populaire de Chine, par le biais de quelques ONG ou association française, proposera, en sus de la fête du Travail, une fête de la paresse, un bal musette place Tian’anmen, un défilé des anciens vétérans de la guerre sino-japonaise dans les rues de Canton…
Au moins, est-ce l’occasion de célébrer à nouveau l’année qui commence. Pour ceux qui n’auraient pu participer à la frénésie post-Saint-Sylvestre des vœux, résolutions et autres prières, il est encore temps de danser pour faire tomber la pluie. Car nos amis chinois ne disposent pas du même calendrier que nous. Eux se réfèrent et au soleil et à la lune. Notre calendrier grégorien, quant à lui, est uniquement solaire. Le premier jour de l’année est fixé pour les Chinois entre le 21 janvier et 20 février. Cette année, précisément le 8 février 2016. Bienvenue à l’année du Singe de Feu !
Inutile cependant de voir dans ces festivités bon-enfant, qui d’ailleurs font le bonheur des plus petits, une tentative d’annexion culturelle. De son côté, l’association Zongh Breizh, à Pékin, « a pour mission de promouvoir la Bretagne en Chine ». Nous n’avons rien à leur envier avec nos propres Alexandre et César subventionnés. La seule chose vraiment étonnante dans cette semaine chinoise reste que cette diaspora demeure excessivement faible en Bretagne. Si la diaspora chinoise compte entre 600 et 700 000 personnes en France, l’essentiel se concentre à Paris. Jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons pas encore notre Chinatown à Rennes et l’on croise plus souvent des Normands acquis à la vie bretonne que des sino-bretilliens convaincus. Pour l’heure, le syncrétisme ne s’arrêterait-il pas à la cuisine ? On sait que l’année dernière, le défi culinaire Breizh’Xotic avait marié les spécialités culinaires bretonnes et chinoises à la Halle Martenot.
Pour commencer cette semaine placée sous le signe du Singe, un défilé s’est déroulé le samedi 30 janvier. Un cortège folklorique s’est acheminé de la dalle du Colombier à la place de l’Hôtel de Ville. À noter que le Singe de Feu, selon l’astrologie chinoise, est débrouillard, charmant, persuasif, drôle, sociable ou encore rusé. En tout cas, en cette fin de semaine, entre la Mairie et l’Opéra, il était festif et coloré. Les danses du dragon et des lions ont ravi les enfants. Un marché alimentaire a été l’occasion pour la foule, assez clairsemée, de tester les spécialités culinaires chinoises, cuisinées par des étudiants.
Jusqu’à samedi prochain, de nombreux événements se tiendront à Rennes et dans la région. Le but ? Promouvoir et faire connaitre la culture chinoise. Au programme, des concerts en partenariat avec Le Tambour, du cinéma, avec notamment Comptoirs du Doc, des conférences, des cours de cuisine au Centre Culinaire Contemporain !
De quoi renforcer les liens entre notre région et la Chine. Déjà, il existe plusieurs associations, dont Encres de Chine et un institut Confucius dans la capitale bretonne qui possède une antenne à Brest. On sait également que la Chine, avec 342 étudiants, est la nationalité la plus représentée à l’Université Rennes 2. Économiquement, les relations sino-bretonnes ne sont pas en reste : mardi prochain aura lieu l’inauguration d’une usine de lait infantile à Carhaix, dans le Finistère. L’entreprise chinoise Synutra y construit sa première usine en dehors de son pays. En France, le mandarin est la cinquième langue la plus enseignée. Rennes demeure à ce titre un pôle conséquent d’enseignement du chinois, notamment grâce au partenariat entre les lycées Zola et Jinan et le département d’Études chinoises de Rennes 2. En même temps, le peu de monde rassemblé au défilé samedi dernier et l’annulation, « faute d’un nombre suffisant de pré-inscriptions », de la soirée repas organisée vendredi 5 février par l’association Rennes Chine tendent à démontrer que le succès n’est pas pleinement au rendez-vous. Beauregard n’est pas Belleville !