Quel est le point commun entre un maquereau, une mouette affamée et les toits de Paris ? Réponse : À la poursuite du déjeuner d’Odile, un album jeunesse aussi élégant que réjouissant, publié chez Glénat Jeunesse. Aux commandes de cette escapade gourmande et urbaine : Aurélie Castex, illustratrice inspirée, qui signe ici son premier album comme autrice-illustratrice. Une réussite.
Une recommandation de l’émission Faites-moi lire : une coproduction Champs libres-TVR-Unidivers.fr, présenté et rédigé par Nicolas Roberti en collaboration avec les bibliothécaires de la bibliothèque des Champs libres où vous pouvez consulter cet ouvrage.
Odile est une mouette. Une vraie. Curieuse, déterminée, un brin malicieuse, et surtout… affamée. Lorsqu’un superbe maquereau lui file sous le bec, c’est toute une aventure qui démarre : de la mer à l’assiette, du port au marché, des cuisines aux balcons, Odile traverse un Paris fantasmé, vivant, coloré, où chaque page devient une escale sensorielle. Rien ne l’arrêtera dans sa quête : ni un chat ronchon, ni un cuisinier maladroit, ni même une boulangère trop rapide.
Le livre est un pur régal visuel. Le trait d’Aurélie Castex, connu dans l’univers de la presse, de la mode ou de la décoration, est ici mis au service d’un récit vif et ludique. Elle déploie une palette restreinte — dominée par le bleu, le rouge et le gris — mais d’une richesse graphique rare. Les pages fourmillent de détails, d’impressions, d’humour discret. Chaque case est pensée comme un tableau, chaque transition comme un travelling. L’influence du carnet de voyage, du théâtre et du cinéma muet y est palpable.
Mais À la poursuite du déjeuner d’Odile est bien plus qu’une simple chasse au poisson. C’est une ode à la ville, à la gourmandise, à la ténacité. Un album qui donne envie d’ouvrir grand les yeux, de suivre les lignes d’un toit, de tendre l’oreille à un bruit de casserole ou au cri d’un goéland. Les enfants s’amuseront des rebondissements et des gags visuels, les adultes apprécieront la finesse du trait et les clins d’œil parisiens.
Odile rejoint sans peine le cercle des héroïnes attachantes de la littérature jeunesse. Elle ne parle pas, mais elle dit tout. Et on aimerait bien, nous aussi, pouvoir la suivre un peu plus longtemps dans son ballet urbain.
En bref : un album inventif, sensoriel, drôle et graphique — un vrai festin pour les yeux… et pour l’imaginaire.