De tout chœur à Rennes, c’était la fête des enfants chanteurs, organisée par L’Opéra de Rennes conjointement avec Les Tombées de la nuit. Si la météo du dimanche 30 avril tenait toutes les promesses de ses tristes prévisions, 200 enfants issus de diverses formations bretonnes ont éclairé la ville de Rennes de leur enthousiasme, de leur joie de vivre et de l’éclat magnifique de leurs chants.
Étaient présents à cet heureux rendez-vous, la maîtrise de Bretagne, celle de Saint-Brieuc, la psallette de Tréguier, arborant fièrement des vareuses jaunes, sans oublier l’école de chant choral de Saint-Vincent la providence et les chœurs du Conservatoire à rayonnement régional de Rennes. Au regard des effectifs importants, les concerts étaient répartis sur trois lieux ; la rotonde de l’Opéra, la salle de réception de la Mairie et l’église Saint-Sauveur. À 14h00 précise, les voûtes de la cathédrale commencent à raisonner d’un beau traditionnel Breton « Ar ho pugalé karet », suivront le « Tantum ergo » de Giuseppe Tartini, « In monte oliveti» de G. Martini puis, le fameux Choral BWV 147, « Jésus que ma joie demeure » de Jean-Sébastien Bach. Cette mise en bouche, dirigée par Damien Guillon, de l’ensemble Le Banquet céleste s’achèvera avec un nouveau chant breton « Itron varia rostren ». Dès les dernières mesures, les auditeurs prennent leurs jambes à leur cou et se précipitent manu militari, qui vers Saint-Sauveur, qui vers la Mairie pour la suite du programme. Nous avons choisi la rotonde de l’Opéra puisque c’est la maîtrise de Bretagne qui en est le premier hôte. Nous avions apprécié le remarquable travail de cet ensemble, placé sous la direction de Jean-Michel Noël, lors de l’opéra Brundibar de Hans Krasa et plus récemment dans Le petit ramoneur de Benjamin Britten.
C’est aussi l’occasion de retrouver des visages connus, comme celui de Pierre Victor qui avait tenu le rôle de Gaye ou celui d’Émilie Oberthur, dans les chœurs. Pas du tout gênés par les questions, ces deux ados sympathiques à la frimousse égayée de taches de rousseur évoquent sans aucun complexe leur choix du chant choral plutôt que d’autres activités en vogue chez les collégiens du même âge. Les deux envisagent la possibilité de faire de leur passion un métier et lorsqu’on leur demande ce que peut être le regard des autres jeunes sur eux, la réponse tombe de façon assez tranchante… ils s’en fichent complètement. La même réponse nous viendra d’élèves de Saint-Vincent comme de ceux du conservatoire. Inattendu, mais satisfaisant !
La même rotonde accueillera quelques instants plus tard, le chœur d’enfants du conservatoire de Rennes. Difficile de mener cette troupe de bambins qui en plus de bien chanter remportera tous les suffrages au concours des adorables petites bouilles, il aurait vraiment fallu avoir un cœur de pierre pour ne pas craquer devant les élèves de Mathilde Vincent. Mais à peine le temps de faire connaissance qu’il faut déjà braver la pluie battante pour rejoindre la basilique Saint-Sauveur où nous attendent les membres du centre d’art choral et ceux du chœur du conservatoire. Dirigé par Gabriel André, cet ensemble nous fera entendre « Lobet der hern » de Jean-Sébastien Bach, puis du haut du buffet d’orgue, Claire-Marie exécutera en solo le « Et exultavit » tiré du Magnificat, de Bach également. C’est avec le « Laudate dominum » de Grégor Aichinger que nous prendrons congé de ces jeunes chanteurs, judicieusement accompagnés d’un ensemble de cuivres et d’un contrebassiste qu’il nous semble avoir déjà vu au sein de l’OSB.
Nous reprenons notre marche avec le jeune Paul Brochen, coorganisateur de la manifestation et par ailleurs étudiant en musique, clarinette, chant et direction de chœurs.
Sous la houlette toujours bienveillante de Alain Surrans, directeur de l’opéra, il a accompli un travail de titan que la réussite de cette journée vient légitimement couronner. Arrivés à 17h00 à l’opéra, il nous faudra très vite trouver une place pour assister au final offert par les 200 jeunes choristes sous la direction de Gildas Pungier de l’ensemble Mélismes. C’est avec le Chœur de la garde montante, tiré de Carmen que commence cette si plaisante conclusion, puis le baryton Régis Mengus entonne un énergique « air du toréador » bien vite repris par un public invité à l’accompagner. Si certains sont timorés, sans doute impressionnés par la solennité des lieux, d’autres se laissent aller au plaisir incomparable de chanter Carmen à pleine gorge et s’offrir la joie de pouvoir dire un jour : « j’ai chanté Carmen à l’opéra de Rennes ». Les derniers moments, nous les passons à écouter le Chant de la nuit du Petit ramoneur de Benjamin Britten, puis trois chansons écrites pour les enfants par Julien Joubert: La pâte à crêpes, Tavernier !, La perspective.
Malgré un tonnerre d’applaudissements, nous sentons bien qu’il est l’heure de se séparer et se sera sans doute le seul moment un peu triste de cette très belle journée. « C’était trop bien ! » entend-on partout sous les arcades et sur les marches de l’Opéra. Il nous faudra pardonner cette petite liberté adolescente avec le Français, mais ce n’était pas « trop » bien, c’était juste une fabuleuse journée dont nous avons savouré chaque instant comme on se délecte d’un met raffiné. On ne peut que s’enthousiasmer devant le travail accompli par tous ces jeunes et par leurs maîtres. Que tous soient remerciés, comme Alain Surrans et Paul Brochen, à l’organisation, tous les chefs de chœurs à la direction et tous ces jeunes pour la qualité de leur travail et la joie qu’ils nous ont donnés sans compter.
De tout chœur, un événement musical organisé par l’Opéra de Rennes, Dimanche 30 avril de 14h à 18h, Cathédrale, Opéra de Rennes et autre lieu du centre-ville…
Diaporama Laurent Guizard