Fondée en juillet 2020 par l’artiste-plasticien Vincent-Mickaël Vallet, Palette Éditions propose une approche originale du travail des artistes sous forme de marque de vêtements. Développées selon des modalités curatoriales, les collections sont de véritables expositions à porter, individuelles ou collectives. Entretien avec le fondateur de Palette Éditions.
« Adopter la forme d’une marque de vêtements nous permet de promouvoir le travail des artistes de manière originale, en dehors des habituels lieux de monstration. L’impression sur des modèles basiques et unisexes offre la possibilité, au plus grand nombre, de posséder et de se vêtir d’une œuvre d’art. Les modèles sont produits en éditions limitées »
Unidivers – Corentin Canesson et vous êtes les deux artistes actuellement référencés chez Palette Editions. Qui est à l’origine de la maison d’édition Palette ? Comment l’idée est-elle née ?
Vincent-Mickaël Vallet – L’aventure est née tout simplement. Étant artiste-plasticien, je possédais une série de dessins à l’atelier : les visages mélangés, et je ne savais pas quoi faire. J’ai alors eu l’idée de les imprimer sur tee shirts et d’en faire une série afin de les distribuer ensuite à des amis – des œuvres à porter en quelque sorte. J’ai trouvé amusant de transformer cette première idée en une réalité plus… importante. Ma série de dessins pouvait ainsi devenir la première collection d’une nouvelle « marque ». Cette marque devait être pensé comme une galerie dans laquelle les collections sont surtout des expositions. Ce fut la naissance de Palette.
Corentin et moi avons fait nos études aux Beaux Arts de Rennes, mais pas dans la même promotion. Corentin vit actuellement à Paris où il a réalisé plusieurs expositions remarquées, notamment dans des lieux comme le Crédac. Et il a récemment été nominé pour le prix de la Fondation Ricard. De mon coté, j’ai beaucoup travaillé en lien avec l’Histoire de l’Art. Ma dernière grande exposition, Et si on parlait d’art, s’est déroulée l’année dernière au musée des Beaux-Arts de Rennes au sein des collections permanentes.
Unidivers – Pourquoi utilisez-vous le terme de maison d’éditions qui fait référence, selon l’usage commun, aux livres ?
Vincent-Mickaël Vallet – Si l’édition fait référence au livre, elle peut s’apprécier de manière plus large lorsqu’on parle d’édition d’artistes. Au delà de l’acception, c’est surtout la technique permettant de faire les tee-shirts qui m’a orienté. C’est une technique d’impression appelé DTG : une grosse imprimante qui envoie de l’encre à l’eau et biologique dans les fibres du coton. On remplace simplement le papier par un textile. On parle d’éditions d’artistes, car nos tee-shirts sont limités à 15 exemplaires.
Unidivers – Nouveau projet né en juillet, quel objectif poursuivez-vous, aussi bien en termes éditorial qu’en nombre d’artistes ou volume de créations vendues ?
Vincent-Mickaël Vallet – Le site internet avec sa boutique vient tout juste d’être mis en ligne. Notre objectif est de réaliser plusieurs expositions par an, entre trois et quatre, individuelles ou collectives. Quant aux volumes, les artistes choisissent le nombre de modèles – pas plus de sept. Les modèles sont imprimés en Bretagne sur demande/commande afin d’éviter les stocks et les déchets. En ce qui concerne les fournisseurs, les éditions Palette se sont associées à la marque de textile vierge Stanley & Stella qui propose une large gamme de textile de qualité Premium, 100% bio organique et bénéficiant des normes Fairwear, GOETS et Oeko-Tex. Cette marque garantit ainsi un respect de l’environnement et des travailleurs de la filière textile.
Unidivers – Comment est née l’idée de fondre deux visages iconiques dans votre première collection ?
Vincent-Mickaël Vallet – Cette idée relève en fait des peintures aux numéros à faire soi-même. Le coté répétitif de la peinture de loisirs créatifs n’avait aucune autre vocation autre que d’être produite et aussitôt oubliée. Mélanger les têtes entres elles permettait de créer un jeu afin de deviner qui était peint.
Ma première série évoquait les tee shirts avec des effigies que l’on pouvait aborder adolescent. Puis, lorsque j’ai invité Corentin Canesson, il a voulu, au-delà de sa pratique de peintre, jouer sur la destination du tee-shirt. À coté de sa pratique, il a un groupe de rock, TNHCH. Il a donc souhaité que sa collection puisse évoquer le coté merchandising très souvent associé à la musique.
Unidivers – Une nouvelle collection est en route ?
Vincent-Mickaël Vallet – Après celle de Corentin, la troisième exposition/collection arrivera fin août/début septembre. Ce sera la première exposition collective de Palette, elle s’intitulera « Achille et la tortue ». Pour l’occasion, neuf artistes vont réaliser des visuels.