Partir un jour d’Amélie Bonnin : la France rurale vue depuis Paris

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Extrait du film Partir un jour
Extrait du film Partir un jour

Le film Partir un jour d’Amélie Bonnin est en salle depuis le 13 mai 2025. Il met en scène Cécile, interprétée par la chanteuse Juliette Armanet, qui quitte Paris pour retourner chez ses parents. Une ode à la campagne en demie-teinte, mais une ode aux karaokés français réussie. 

Inspiré de son court métrage éponyme sorti en 2021, le film Partir un jour d’Amélie Bonnin raconte l’histoire de Cécile (jouée par Juliette Armanet). La jeune cheffe vient de remporter la compétition Top Chef et s’apprête à ouvrir son restaurant. Quelques jours avant le premier service, son père fait son troisième infarctus et elle retourne voir ses parents, sous les conseils de son amoureux. Elle y retrouve ses amis d’enfance dont Raphaël, joué par Bastien Bouillon, son amour de jeunesse. Côté familial, ses parents ne s’entendent plus sur l’idée de garder ou pas leur restaurant routier. Pendant ce séjour intense, Cécile cache sa grossesse en attendant de rentrer et d’avorter… 

En suivant la vie de cette femme qui renie légèrement ces origines rurales, on pourrait croire à une déclaration d’amour à la campagne. Si c’est le cas, c’est selon nous un point de vue peut-être trop parisiano-centré dira-t-on qui manque de réalisme. Malgré la bonne intention, on est loin de la pureté d’un film comme Vingt-Dieux (Louise Courvoisier, 2024). En cause, les clichés sur ces régions françaises trop présents : les personnages n’évoluent pas depuis le lycée, les bâtiments tous plus désuets les uns que les autres, etc… Si des internautes trouvent que présenter le film à Cannes à la cérémonie d’ouverture est un pari “risqué”, sa présence semble surtout remplir le quota de films populaires. Ou peut-être donne-t-il bonne conscience entre deux films d’auteur pointus pour montrer que le grand Cannes sait aussi apprécier la simplicité ? 


partir un jour amelie bonnin

Entièrement tourné à l’épaule, sans un plan fixe donc, cette manière de tourner peut faire écho à l’imperfection des personnages et évite un résultat trop lisse, en accord avec les idées du film. Mais ce choix cinématographique n’est pas des plus judicieux et dessert le propos plus qu’il ne le valorise. 

Dans cette ode à la France rurale, un pari est néanmoins réussi : la bande originale. À l’image d’un karaoké, les crédits prennent couleur de gauche à droite dès le début du film. Mourir sur scène, Sensualité, Femme like u… la plupart des classiques des fins de soirées arrosées y sont. Bien que les comédies musicales divisent, il faut avouer que les scènes chantées s’intègrent très bien dans l’histoire, à la manière de Mamma Mia (Phyllida Loyd, 2008). Leurs dialogues en musique participent d’ailleurs à la narration fluide du récit. 

Dans l’ensemble, on ressort de la projection heureux, bercés par une magnifique reprise de la chanson éponyme des 2be3 signée Juliette Armanet. Bien que le film mêle autant d’intrigue, mais ne suit qu’un personnage, il n’en perd pas sa fluidité et accompagne le spectateur dans ces quelques jours intenses pour Cécile. La chanteuse se révèle d’ailleurs être une actrice dont le jeu naturel dénote avec celui peut-être moins spontané de ses collègues. L’humour du film participe aussi à ce qu’il devienne un potentiel feel good movie pour beaucoup, même si la scène maîtresse reste François Rollin qui reprend Cécile, ma fille de Claude Nougaro (1963).