Joli Saint-Jean-Port-Joli ? Mieux que ça ! Ce qui nous a attirés dans ce village charmant au bord du Saint-Laurent n’est pas seulement son nom qui flirte avec Gilles Vigneault, mais d’abord son incroyable concentration d’« artistes au pied carré ». Nan, pas de bizarretés anatomiques ! Comprenez : « au mètre carré ». Unidivers est allé vérifier. Tabarnak, c’est vrai !
Comment atterrit-on à Saint-Jean-Port-Joli ? Deux manières :
1) Rencontrer ses ressortissants au Festival du Chant de Marin de Paimpol, et… les suivre (car eux aussi ont leur festival — parmi une demi-douzaine, pas moins) !
2) Adhérer au réseau « Tourisme Créatif » ou « Creative tourism Network », concept créé en 2010 à Barcelone pour aller plus loin que l’idée de « ne pas bronzer idiot ». Il s’adresse à des touristes désireux de réaliser une activité artistique et créative leur permettant de découvrir à la fois la culture de leur lieu de séjour tout en vivant des moments privilégiés avec ses habitants. On peut ainsi apprendre à souffler le verre à Biot (en Provence), à faire des croissants avec un boulanger parisien, à tisser une étole façon Maya au Guatemala, à danser la rumba à Barcelone, ou même produire de la musique électronique à Ibiza !
Le projet de tourisme créatif à Saint-Jean-Port-Joli est né du colloque international Médiation et créativité en tourisme et en patrimoine de l’école d’été de l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval (Québec) qui s’est tenu au Musée de la mémoire vivante. Dès 2013, des étudiants ont expérimenté le tourisme créatif grâce à la collaboration d’artistes et d’artisans de Saint-Jean. Il faut dire qu’ils ne manquent pas dans ce Pont-Scorff (cité d’art du Morbihan) puissance 10 qui développe depuis les années 30 une ferveur créative, impulsée par les trois frères Bourgault, sculpteurs sur bois (en image d’une de cet article une œuvre de P. Bourgault).
Si le bois tient toujours la vedette (cours de sculpture avec Violette Desrochers dans son atelier avec vue magnifique sur le fleuve, et — plus pratique pour construire sa cabane au Canada — une formation d’exception sur la charpenterie traditionnelle en bois massif avec les frères Pépin-Guay de Linéaire Design, en collaboration avec Écohabitation), on peut aussi s’initier à la peinture et à la danse méditative au bord du fleuve avec Lucie Lamontagne, à la conception et à la réalisation d’une sculpture de verre et de métal avec Yvon Gaussirand, à la fabrication d’un instrument de musique rudimentaire avec le luthier, au feutrage et au tissage avec France Trudel, éleveuse d’alpagas.
Nous, on suivra le photographe Jean-Sébastien Veilleux dans ses explorations photographiques sur les grèves du Saint-Laurent. Ce sympathique barbu y glane aussi bien les végétaux que les rebuts du monde « civilisé ». Il en pare des modèles qui posent, façon Harcourt, dans son studio. Toute la communauté s’y prête : célébrités, artistes, commerçants… Même le maire se transforme en Poséidon, recouvert d’algues avec un trident et des cornes en bois flotté !
La créativité ne se limite pas aux arts plastiques. À Saint-Jean-Port-Joli, on croise aussi des mamies qui cultivent leur potager au pied de leur maison de retraite (et gare à vous si vous piquez une tomate !), des jeunes buveurs de bière qui brassent leur propre boisson (et vous la servent en terrasse face au Saint-Laurent), un savonnier (sa marque s’appelle Quai des Bulles !), Sonia, une jeune femme (fille d’un Rennais) incollable sur les bienfaits des plantes, Nathalie Niemeyer, Germano-Canadienne qui fait goûter les spécialités locales : confit d’échalotes, bleuets — nom québécois pour myrtilles — au chocolat, gelée de pommettes au basilic et autres confitures créatives. Toutes deux travaillent au Moule à Sucre, superbe magasin installé dans une grange du XIXe siècle, sorte de drugstore de l’époque.
À propos d’époque, Saint-Jean-Port-Joli, née il y a 340 ans, est dotée d’un très beau cimetière marin (avec des tombeaux entourés de murets de granit, une rareté), de ravissantes maisons anciennes (dont deux font chambre d’hôtes — voir en annexe), d’une église avec voûtes à caissons et de deux musées. Celui déjà cité de la Mémoire vivante occupe le manoir seigneurial de l’écrivain Philippe Aubert de Gaspé, auteur du célèbre roman « Les anciens Canadiens » (1863).
Que les flemmards non créatifs se rassurent ! La région propose un nombre impressionnant de rendez-vous pour les simples consommateurs de plaisirs, gourmands et culturels. On peut profiter d’une virée au Festival de l’oie blanche, au Carrefour mondial de l’accordéon à Montmagny, à la Fête des chasseurs lors de la Saint-Hubert à Cap-Saint-Ignace, ou encore aux fêtes citées en annexe (regardez la vidéo extraordinaire de Hommes de vase) pour aller rendre visite à un fromager, à un vigneron, à une érablière, à une fromagerie… Vous pouvez aussi vous contenter de vous installer à la terrasse du yacht-club ou du Bistro-OK et simplement profiter d’un merveilleux coucher de soleil sur le Saint-Laurent – les plus beaux du monde selon le Guinness Book !
Évènements
— Les Violons d’Automne (du 17 au 20 septembre 2015)
— Fête d’hiver
— Fête des chants de marins
— Biennale de sculpture (la prochaine sera du 21 au 24 juillet 2016 – Un jumelage entre 7 artistes Inuits et 7 artistes de St-Jean-Port-Joli)
— Concerts d’été au parc Chanoine-Fleury
— Fleuve | Espace danse
Autres activités culturelles
— Village créatif
— Résidence d’artistes
— Musée de la mémoire vivante
Boire un verre
La Microbrasserie Ras L’Bock
Manger une poutine (spécialité québécoise fort roborative)
Café Bistro OK
Dormir
– La Belle époque
– L’Ermitage
Crédits photo : Jean-Sébastien Veilleux, Marie-Christine Biet, Pierre Nicolas