U.N.I, LE REGGAE BASQUE DE DAVID CAIROL

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Jeudi dernier, le musicien basque David Cairol a ouvert la grande scène du festival Rock’n Solex. L’occasion pour lui de jouer son deuxième et dernier album U.N.I et de retrouver ses potes de la scène reggae, le groupe Danakil. Rencontre avec un fidèle des chansons à texte qui a le statut de la liberté…

DAVID CAIROL

Vous venez d’ouvrir la grande scène de la 51ème édition de Rock’n Solex, c’était comment ?

David Cairol : Très intimiste. Avec mes musiciens, nous adorons venir en Bretagne, nous y avons déjà joué à plusieurs reprises. C’est une grande première à Rock’n Solex, nous avons été très bien accueilli par l’équipe du festival. Ça été l’occasion de retrouver nos potes de Danakil, que nous avons déjà croisé sur des festivals avant. Puis c’est marrant parce qu’il y a le saxophoniste qui joue avec Sinsemilia, nous avons déjà tourné avec eux et enregistré un album chez eux. C’est la petite famille du reggae qui se retrouve et c’est très cool.

Vous n’étiez pas seul sur scène, quels morceaux avez-vous joué ?

David Cairol : J’étais accompagné de mes musiciens, ils me suivent depuis presque 8 ans. C’est toujours un bonheur de travailler avec eux. Nous aimons partager ensemble et avec le public, et nous essayons de donner quelque chose de positif. Nous avons surtout joué des morceaux du dernier album, U.N.I. J’ai également fait une petite reprise d’un projet que je suis en train de développer en parallèle.

DAVID CAIROL

Il y a une atmosphère particulière durant un festival…

David Cairol : L’été c’est chouette. Il y a une ambiance et quelque chose de chaleureux qui se crée dans les festivals. Nous pouvons entendre des groupes et partager avec de nouvelles personnes. Quand nous faisons une date isolée c’est différent, et beaucoup plus concentré en terme d’émotions. C’est diffus, il y a moins de temps et nous sommes obligés de donner le meilleur de nous-mêmes en moins d’une heure. C’est aussi frustrant pour le public car il n’y a pas de rappel possible sur scène.

BOB MARLEY

Pour revenir à vos débuts, comment avez-vous découvert la musique ?

David Cairol : La musique est venue à moi en tant qu’auditeur. J’étais mélomane, depuis tout petit j’écoutais de la musique. Je ne savais pas que j’avais ça en moi, je chantais tout le temps. Mes parents n’étaient pas forcément musiciens, donc ils n’avaient pas vu ça en moi et ne pouvaient pas s’imaginer que ça pouvait devenir mon métier. Le déclic ça a été Bob Marley. Quand j’avais 14 ans, j’ai découvert son album Legend qui était le Best of, et j’ai eu mon premier coup foudre musical. J’étais rempli de frissons et c’est ça qui m’a donné l’envie de découvrir la musique reggae mais aussi d’écrire par moi-même. Il y avait un message dans cet album, à la fois par le son, la conscience et le message.

U.N.I, sorti en février 2017, est votre deuxième et dernier album, les genres s’entremêlent entre soul, hip-pop, reggae, pop, comment le présenteriez-vous ?

David Cairol : C’est vrai que j’ai plusieurs influences. Même si le reggae est le style qui m’a donné envie de faire de la musique, j’écoutais beaucoup de pop, rock, funk, soul, hip-hop et rap. Ma musique est une fusion de ces genres. U.N.I est un album sur le rapport à l’autre, et sur le regard que nous portons sur lui. Je pense que le monde d’aujourd’hui manque de compréhension. Pourtant la compréhension est la clé de beaucoup de choses, lorsque nous comprendrons les autres, et que nous nous mettrons à la place d’eux, notre manière d’agir sera différente. Je pars toujours d’un problème négatif et j’essaye d’amener quelque chose avec un peu d’espoir dedans. Je n’ai pas envie d’être moraliste dans mes chansons, mais juste de dire qu’il y a peut être une autre manière de regarder les choses.

Vous avez un attachement particulier aux chansons à texte, comment écrivez-vous ?

David Cairol : J’aime bien travailler avec des concepts. J’ai des morceaux qui sont étudiés aujourd’hui via TV5 Monde dans les alliances françaises. Je travaille beaucoup sur le champ lexical, il y a une chanson autour des lettres initiales, puis une autre autour des chiffres. Ce sont des chansons très particulières sur lesquelles je ficelle le texte avant la musique. Alors que pour d’autres morceaux, je vais essayer de mettre la mélodie avant et de poser des mots dessus, c’est la musique qui va m’influencer sur mes textes. En français, j’essaye de plus en plus de trouver des petites formules et des concepts qui font un peu réfléchir et donnent envie d’aller plus loin dans l’écoute.

DAVID CAIROL

Le morceau Crise en thème révèle aussi votre engagement…

David Cairol : L’engagement se situe dans une quête d’amour. À chaque instant de ma vie et dans la musique que je fais, quand je m’engage, c’est pour m’engager dans quelque chose de bon et de positif. Je ne suis pas engagé au sens politique du terme. Je m’engage pour les choses que je pense bonnes pour mon entourage, et pour l’humanité aussi quelque part. J’ai grandi avec un entourage qui avait une conscience des choses et du fonctionnement du monde. Quand nous le comprenons et que nous avons une critique autour de soi, nous avons envie de transmettre cet œil là et ne pas tomber dans le panneau. À travers ma musique, j’essaye d’alerter, d’une manière ou d’une autre, de notre regard sur la société.

Entre la sortie de votre premier album Initiales en 2013, et U.N.I votre deuxième album de 2017, quatre années se sont écoulées, qu’est-ce qui a changé musicalement et dans votre expérience ?

David Cairol : Beaucoup de choses ont changé. Ma manière de travailler a été pensée différemment. Sur le premier album, nous avions travaillé après la tournée avec Sinsemilia, avec Natty, le bassiste du groupe. Sur le deuxième album, c’est mon batteur et claviériste qui a arrangé les morceaux. De manière générale, j’avais des envies de modernité, de mettre plus de hip-hop dans ma musique, et de faire plus de recherches à la fois dans les textes et dans les concepts. U.N.I est un album concept, il veut dire deux choses : U.N.I signifie « toi et moi » prononcé en anglais, et les trois lettres rassemblées font UNI. Ce nom d’album est un équilibre entre le français et l’anglais, et essaye de rassembler au maximum. Les deux albums ont une suite logique car U.N.I est écrit en initiales, qui est le nom du premier album.

Le single de Loin de nos rives vient de sortir, pouvez-vous nous parler un peu du clip qui arrive bientôt ?

David Cairol : Le clip sort en juin. J’écris beaucoup et j’imagine les images que je peux mettre dessus. Le clip de Loin de nos rives évoque le moment où nous nous réveillons le matin et que nous nous rendormons, mais nous ne savons plus vraiment où se situe la réalité et le rêve. En février dernier, j’ai profité d’un voyage que je faisais en Indonésie pour aller tourner des images là-bas. J’en ai aussi profité pour surfer qui est mon plus gros loisir (rires). Nous avons tourné une partie là-bas et nous faisons la suite en France. C’est en quelque sorte la métaphore entre le rêve en Indonésie et la réalité en France. Le clip a été réalisé par Sébastien Delgado, qui a déjà fait Numéro et Camelia. J’aimerais bien en faire un dernier avant de clôturer cet album, sur le titre Nomade.

En mars dernier, vous avez sorti l’album Crazy Lazy, décliné en dix titres remixés, pourquoi ce choix ?

David Cairol : L’album Crazy Lazy est sorti en même temps que le clip, réalisé par Sylvain Chomet, réalisateur des Triplettes de Belleville. C’est une sorte de maxi EP avec une multitude de remix et de versions différentes. Je travaille beaucoup avec Layird, un beatmaker américain qui vit à Miami et j’apprécie ce qu’il fait. Il a remixé Numéro et Crazy Lazy. Nous avons aussi proposé à d’autres DJ’s de collaborer dans cet album.

Dans certains de vos clips, vous êtes accompagné d’enfants, vous organisez aussi des ateliers, le partage de votre univers et la transmission de votre travail est important à vos yeux ?

David Cairol : Complètement. C’est venu au fur et à mesure. La première fois que nous leur avons proposé de faire un atelier d’écriture, c’était il y a presque dix ans. Je me suis lancé là-dedans et j’ai adoré. En parallèle de ça, je crois sincèrement que la clé de notre avenir est dans l’éducation des jeunes, c’est les seuls que nous pouvons éduquer d’une manière positive, ils ont tout à apprendre. Nous avons ce devoir de bien s’occuper d’eux et de leur transmettre des valeurs importantes.

DAVID CAIROL

Un souvenir que vous retenez depuis vos débuts…

David Cairol : Le souvenir qui me vient immédiatement est ma rencontre avec The Wailers. J’avais fait une date avec eux et Danakil le même soir. C’était dingue, en plus ça se passait au Pays Basque, d’où je viens. J’avais fait un morceau avec les deux guitaristes de Bob Marley, ce n’est pas rien. J’avais chanté War en plus donc j’en garde un très bon souvenir. Depuis il y a eu plein de moments incroyables. L’année dernière, j’ai passé dix jours à Stafford pour une formation organisée chez Francis Cabrel. Et cet hiver je suis parti en Jamaïque où j’ai eu un coup de foudre littéral et c’est aussi pour ça que j’aime cette musique.

Site de David Cairol

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Timothy Gaignoux
Timothy Gaignoux est journaliste spécialisé en culture musicale.

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