Depuis 2020, l’association rennaise Printemps Bruyant mobilise autour de la transition écologique avec des collaborations, de l’accompagnement de projets et, depuis peu, une programmation. Le but de Zeynep Morali et Célia Penfornis, à l’initiative du projet : faire circuler la pensée écologique, fédérer, relier et tisser un lien social pour construire un bien commun. Rennes et Moncontour accueilleront les premiers épisodes de la série d’événements Aimons-nous vivants, programmée du jeudi 7 au samedi 9 septembre 2023.
Du jeudi 7 au samedi 9 septembre 2023, l’association Printemps Bruyant présente les trois premiers épisodes de sa série d’événements “Aimons-nous vivants”. Rencontres et échanges permettront d’entrevoir d’autres manières de penser l’écologie et le Vivant par l’intermédiaire d’invités de choix. Se concentrant sur un changement profond et intérieur de la pensée, l’événement est à l’image de l’association qui promeut depuis sa création une écologie sensible, basée sur la relation à soi et aux autres, humains et non humains.
L’association a été imaginée par Zeynep Morali et Célia Penfornis pendant le confinement de mars 2020. Toutes deux, issues du milieu culturel, étaient alors en pause professionnelle, à la recherche de sens et de valeurs dans leur travail. Comme beaucoup, l’épidémie du Coronavirus, indice révélateur de l’urgence à agir selon elles, leur a mis le pied à l’étrier. Célia Penformis introduit : « On a voulu partager et diffuser plus largement toutes les pensées qu’on trouvait inspirantes », celles des philosophes comme Dominique Bourg et André Gorz ou d’anciens lanceurs d’alerte. Parmi eux, la biologiste Rachel Carson leur a inspiré le nom de l’association, avec son ouvrage Printemps Silencieux (1962). « Elle a attiré l’attention sur le fait que les pesticides qui se répandaient aux États-Unis au début des années 60 allaient tuer les insectes et les oiseaux. » Printemps Bruyant naît sous forme associative au son d’une population qui reprend ses marques après une période d’enfermement, en septembre de la même année. Zeynep ajoute : « C’est un mot d’engagement et de lutte, il faut faire du bruit ».
Le duo souhaite dans un premier temps documenter et informer, notamment en développant un pôle de ressources et de reliance, un outil territorial qui traite des enjeux écologiques dans une approche transversale afin de toucher tout le milieu culturel. Une newsletter est aussi envoyée tous les deux mois avec podcasts et articles. Un site sera prochainement mis en ligne dans le but de montrer au plus grand nombre ses nouvelles formes de pensée. Derrière l’idée de faire circuler la pensée se cache celle de fédérer et de tisser du lien social. « Tout le monde a la tête dans le guidon et les gens ne se connectent pas entre eux. On voulait activer toutes ces initiatives pour qu’il y ait plus de visibilité, de lecture et de collaboration. » Car, plus que tout, l’humain est au cœur de Printemps Bruyant. L’association s’adresse autant aux collectivités qu’aux collectifs et particuliers. « Il y a aussi l’idée de remettre du politique dedans. Si on veut que ça change, tout le monde est concerné », soutient Célia.
Au discours anxiogène bien connu de l’écologie, Célia et Zeynep préfèrent l’expérience sensible et réjouissante dans le but d’enclencher « un changement profond, quasi philosophique », dans sa relation à soi et aux autres, humains et non humains. En somme, sortir de l’individualisme et réfléchir ensemble pour construire un bien commun. « Ces trois niveaux remettent toutes les formes de dominations en cause. » Ainsi, le duo se concentre sur l’aspect social et symbolique de l’écologie et a choisi comme fil conducteur la culture et les arts. « La culture influence nos manières de penser, d’agir et de rêver », affirme Célia. Zeynep complète : « Si la culture ne montre pas de voies, quel secteur le fera ? La culture est l’outil qui permet une projection vers des imaginaires ou des futurs possibles ». L’association souhaite remettre au cœur du sujet les personnes et les artistes dont le Vivant est la source d’inspiration. Citons le musicien britannique de musiques électroniques Cosmo Sheldrake qui a sorti, au moment de la création de Printemps Bruyant, un album composé à partir de chants d’oiseaux.
Toutes leurs activités – collaborations (Trans Musicales, le Musée des Beaux Arts, Le centre culturel Pôle Sud, les Ateliers du Vent, etc.), développements et accompagnements de projets et résidences d’artistes – permettent de mettre en lien des artistes pluridisciplinaires qui ne se croisent pas sur le territoire, « toujours dans l’idée d’être dans les interstices, là où les liens ne se font pas ». Inspirées par la capacité d’agir, le binôme souhaite s’adresser autant aux collectivités qu’aux collectifs et aux particuliers, pour que tous soient sur un même pied d’égalité. Selon Célia, « il y a l’espace à Rennes et en Bretagne pour cette proposition. Il y a plein d’initiatives à relier, mais tout le monde manque de temps pour le faire ».
Après avoir posé les bases de l’association, l’année 2023/2024 s’ouvre sur une nouveauté puisqu’elle proposera désormais une petite programmation. Cette dernière commencera dès ce jeudi 7 septembre avec « Aimons-nous vivants », des temps de rencontres sous la forme d’une série qui se déclinera en épisodes. Le premier se concentrera sur le fanzine Cui-cui, objet graphique et poétique qui s’intéresse à la faune et la flore qui nous entourent. La soirée se clôturera avec un concert de Julie Sellier. « Elle interprétera à la fois des textes du fanzine et des morceaux de son album ECLIPSE, qui prend sa source dans les écrits et pensées de poètes environnementalistes. »
Vendredi, direction Moncontour à la librairie L’Abri des temps. Seront reçus Marin Schaffner des éditions Wildproject, maison qui a publié la traduction de Printemps Silencieux, et Agnès Sinaï, la journaliste environnementale. Également auteure et directrice de l’Institut Momentum, elle partagera le micro avec l’éditeur pour échanger autour de l’écologie et du concept de “biorégionalisme”. « Les éditions Wild Project publient depuis une quinzaine d’années des pensées de l’écologie, contemporaines et anciennes », précise Célia. Zeynep ajoute : « On est bloqués dans un modèle et elles offrent une vision globale sur le sujet ».
Samedi 9, retour aux Ateliers du Vent à Rennes. Les éditions Wild Project et Agnès Sinaï seront cette fois accompagnées d’autres artistes et chercheurs et aborderont les mêmes thématiques que la veille.
Malgré le soutien financier de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole et de la DRAC Bretagne sur cet événement (dans le cadre de “l’été culturel”), Printemps Bruyant ne peut ouvrir de postes. L’association compte actuellement une quarantaine d’adhérents et évolue au gré des rencontres. Elle ne manque néanmoins pas d’idées. Puisqu’elle envisage d’expérimenter l’extérieur de la ville, les espaces naturels sensibles et protégés et, surtout, avec les habitants. Les deux acolytes sont à l’image de ce qu’elles souhaitent pour Printemps Bruyant, des personnes inspirantes qui motivent au changement. « Il y a une envie de réinventer des choses collectivement, ça donne la force de continuer », pour que les printemps futurs ne soient jamais silencieux.
Événement facebook Aimons-nous Vivants, épisode 1
Événement facebook Aimons-nous Vivants, épisode 2
Événement facebook Aimons-nous Vivants, épisode 3
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