Rennes. Quatre artistes invités à la biennale littéraire de la Maison de la Poésie samedi 14 juin 2025

2648
Carrément #3La maison de la poésie Rennes

Après deux semaines de résidence à la Maison de la Poésie, les quatre artistes invités présenteront leur travail pendant Carrément #3, biennale littéraire qui célèbre la diversité des formes créatives contemporaines. Cette journée met en lumière des artistes aux pratiques variées, chacun invité à concevoir une œuvre littéraire originale, à la fois hybride et expérimentale.

Les artistes invités de cette édition

Antoine Giard : Entre design graphique et programmation

Antoine, graphiste et imprimeur, a profité de sa résidence pour se lancer dans une exploration de la programmation en tant qu’outil de création visuelle. Son projet, intitulé The Magical Margin Book, bouscule les codes traditionnels du livre en intégrant des éléments de code informatique dans son processus de création. Comme il le décrit : « C’est un livre où il n’y a pas de texte, en fait tout le texte que je génère sert à créer du code invisible qui produit des images. C’est un livre magique des marges, un petit grimoire coloré ».

La résidence lui a permis de prendre du temps pour la recherche et de tester des outils qu’il n’avait pas l’habitude d’utiliser. Il souligne l’importance de l’espace de liberté créatif offert par la Maison de la Poésie : « Le dispositif est super libre… Il y a deux semaines de résidence à la Maison de la Poésie, et ça sert de lancement au travail. Ça me permet de prendre le temps de la recherche, sans objectif très précis.»

Avec ce projet, Antoine propose une réflexion sur la relation entre texte et image, tout en explorant les possibilités infinies offertes par le numérique dans la création visuelle.

Jo.hana Blanc : De l’écriture militante à l’écriture collective

Au cours de sa résidence, Jo, artiste et militant, a développé un projet littéraire ancré dans son engagement. « J’ai mené des entretiens avec plusieurs personnes militantes et membres d’un collectif où je milite également, un collectif de solidarité avec la Palestine. J’ai posé des questions sur la manière dont ça a influé sur leur vie, ce que ça faisait dans leur quotidien de militer, de tenir cette colère, de vivre aussi ce clivage qui est très grand, quand on observe un génocide, comment on vit le fait que nos gouvernements ne réagissent pas, qu’une grande partie de la société civile soit opposée à ce qu’on dit ».

L’objectif de Jo est de retranscrire ces voix militantes tout en explorant la manière dont elles s’entrelacent pour former un récit collectif. « Dans le texte, je pense qu’on pourra différencier le fait qu’il y a plusieurs voix, mais j’ai envie de les rassembler pour que ce soit quand même un seul texte, et que tout le texte soit écrit à la première personne. C’est comme une première personne multiple ». Cette approche permet de donner à chaque témoignage une place importante tout en construisant une narration commune.

Parallèlement, Jo a écrit un texte plus personnel, qui adopte une approche poétique pour interroger les notions d’humanisme, de colère et de peur, des sentiments qui traversent ses camarades et lui-même face à l’injustice. « Il y a un texte que moi j’ai écrit qui raconte peut-être de manière un peu plus poétique ce que le militantisme fait dans nos vies en termes de rapport à la colère, à la peur »

Raphaël Bastide : Quand le code devient performance

Raphaël Bastide, artiste, codeur et enseignant, se distingue par son travail à l’intersection de la technologie et de l’art. Il décrit ainsi son projet : « C’est un mélange entre performance musicale, textuelle et algorithmique. Je vais faire jouer un programme que j’ai écrit, où le texte devient une sorte de programme informatique qui parle de code et de ses implications humaines ».

Dans cette performance, Raphaël s’intéresse à la manière dont le code peut être à la fois un outil artistique et une critique des systèmes technologiques qui régissent nos vies. Il ajoute : « Ce texte critique met en lumière l’importance des petits programmes faits par des gens dans leur coin, loin des gros systèmes comme ceux de Google, Meta et autres, qui sont invisibles et souvent toxiques ». Ainsi, par l’intermédiaire de sa performance, il questionne l’impact des technologies sur notre quotidien et la place de l’humain dans le monde numérique.

Carrement residency – Raphaël Bastide

Izypt

La Maison de la Poésie décrit Izypt comme une artiste aux pratiques multiples. Imprimeuse, éditrice, et micro-éditeurice, Izypt distribue ses œuvres à travers des supports aussi variés que le papier fluorescent, les vêtements, ou les SMS. Depuis 2017, elle mène des interventions tutorielles avec Enora Tuauden Bource, tout en cherchant et militant pour de nouvelles formes d’expression. Polyvalente et engagé, Izypt vit et travaille à Caen.

Une restitution publique unique

Samedi 14 juin 2025, la Maison de la Poésie de Rennes sera le lieu d’une restitution publique pleine de surprises et de découvertes. Un moment rare où vous pourrez non seulement repartir avec une œuvre physique, qu’il s’agisse d’un livre, d’un fanzine ou d’un objet, mais aussi avec un échange enrichissant sur le processus créatif. Ce moment convivial met en avant des formes artistiques souvent marginales, mais toujours puissamment expressives.

Dès 14h, la buvette sera ouverte avec des boissons à prix modique (2€ pour un soft ou une bière, consigne incluse), et une quinzaine de microéditeurs rennais proposeront leurs créations dans le jardin. Des maisons d’édition comme Animal Debout, Atelier Bonjoure, La liebre dorada, et Les Ramettes seront de la partie pour faire découvrir des fanzines, livres, et objets imprimés en édition limitée.

  • 17h : Antoine Giard
  • 17h30 : Raphaël Bastide
  • 18h : izypt
  • 18h30 : Jo.hana Blanc

De 19h à 21h, des pizzas seront disponibles sur place, préparées par Diane Rabreau, avec un prix libre. Puis, à partir de 21h, la soirée prendra une tournure festive et créative avec l’Open Mike Brant, un karaoké poétique semi-improvisé animé par un collectif de créateurs. Un espace ouvert à l’expression, où chacun pourra chanter ses propres textes, écrits pendant l’après-midi.