Le festival Les Embellies est de retour à Rennes du 4 au 6 mai 2023. Point d’orgue dans la saison de l’association Patchrock – à la fois organisatrice de concerts, productrice de spectacles musicaux et label – c’est l’occasion pour elle de présenter ses activités au public. Entre le théâtre du Vieux Saint-Étienne, la salle de la Cité et le Jeu de Paume, ce sont trois jours dédiés à la création et l’émergence musicale qui fleurissent au printemps.
Comme à son habitude, le printemps rennais bourgeonne de propositions culturelles qui réveillent la ville d’un trop long hiver. Parmi ces rendez-vous, le festival Les Embellies a pris place dans le paysage musical depuis 2006 et fête du 4 au 6 mai 2023 ses retrouvailles annuels avec le public. Rencontre avec Stéphanie Cadeau, directrice du festival et cofondatrice de l’association qui le porte.
À l’origine des Embellies, on trouve l’association Patchrock, créée en 1996 par quatre étudiantes passionnées de chanson française. « À l’époque, le style ne trouvait pas forcément sa place à Rennes et se jouait surtout dans les bars », rappelle Stéphanie Cadeau. « Des groupes comme les Têtes raides, dont on était hyper fans, jouaient aux Tontons flingueurs ou au Sablier. On a créé cette asso parce qu’on voulait voir à Rennes, dans les salles, les groupes qu’on aimait », poursuit-elle. Et si l’initiative a suscité à l’origine quelques moqueries dans le milieu culturel rennais, pour son créneau musical ou parce qu’elle était portée par de jeunes femmes manquant encore d’expérience, elle s’est vite vue couronnée de succès. « Dès le premier concert à l’Ubu, on a cartonné, ce qui montrait qu’il y avait un public pour cette scène et que les bars étaient devenus trop petits ».
En 1998, Patchrock organise son premier festival, Bar’baries. Une trentaine d’artistes francophones défilent dans quinze cafés-concerts rennais. Assez vite, l’association s’ouvre à la chanson internationale et évolue dans son fonctionnement, se professionnalise. Elle passe alors des bars aux salles de concert, se concentrant sur l’Ubu, l’Antipode et la salle de la Cité, s’offrant occasionnellement le Liberté pour des groupes comme Les Ogres de Barback ou Mano Solo. « On a programmé tout ce qui est Thomas Fersen, Brigitte Fontaine, Lhasa. Avec des concerts qui étaient complets trois semaines avant, ce qu’on ne voit plus aujourd’hui. C’étaient de super belles années, on en a profité pour apprendre le métier, et 25 ans après on est toujours là », raconte Stéphanie Cadeau.
En 2006, l’association amorce un virage artistique en lançant la première édition des Embellies. La ligne musicale s’ouvre à la pop, la folk et le rock alternatif, tout en gardant une oreille attentive à la voix et au texte. Patchrock a su aussi diversifier ses activités dans l’industrie musicale, afin d’accompagner au mieux les artistes et groupes qu’elle soutient. « L’asso est née au départ pour organiser des concerts. À mesure qu’on rencontrait des artistes et d’autres acteurs du métier, on s’est mis à la tournée. En découvrant la tournée, on a vu qu’il fallait d’abord une phase de création, donc on s’est mis à l’accompagnement. Nos artistes n’avaient pas de label, on s’est mis à la production de disques. Ensuite, on a rencontré les décorateurs de Grand Géant, et on a lancé un volet scénographie qui peut accompagner parfois nos événements ou nos créations », explique Stéphanie Cadeau.
Au tournant des années 2010, en même temps que l’accompagnement artistique se renforce, Patchrock délaisse peu à peu les grands concerts avec des jauges importantes, à 1000 ou 1500 places, pour se concentrer sur des formats plus intimistes de 200 à 300, plus adaptés à leurs propositions artistiques. « En 2009, on a perdu énormément d’argent sur un concert », se remémore Stéphanie Cadeau. « D’où une remise en question : est-ce qu’on voulait encore grossir ou rester sur de petites jauges ? C’est aussi l’époque où les cachets d’artistes ont explosé. On a voulu en finir avec les grosses boîtes de prod’ et leurs façons de faire, leurs listes de demandes interminables. En fait, ça nous amuse beaucoup plus de bosser avec des artistes qui nous motivent. »
L’association a aussi tendu une nouvelle corde à son arc, l’action culturelle. « Pendant cinq ans, on a mené des projets à l’année avec l’école Moulin du comte, avec un temps de restitution pendant le festival : une chorale rock avec Laetitia Sheriff et Tonio Marinescu, une chorale pop avec Bumpkin Island, un atelier argentique avec nos scénographes de Vitrine en cours, etc. », détaille Stéphanie Cadeau. Si cette activité s’est considérablement réduite par manque de financement, elle reste toujours présente, et cette année encore des enfants des écoles de Rennes viendront assister aux répétitions ou participer au fonctionnement du festival. « On a toujours la tête dans le guidon quand on bosse. Surtout au bout de 25 ans, où on fait les choses par réflexe », commente Stéphanie Cadeau. « Alors quand les enfants nous arrêtent pour nous poser des questions, ça nous fait prendre du recul sur ce qu’on fait, sur les raisons qui nous ont poussés à faire ce métier et à l’aimer ».
Aujourd’hui, Patchrock emploie trois personnes salariées permanentes et jusqu’à 90 intermittents par an : des techniciens évidemment, mais aussi des musiciens en création et des décorateurs. Le festival Les Embellies est le point d’orgue des activités de l’asso, l’occasion de les présenter au public.
Programmation 2023
Jeudi 4 mai – salle du Jeu de Paume
Rencontres professionnelles, « Place des artistes » (programmation détaillée à venir).
Jeudi 4 mai ET vendredi 5 mai – théâtre du Vieux Saint-Étienne
Suuij
Piers Faccini, concert acoustique (avec Malik Ziad aux guembri et mandole et Maeva Le Berre au violoncelle)
Samedi 6 mai – salle de la Cité
Clair
Astrid Rad
Peter Kernel
La suite de la programmation très bientôt, en partenariat avec le collectif Culture Bar Bars.
