La création Fantasie minor du chorégraphe portugais Marco Silva Ferreira sera présenté à Rennes, au Triangle – cité de la danse, dimanche 29 janvier 2023. Dans le cadre du festival Waterproof, elle constituera le premier volet d’une soirée en deux parties. Façonnés aux danses urbaines, les interprètes Chloé Robidoux et Anka Postic se meuvent en contradiction avec la musique de Franz Schubert, Fantaisie en fa mineur. Marco Silva Ferreira s’émancipe des mouvements codifiés de la danse pour produire des chorégraphies innovantes et fantaisistes.
Avec sa création Fantasie minor, Marco Silva Ferreira s’intègre parfaitement dans l’esprit du festival Waterproof. Placé sous le signe du croisement des cultures, des arts et des époques, il n’est pas étonnant que le chorégraphe figure au programme. À mi-chemin entre la streetdance, le contemporain, le classique et autres influences, Marco Silva Ferreira construit une danse qui ne ressemble à aucune autre et brise le carcan des genres chorégraphiques. Mis en musique sur une œuvre tirée du répertoire classique du XIXe, Fantaisie en fa mineur de Franz Schubert (1828), le spectacle du chorégraphe s’amuse à faire dialoguer deux temporalités.
Le style chorégraphique de Marco Silva Ferreira est aussi atypique que son parcours personnel. D’abord nageur professionnel et diplômé en physiothérapie, la danse ne fait que tardivement irruption dans sa vie, vers ses 17 ans. Et ce n’est qu’à 22 ans qu’il se professionnalise dans ce domaine. Son approche de la danse se nourrit d’un vocabulaire chorégraphique plutôt urbain. « Mon premier rapport à la danse s’est fait à travers la street dance : le hip hop, le popping, la house dance, la break dance, le freestyle, la club dance », déclare le chorégraphe. Malgré cette première approche très ciblée, il ne se ferme aucune porte, « encore aujourd’hui, mon style n’est pas figé et je me laisse la possibilité de le laisser évoluer ».
Cette volonté se traduit à travers les différentes collaborations qu’il entreprend avec d’autres compagnies. En 2022, il cocrée le spectacle Form Inform avec la compagnie sud-africaine Via Katlehong. Avec elle il s’initie à la danse pantsula, un style de danse mêlant acrobatie et rythme énergique inspiré du tap dance, qui émerge dans les années 70, en Afrique du Sud, au moment de l’apartheid donc dans un contexte de revendications sociales. Même si elle n’est pas clairement définie, l’identité chorégraphique de Marco Silva Ferreira est, pour sûr, hétérogène et défie les normes stylistiques. Cette prise d’indépendance, il la revendique aussi dans les thématiques engagées qu’il choisit. « J’essaie de créer des manières de bouger qui ont du sens à la fois pour moi et pour l’équipe avec qui je travaille ». Avec la création en 2019 de Bisonte, le chorégraphe questionne les représentations de genre et la manière dont elles se traduisent dans nos sociétés.
Concernant Fantasie minor, Marco Silva Ferreira ne cherche pas tant à défendre une idée qu’à explorer sa vision de la danse à travers la relation des deux interprètes. Une approche à la fois introspective et expérimentale. « Je trouve la relation entre les deux danseurs très puissante. Ils dansent ensemble depuis leur enfance et ont développé une relation presque fraternelle. Ils sont à la fois joyeux, joueurs et innovants dans les mouvements qu’ils explorent et expriment d’une façon très personnelle », témoigne le chorégraphe. Le choix de la musique, dont la partition se joue à quatre mains, fait écho à la création dansée qui s’effectue à quatre pieds. Il s’agit aussi du dernier morceau composé par Franz Schubert, ainsi « le contraste entre la danse contemporaine urbaine et la musique classique place la pièce à un niveau plus abstrait, ce qui m’offre l’opportunité d’étirer le temps, de jouer avec les émotions des jeunes danseurs et des plus âgés qui effectuent une dernière danse ensemble tout en restituant les souvenirs du voyage de leur vie ».
Chloé Robidoux et Anka Postic expriment dans un style brut de décoffrage et une attitude proche de la nonchalance une chorégraphie synchronisée au rythme pulsé. À leur manière de se mouvoir ils imaginent une nouvelle esthétique des corps. Leur chorégraphie est « tout-terrain ». Autrement dit, elle peut se danser partout, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Une danse du futur que souligne le choix des costumes, blanc et noir, très épurés. Il semblerait que le contraste soit le mot d’ordre de ce spectacle !
Fantasie minor (30 min), Marco Silva Ferreira, Collection tout-terrain du CCN de Caen en Normandie et Landing (30 min), Abderzak Houmi, Cie X-Press, dimanche 29 janvier au Triangle, 15 h (1h15).
Boulevard de Yougoslavie, Rennes.
Tarifs : tarif unique 12 € / Waterpass 8€ / SORTIR ! 4 €, 2€ enfant
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