Jusqu’au 31 juillet, le féminisme radical s’expose au Jardin moderne. L’exposition « Desde Buenos Aires, Contra Ataque Femininja Mutante » est composée de photographies, dessins, textes qui viennent appuyer les revendications des différents artistes exposés, avec force, humour et rage. Une façon de découvrir une autre forme de féminisme militant, plus radical que celui auquel nous sommes confrontés en France.
Mercredi 28 juin, le Jardin Moderne accueillait le vernissage de l’exposition « Desde Buenos Aires, Contra Ataque Femininja Mutante ». Les œuvres traitent avec dérision des différents combats que doit mener la communauté LGBTQ+ en Argentine (communauté non hétérosexuelle/cisgenre). C’est un féminisme radical qui est mis en scène à la marge d’un militantisme mainstream. On y dénonce une société hétéropatriarcale, caricaturée parfois. Les textes accompagnants les œuvres dénoncent une réalité violente pour les personnes LGBTQ et proposent une posture d’empowerment pour celles-ci.
L’occasion de revenir sur d’autres mouvances de féminisme radical, comme celui des Riot Grrrl. Manon Labry, auteure de l’ouvrage « Riot Grrrls : Chronique d’une révolution punk féministe » reviendra au cours de la soirée sur son travail de recherche sur le sujet. Elle explique comment le mouvement est né aux États-Unis au début des années 90, d’une prise de conscience par des jeunes femmes issus de milieux alternatifs quant aux discriminations qu’elles subissaient. « Le personnel est politique ». En découvrant que leur ressenti était celui de beaucoup d’autres femmes dans le milieu underground, elles se sont regroupées en collectifs féministes. Manon Labry développe dans son livre le cheminement de ces femmes, du militantisme vers la musique, dans une démarche autogérée, très DIY (do it yourself).
On aperçoit aussi sur les murs des photos. Celles-ci ont été prises par Sarah, aka Violencia Tropical, à l’origine du projet d’exposition. Contactée par le Jardin Moderne pour mettre en place ce rendez-vous culturel, elle décide de donner de la visibilité aux artistes qu’elle a pu rencontrer lors de son séjour en Argentine. Elle y découvre le travail militant des collectifs lesbo-trans féministes, dont l’activisme radical la marquera particulièrement. Ce qui l’impressionne, c’est la stature des militantes à l’encontre de la position de victime ainsi que l’organisation. En effet, c’est l’autogestion qui est valorisée. Sarah continue d’ailleurs le combat, même en France. En effet, avec l’exposition et la vente de fanzine durant le vernissage, elle espère récolter des fonds qu’elle pourra renvoyer en Argentine pour soutenir les différentes actions.
Si la réalité militante en Argentine est différente, celle des violences de genre l’est aussi. Près de toutes les 18h, un féminicide a lieu. Et pourtant, le fait de se défendre reste réprimé. Higui en a fait les frais. Cette jeune lesbienne argentine a été agressée et s’est retrouvée emprisonnée pour avoir tenté de se défendre, pendant que ses agresseurs sont encore en liberté.
Pour conclure la soirée, un concert du riot grrrl band rennais Nanda Devi. Un son nerveux, des paroles piquantes et engagées : le groupe défend les valeurs revendiquées la mouvance Riot Grrrl dans leurs chansons. Le public du vernissage y fut réceptif.
Exposition collective sur le féminisme radical autonome à Buenos Aires au Jardin Moderne jusqu’au 31 juillet, 11, rue du Manoir de Servigné à Rennes (zone industrielle de Lorient).
Des artistes réunies autour d’amitiés politiques, furieuses et enragées.
Gratuit