Cocorico ! Même mort, Ricco a gagné. Ce coq isérois à la voix vigoureuse – trop au goût de sa voisine – aura chanté jusqu’à son dernier souffle… ou presque. L’animal, jadis accusé de tapage matinal au hameau de Boussieu (commune de Nivolas-Vermelle en Isère), est désormais entré dans la légende campagnarde. Dernier rebondissement : la justice vient de condamner la voisine plaignante à verser 3 500 € au couple de propriétaires du volatile. Moralité ? À trop vouloir faire taire un coq, on se prend les ergots dans le tapis.
Une querelle de voisinage qui tourne au vaudeville judiciaire
Tout commence comme dans un téléfilm d’après-midi sur TF1. En 2021, une nouvelle habitante s’installe dans le village et découvre, ô malheur, que les campagnes abritent des… animaux. Parmi eux, Ricco, coq au timbre altier, à l’horaire précis, au chant obstinément naturel. Elle attaque donc ses voisins Alexia et Franck Charreton en justice, exigeant 4 500 €de dommages et intérêts pour nuisances sonores. Le tribunal de Bourgoin-Jallieu, probablement plus amateur de gallinacés que de querelles mesquines, a récemment tranché : non seulement Ricco avait le droit de chanter, mais les plaignants ont droit, eux, à un petit dédommagement.
2 000 € pour le préjudice moral + 1 500 € pour les frais d’avocat = une belle omelette
Finalement, la plaignante devra s’acquitter de 3 500 €, un montant équivalent au prix de plusieurs centaines de douzaines d’œufs frais. Une somme qui vient panser les plaies morales du couple, harcelé pendant des mois pour un simple cocorico du matin. Car il ne faut pas s’y tromper : au-delà du cas Ricco, c’est bien la place du vivant en milieu rural qui était en jeu. Et ça, la justice l’a entendu. Ou plutôt : elle ne s’est pas bouché les oreilles.
Ricco, tué par un renard… mais ressuscité par la justice
Twist tragique : le héros de cette épopée judiciaire n’a pas entendu le verdict. Ricco a été dévoré par un renard quelques jours avant la décision du tribunal. Cruelle ironie de la chaîne alimentaire. Mais pas de panique : Alexia et Franck songent déjà à accueillir un successeur. Pas tant pour les œufs – Ricco était un mâle, tout de même – que pour garder leurs poules. Et peut-être, qui sait, pour cultiver un nouveau mythe sonore.
Quand le coq devient patrimoine
Depuis 2021, le chant du coq est reconnu patrimoine sensoriel de la France rurale, aux côtés du meuglement des vaches et des cloches des églises. Autant dire que les râleurs de la dernière heure sont désormais priés de faire preuve de zénitude ou de choisir un appartement insonorisé. À ce titre, l’affaire Ricco s’inscrit dans une tradition de résistance sonore : souvenez-vous de Maurice, le coq charentais, défendu bec et ongles par ses maîtres et devenu mascotte nationale.
Moralité ?
Ne vous attaquez pas aux coqs. Ils sont têtus, bruyants, parfois un brin prétentieux, mais profondément enracinés dans l’âme paysanne. Et, surtout, ils ont de très bonnes défenses…
