Le mois de juillet 2012 a vu le décès d’un des plus grands designers automobile de tous les temps, Sergio Pininfarina. Né en 1926 à Turin, il fut aussi bien designer, homme politique, homme d’affaires. Patron de la société de carrosserie homonyme, il aura connu la gloire, mais sa société ne lui survivra peut-être pas. Retour sur une carrière remarquable.
Fils de Gian-Baptista « Pinin » Farina, Sergio Farina, hérite de la société de carrosserie de son père au sortir de la 2de guerre mondiale. La société devient d’ailleurs « Pininfarina » en 1961. Entre temps, la marque s’est fait connaître par ses réalisations sur Cisitalia et surtout Ferrari dès 1952. Ce partenariat fera sa gloire avec des bijoux comme la Ferrari 275, mélange de puissance et d’élégance, la Dino, équilibrée et intemporelle, la 365 Daytona et son immense capot puis plus récemment la mythique Testarossa, la bestiale F40 ou la si efficace 458 Italia. Chacun de ces modèles a inspiré des générations de designers par leur équilibre, leur fluidité et leurs innovations (prise d’air Naca de la F40, ouïes latérales de la Testarossa, Nez F1 de l’Enzo…). Car le design de Pininfarina a intégré aussi les contraintes aérodynamiques propres aux supercars, l’entreprise étant dotée d’une soufflerie.
En parallèle, la Carozzeria travaille aussi avec Peugeot dès 1951, partenariat qui donnera, entre autres, naissance à 3 modèles mythiques : Peugeot 403 Coupé et Cabriolet, Peugeot 504 Coupé et Cabriolet et enfin la Peugeot 406 Coupé. Mais les plus critiques regretteront que la qualité de fabrication ne soit pas à la hauteur de la robe, mal endémique de l’entreprise italienne, quelque soit la marque.
C’est qui plombera la réputation de la griffe auprès des grandes marques avec des réalisations stylistiquement intéressantes pour Lancia ou Cadillac mais à la qualité perfectible : Cadillac Allanté, Lancia Gamma coupé. On oublie parfois que l’Alfa Romeo 164 fut sauvée par sa ligne, que la Jaguar XJ6 de 78 lui doit beaucoup ou encore que la MGB GT est aussi une oeuvre de l’italien. Mais il ne les a pas fabriqués. On oubliera volontiers l’Audi Quartz de 1981 ou encore la X de 1960.
L’entreprise Pininfarina a collaboré avec des marques aussi diverses que Morris, MG, Hyundai, Maserati, Tata, Brillance, Alfa Roméo, Jaguar… Aucun carrossier ne peut se prévaloir d’une carte de visite aussi mondiale. La griffe aura été appliquée tant dans le haut de gamme que sur des modèles populaires. En 2008, on retrouvera le nom de Pininfarina accolé à Bolloré pour la tristement célèbre Bluecar, dont le dessin Pininfarina n’a finalement pas été retenu, l’entreprise venant au secours du groupe français pour l’ingénierie et la fabrication.
En dehors de la dernière Ferrari, la société de Sergio Pininfarina n’a pas marqué la dernière décennie comme dans la période 50-70 ou même dans son retour à grâce des années 90. À 85 ans, après une période de semi-retraite, le vieux patriarche du design s’en est allé et laisse derrière lui un mythe. À l’heure où les grands carrossiers italiens disparaissent ou sont intégrés à de grands groupes, il était le dernier des géants de cet art.