Shrinking. Brillamment écrite et interprétée, une série qui fait du bien

La série Shrinking fait un bien fou. Créée par Bill Lawrence (Scrubs), Jason Segel (How I Met Your Mother) et Brett Goldstein (Ted Lasso), sa première saison a été diffusée sur Apple TV+ entre le 27 janvier 2023 et le 24 mars. Dix épisodes d’une série « feel good », emmenée par un casting impeccable – Jason Segel et Harrison Ford en tête. Elle met en scène une communauté de personnages, familles, amis, voisins, collègues, qui vont apprendre à dépasser ensemble leur deuil et leurs traumatismes. Drôle, brillante et touchante. 

Jimmy est dans un état lamentable. Depuis le décès de sa femme, il sombre dans un quotidien d’excès, de nuits blanches alcoolisées et de substances psychotropes. Au passage, il délaisse complètement sa fille Alice, qui trouve un refuge familial chez les voisins, Liz et Derek. Un comble pour un psychothérapeute ! Et son rythme de vie finit aussi par affecter son métier. Pas facile, quand on est encore saoul de la veille, d’écouter avec patience les rengaines de ses patients toutes et tous bloqués dans leur vie par des névroses personnelles. 

Alors, Jimmy craque. Il abandonne son devoir de réserve et commence à asséner vérités frontales et ultimatums, malgré les avertissements de ses collègues et amis, Paul et Gaby. Il se lie alors d’amitié avec un nouveau patient, Sean, jeune homme de 21 ans, vétéran traumatisé par son temps de service militaire et souffrant d’accès de violence. Les deux hommes entament un cheminement, individuel et commun, vers une reconstruction de soi, qui les conduit à s’ouvrir à nouveau aux autres.

Shrinking se distingue par une écriture soignée des personnages : ils sont hauts en couleur et portés par un casting impeccable. C’est un grand plaisir de retrouver Jason Segel, immortalisé par son rôle de Marshall dans How I Met Your Mother. D’autant plus que son personnage de Jimmy, même s’il est rendu grave et déprimé par le décès de sa femme, partage certains traits de personnalités avec son précédent rôle. Grand nounours, son naturel blagueur surgit dans ses échanges avec les autres personnages, jusque dans les prises de bec. C’est en somme un Marshall 15 ans après, si Lily avait disparu.

Jimmy est le protagoniste central, mais Shrinking est avant tout une série chorale, dans laquelle les personnages se révèlent peu à peu pour former, à terme, une communauté. Harrison Ford, dont c’est seulement le deuxième rôle récurrent dans une série télévisée, campe un formidable grincheux au grand cœur, Paul. Patron et mentor de Jimmy, c’est un psy brillant qui cache sa sollicitude et ses excentricités sous des dehors renfermés et des répliques lapidaires. La troisième collègue psy, Gaby (Jessica Williams), est quant à elle un véritable rayon de soleil, une femme forte, intelligente, drôle et autoproclamée magnifique.

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La galerie de personnages s’allonge encore avec Sean (Luke Tennie), vétéran violent et bougon qui va progressivement se dérider, le couple de voisins de Jimmy, Liz (Christa Miller-Lawrence), caricature de la « nosy neighbor » (littéralement la voisine curieuse) et son mari, l’apparemment apathique Derek (Ted McGinley), Brian (Michael Urie), le meilleur ami de Jimmy aussi insolent qu’attachant, et évidemment Alice (Lukita Maxwell), la fille de Jimmy, sujet de toutes les préoccupations. Apparaissent également ponctuellement les patients de Jimmy dont les pathologies vont faire l’objet de ses expérimentations thérapeutiques.

Celles-ci restent toutefois en arrière-plan. On aurait pu imaginer qu’elles seraient au centre des arcs narratifs de la série, comme un manifeste pour une nouvelle psychothérapie. Mais non. Elles sont l’élément déclencheur d’un récit qui porte en fait, comme bien des comédies aujourd’hui, sur le tissage progressif de liens entre les personnages. Elles conduisent Jimmy à se lier d’amitié avec Sean, grâce à qui il renoue avec son meilleur ami Brian. L’accompagner dans son processus personnel va aussi le pousser à travailler sur soi et à reconquérir l’amour de sa fille qu’il avait délaissée. Au fil des épisodes, les personnages se révèlent peu à peu et se lient d’amitié. Liz, l’emmerdeuse, est en fait beaucoup plus drôle et amicale qu’elle n’y paraît. Son mari s’avère aussi un chouette type, la main sur le cœur. Chaque visage prend finalement sa place dans le puzzle d’une communauté affective à laquelle s’intègre le spectateur à mesure qu’elle se compose.

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Et ce sont précisément ces liens qui aident chacun des personnages à surmonter ses traumatismes. Le principal d’entre eux est évidemment le deuil de Jimmy et d’Alice, qui se rouvrent progressivement à la vie. Mais tous les personnages ont en fait leur propre traumatisme, plus ou moins grave, à dépasser. Sean présente des troubles du stress post-traumatique qui se traduisent par des accès de violence. Paul, souffrant d’une maladie de Parkinson, doit l’avouer à sa fille avec qui il a très peu de liens. Gaby divorce d’un toxicomane dont elle s’est toujours sentie responsable. Liz, mère au foyer, est bien désœuvrée depuis le départ de ses enfants. Même Brian, dont le mantra est « Everything goes my way » (tout va dans mon sens), cache en fait une insécurité profonde qui le paralyse dans ses décisions de vie.

Si la musique adoucit les mœurs — et la bande originale de Shrinking est d’ailleurs pleine de pépites — la comédie, elle, soigne les cœurs. Et elle prend racine dans la relation à l’autre. Ici, le comique ne vient pas des situations, du moins pas essentiellement, mais plutôt de l’humour des personnages, qui sont volontairement drôles, et de leurs échanges, brillamment écrits. Matt Cherniss, directeur des programmes d’Apple TV+, le résume bien en déclarant : « Nous avons adoré l’univers prenant, touchant et hilarant de Shrinking depuis le début et ça a été merveilleux de voir le public du monde entier s’attacher à ces personnages au grand cœur ». 

Forte de son succès, la série a été renouvelée pour une seconde saison, alors que la première saison était encore en cours de diffusion. Le dernier épisode, summum de bonne humeur, s’achève pourtant sur un cliffhanger dramatique qui offre un arc narratif fort aux prochaines aventures des personnages. « On a hâte que les spectateurs puissent vivre ce que le casting et l’équipe créative réservent pour la saison 2 », annonce Matt Cherniss. On a hâte aussi !

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Shrinking sur Apple TV+

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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