Sorties cinéma du mercredi 16 juillet 2025 : entre satire sociale, fable amoureuse et schizophrénies filmiques

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Les sorties de la semaine dessinent un paysage contrasté : satire grinçante de l’Amérique contemporaine, drame féministe en Jordanie, romance à rebours sur fond d’absence et de mémoire, ou encore plongée sensorielle dans une légende du rock espagnol. Entre œuvres exigeantes, audacieuses ou maladroites, voici notre sélection commentée.

« Eddington » : portrait corrosif d’une Amérique disloquée

Ari Aster abandonne ici l’horreur formelle pour une fable politique noire et délirante, narrant la descente aux enfers d’un shérif du Nouveau-Mexique (Joaquin Phoenix) dans un pays miné par les divisions, les dogmes et la folie sociale post-Covid. Les critiques encensent la densité visuelle, la cruauté burlesque du récit et l’intelligence acide du propos.

Les spectateurs, eux, oscillent entre fascination et frustration : si certains saluent une œuvre puissante et dérangeante, d’autres se perdent dans un récit foisonnant, trop baroque ou abscons à leur goût.

Fiche technique :
Réalisateur : Ari Aster
Avec : Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone, Austin Butler
Durée : 2h25

« Moon » : entre justicière et transmission

Sur un postulat presque super-héroïque, la cinéaste autrichienne Kurdwin Ayub tisse un film hybride, entre récit d’action, étude de mœurs et exploration politique. Les critiques saluent la radicalité esthétique et la complexité narrative.

Le public, de son côté, est divisé : là où certains perçoivent une œuvre audacieuse, d’autres regrettent un manque d’incarnation et une tension dramatique parfois étouffée par l’abstraction.

Fiche technique :
Réalisatrice : Kurdwin Ayub
Avec : Florentina Holzinger, Andria Tayeh, Celina Antwan, Nagham Abu Baker
Durée : 1h32

« Super Happy Forever » : une romance à rebours, bercée par la mer

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Avec son sens du rythme suspendu et sa narration éclatée, Kohei Igarashi signe un film méditatif sur l’amour et le deuil. En allant de l’après vers l’avant, il compose un puzzle sentimental tout en délicatesse.

Les critiques y voient une perle japonaise, humble et profonde. Le public est plus partagé : les amateurs de rythme lent et de poésie visuelle s’y abandonnent avec émotion, mais d’autres s’ennuient face à un récit jugé trop minimaliste.

Fiche technique :
Réalisateur : Kohei Igarashi
Avec : Nairu Yamamoto, Hiroki Sano, Yoshinori Miyata, Hoang Nhu Quynh
Durée : 1h34

« La Trilogie d’Oslo. Désir » : la honte et l’amour

Une confession, un glissement éthique, un vertige existentiel. Ce dernier volet de la trilogie de Dag Johan Haugerud poursuit sa radiographie minutieuse des sentiments. Les critiques valorisent sa rigueur morale et la qualité d’écriture.

Les spectateurs, eux, peinent parfois à suivre un récit très dialogué. Mais la performance des acteurs et la subtilité des dilemmes séduisent une part du public en quête de cinéma psychologique.

Fiche technique :
Réalisateur : Dag Johan Haugerud
Avec : Thorbjorn Harr, Jan Gunnar Roise, Siri Forberg
Durée : 1h58

« Les Filles désir » : fièvre marseillaise

Né d’un travail d’atelier avec des jeunes de quartiers populaires, le film de Prïncia Car mêle spontanéité documentaire et relecture contemporaine du mythe de Carmen. Les critiques saluent l’énergie brute du projet mais regrettent un cadrage scénaristique un peu rigide.

Le public applaudit majoritairement l’intensité des interprètes non-professionnels, et la vitalité du propos féministe. D’autres reprochent un déséquilibre entre naturalisme et théâtralité.

Fiche technique :
Réalisatrice : Prïncia Car
Avec : Houssam Mohamed, Leïa Haïchour, Lou Anna Hamon
Durée : 1h33

« Segundo premio » : rock, chaos et poésie

Ce faux biopic inspiré du groupe culte Los Planetas propose un voyage halluciné dans les années 1990. Le style est libre, éclaté, proche du rêve. Les critiques applaudissent l’ambition formelle et la mélancolie qui traverse le film.

Les spectateurs musicophiles s’y reconnaissent. Les autres, parfois désarçonnés par la narration fragmentée, n’entrent pas toujours dans ce trip existentiel.

Fiche technique :
Réalisateurs : Isaki Lacuesta, Pol Rodriguez
Avec : Daniel Ibañez, Cristalino, Stéphanie Magnin
Durée : 1h50

« Didi » : chronique d’un ado sino-américain

Sean Wang revient sur sa propre adolescence entre deux cultures. Le film reconstitue avec précision les années MSN, les identités flottantes, la découverte du désir. Les critiques apprécient la sincérité du geste mais pointent une mise en scène parfois trop affectée.

Le public se reconnaît dans les fragments de vie, mais reproche parfois un manque de rythme et une émotion survolée. Un film tendre, encore imparfait.

Fiche technique :
Réalisateur : Sean Wang
Avec : Izaac Wang, Joan Chen, Shirley Chen
Durée : 1h33

« Kouté vwa » : mémoire guyanaise

Avec ce documentaire personnel, Maxime Jean-Baptiste convoque les morts pour mieux interroger les vivants. Une séquence centrale bouleverse autant critiques que spectateurs. Film de mémoire, de dignité, de survivance, il touche juste.

Fiche technique :
Réalisateur : Maxime Jean-Baptiste
Durée : 1h17

« Souviens-toi… l’été dernier » : version 2025

Nouvel opus d’une franchise culte des années 1990, cette suite respecte les codes du slasher : meurtres à la chaîne, mystère et ambiance macabre. Les critiques jugent le film paresseux, malgré un vernis féministe superficiel.

Le public se divise entre plaisir coupable et agacement face à un recyclage trop mécanique. Peu de surprises, mais quelques frissons assurés.

Fiche technique :
Réalisatrice : Jennifer Kaytin Robinson
Avec : Madelyn Cline, Chase Sui Wonders, Jonah Hauer-King, Freddie Prinze Jr, Jennifer Love Hewitt
Durée : 1h51

« Les Schtroumpfs. Le film » : à qui s’adresse ce chaos ?

Nouvelle adaptation américano-belge de l’univers de Peyo, ce film mêle prises de vue réelles et animation. L’intrigue, confuse, et le visuel surchargé peinent à convaincre critiques comme spectateurs.

Le film n’a ni la magie pour séduire les plus jeunes, ni l’ironie nostalgique attendue par les adultes. Une proposition sans cible claire.

Fiche technique :
Réalisateur : Chris Miller
Durée : 1h32