Toy Story 5 : Pixar en mode critique douce de la parentalité numérique

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Buzz et Woody sont de retour. Mais cette fois, le grand méchant n’est ni un cow-boy rival ni un dictateur de garderie. C’est… une tablette. Annoncé en fanfare lors du Festival d’Annecy 2025, Toy Story 5 (sortie prévue en 2026) promet une nouvelle aventure émotive et contemporaine, résolument ancrée dans les préoccupations des familles d’aujourd’hui. Son antagoniste principal ? Une tablette d’intelligence artificielle baptisée Lily Pad, au rôle à la fois glaçant et attendrissant.

Une méchante high-tech et bienveillante… en apparence

Lors d’une conférence tenue à Annecy, les équipes de Pixar ont révélé le cœur de l’intrigue : dans ce cinquième opus, Woody, Buzz et les autres jouets se retrouvent confrontés à Lily Pad, une tablette omniprésente qui capte toute l’attention de leur jeune propriétaire, les reléguant au rang de reliques sentimentales. À l’écran, Lily Pad est tout sourire, toute attention – une sorte de version Pixarisée d’Alexa ou de l’assistant Google, mais à qui l’on a confié le rôle de nounou numérique.

« Il était temps pour nous de parler de ça », a déclaré Andrew Stanton, co-scénariste historique de la saga. Et ce « ça », c’est bien sûr la numérisation galopante de l’enfance. Toy Story 5 n’attaque pas frontalement les écrans, mais semble vouloir raconter la mélancolie des objets qui ne servent plus, des compagnons muets face à la toute-puissance d’un monde tactile et lumineux, fait d’applications éducatives et de surveillance algorithmique.

Entre nostalgie et critique sociale douce

Dans la continuité de Toy Story 4, qui s’interrogeait sur la liberté et la désuétude, ce nouvel épisode creuse le sillon de la perte de lien entre les enfants et leurs jouets « analogiques ». Loin d’être réactionnaire, le film s’annonce comme une fable émotive sur la capacité des objets à continuer d’exister dans les marges de la mémoire, et peut-être à réapparaître dans des moments de crise.

Woody, désormais loin de Bonnie, découvre une communauté de jouets « retirés », déclassés par la technologie. Buzz, lui, entre en compétition avec les fonctionnalités de Lily Pad pour reconquérir l’intérêt de l’enfant. La narration alterne humour, séquences d’action au sein de la maison hyperconnectée, et dialogues poignants sur le sentiment d’inutilité.

Une animation toujours aussi précise, une musique chargée d’émotion

Visuellement, les premiers extraits montrés à Annecy laissent entrevoir un Pixar toujours à la pointe, avec un soin particulier porté à l’ambiance domestique hyperréaliste : surfaces tactiles, lumière bleutée des écrans la nuit, contraste entre le plastique vieilli des jouets et la finesse technologique de Lily Pad.

La bande originale est confiée à Randy Newman pour quelques retours musicaux (« You’ve Got a Friend in Me » version désaccordée) mais aussi à une nouvelle compositrice, Aiko Tanaka, dont les mélodies hybrides piano/synthé ajoutent une tension douce à l’ensemble.

Un film pour les enfants… et pour leurs parents

S’il ravira les plus jeunes par son humour, ses nouveaux personnages et ses courses-poursuites rocambolesques dans les couloirs d’une maison domotisée, Toy Story 5 s’annonce surtout comme un miroir tendre mais lucide tendu aux parents.

La question posée est simple : les enfants jouent-ils encore ? Et surtout, avec qui ? Avec quoi ? Pixar ne livre pas de réponse manichéenne, mais interroge les arbitrages éducatifs contemporains avec cette dose de sensibilité narrative qui fait mouche. Une œuvre à la fois familière et dérangeante, promesse d’un grand film intergénérationnel.

Axel Delamarre
Explorateur du vaste terrain de jeu contemporain, Axel Delamarre navigue entre mondes numériques, plateaux de jeu et expériences ludiques en plein air. Des pixels aux pions, des consoles aux escape games, il décode les règles et les mondes où l'on aime se perdre pour mieux s’évader. Sa devise : respirer, cliquer, et te mettre la pâtée.