Ce livre « L’Ukraine au cœur, contre les impérialismes », a été écrit, composé et édité dans le mois qui a suivi l’invasion russe. Il réunit 22 auteurs, principalement de la maison d’édition Al Manar où il peut être commandé.
Des poèmes pour l’essentiel. Il semble impossible d’écrire sur de tels textes une chronique littéraire au sens habituel. Ils s’élèvent contre les fausses paroles, refusent les regards ailleurs, crient devant les immeubles éventrés, les corps sans sépultures. Notre mémoire a failli. Nous avons oublié que partout dans le monde se conjuguent guerres, massacres, exode et exil, que rien en Ukraine hier n’était écrit de tels destins. Alors oui, les lire en silence ou les lire à haute voix suffisent pour comprendre et entendre. Les composer et les recomposer avec d’autres, avec les vôtres. Les mots en liberté ne sont jamais de trop.
En voici donc quelques brefs extraits.
« Ils sortent mais pour aller où ? Pour entrer dans quel dehors ? » (Dans l’enfer des portes, Jacques Ancet)
« … les hommes et les femmes ça n’existe plus Goya, ce n’est plus que des ombres le retour à la boue de l’âme du magma d’obscur bientôt mais leur passage avertit Goya, avertit la poignée de vivants d’obstinés à vivre debout à ne pas céder Goya… » (Insomnie avec Goya, Stéphane Chaumet)
« En ce moment quelque part quelqu’un meurt/ À ce moment. Ce moment même » (citation de Lina Kostenko par Sylvie Germain dans Les jours implacables)
« …il y avait donc des maisons avec des murs… » (Ils n’emportent pas les maisons, Vénus Khoury-Ghata)
« Vous/ qui régnez/ possédez/ et comme bon vous semble/ terrorisez/ affamez/ torturez/ emprisonnez/ violez/ éventrez/… » (Vous, Abdelatif Laâbi)
« Cinq enfants jouaient dans la neige/ cinq enfants orphelins » (Cinq enfants jouent dans la neige, Lydia Padellec)
« … il y a des coulures/ qu’on ne nettoiera pas/ et qui semblent des doigts/… » (Ukraina, Tita Reut)