Rideau ! Trois coups… En scène ! Dans Un Jeu de sept familles (Dacres éditions), Isabelle Kauffmann propose sept tableaux, sept ambiances, sept familles, sept intrigues, sept situations. Comme un jeu pour chaque jour de la semaine, à lire et vivre dans l’ordre comme le désordre…
Parce que les vies, les existences se déroulent ainsi, se comprennent ainsi. Parce que spectateurs ou lecteurs, parce qu’actrices et acteurs, traversent ainsi le chemin qui s’ouvre à eux depuis la naissance jusqu’au moment de la mort, depuis toutes les attentions jusqu’à l’oubli parfois.
Si Isabelle Kauffmann nous propose ce jeu de sept familles, non comme un jeu de massacre, mais un jeu drôle (de rôles), cruel, décalé, parfois cocasse, sérieux sans se prendre au sérieux, c’est avant tout pour nous inviter à y trouver notre place, les uns les autres. Car les situations évoquées dans ces tranches de théâtre et de vie sont souvent les reflets de nos propres existences, de nos propres quotidiens, de nos propres échanges, de nos réflexions. De l’intime à l’universel…
Et quand on n’éclate pas de rire, on rit jaune. Cela grince et cela renvoie souvent à nos parts d’ombre. De l’ombre à la lumière, l’affaire serait tranchée et par bien trop simple, trop binaire (même si Isabelle Kauffmann est scientifique de formation, c’est aux sciences humaines et à l’art qu’elle s’adonne dans ce jonglage harmonieux) ; c’est au gris des âmes (celles décrites ailleurs par Claudel) que l’auteure s’attache, brillantissime dans son acuité. Et c’est heureux ! Bien sûr, une lecture au premier degré pourrait chiffonner ; il n’en est rien, fort heureusement. Car si Isabelle Kauffmann manie l’humour au dixième degré, pour tenter de bien comprendre les sept tableaux, il nous faut indéniablement faire également appel à notre propre capacité à l’humour, celui qu’on défend, qu’on utilise pour sortir de certaines situations, celui que l’on peine à entretenir sinon développer au quotidien. La force face à l’ineptie ne réside-t-elle pas souvent dans la propension à l’autodérision ?
Au terme de la lecture toujours visuelle, d’avoir vécu ces scènes-là, on sort l’âme un peu grandie, et surtout plus humble, un peu plus conscient de nos forces mais surtout de nos faiblesses, et plus encore de nos travers tellement humains ! Et Isabelle Kauffmann d’avoir joué avec nous et non de s’être jouée de nous, jonglant avec des thématiques auxquelles elle attache tant d’importance : le respect, l’amour, la tolérance, la bienveillance, l’acceptation, la justice, le sens de la famille… Une aventure philosophique en scène ! Un moment croustillant de drôlerie.
Un jeu de sept familles de Isabelle Kaufmann – Éditions Dacres – 172 pages.
Parution : octobre 2018. Prix : 12,00 €
Couverture : Ed Dacres – Photo auteur : Isabelle Kauffmann © DR
– www.dacres.fr
Isabelle Kauffmann est médecin et écrivain. Elle est l’auteure de trois romans : Ne regardez pas le voleur qui passe (Flammarion, 2006), Prix Marie- Claire du premier roman 2006, Grand Huit (Le Passage, 2011), Les corps fragiles (Le Passage, 2016) Prix Canut 2017, Prix de la Bastide 2017, et d’un recueil de nouvelles : Cabaret Sauvage (Le Passage, 2013).