À quelques pas de la place Sainte-Anne à Rennes, une jolie épicerie végane a ouvert ses portes le 26 mai 2018. Les clients trouveront au sein de ce premier magasin vegan breton une gamme de produits 100 % végétaux et non testés sur les animaux. Végéstal, qui pourrait signifier « magasin vegan » en breton, a pour objectif « d’ouvrir le véganisme à tout le monde, qu’il soit le plus possible accessible et à la portée de tous » explique Lola Dumont, créatrice et gérante du magasin à seulement 24 ans.
Lancer la première épicerie végane en Bretagne à 24 ans, cela pourrait paraître un projet « utopiste et immature ». C’est en tout cas ce que Lola Dumont a entendu à plusieurs reprises durant l’élaboration de son projet. Un « réel parcours du combattant d’un an et demi » nous confie-t-elle, mais « il est possible de changer les choses, il ne faut pas cesser d’y croire ». La créatrice de Végéstal a bel et bien les pieds sur terre et a su convaincre ses différents interlocuteurs de la viabilité de son projet : Végéstal c’est l’histoire d’une amoureuse des animaux déterminée depuis toute petite à travailler à son compte.
Ses parents étant agriculteurs, Lola Dumont se familiarise au monde animalier très tôt. Vers l’âge de 8 ans, elle prend conscience que ses amis les bêtes avec qui elle joue tous les jours sont aussi celles qui se retrouvent dans son assiette le midi. Elle annonce alors à ses parents qu’elle ne veut plus manger de viande. Ils croient d’abord à une lubie d’enfant, mais non. Un peu déboussolés, ils se font finalement à cette idée. Lola s’adapte tout de même lorsqu’elle est invitée à dîner chez des amis.
À 18 ans, devenant « libre de ses repas et de ses choix », Lola Dumont devient officiellement végétarienne. Elle se dirige vers le métier d’assistante-vétérinaire et rencontre parallèlement, d’autres personnes végétariennes puis découvre le végétalisme. C’est à ce moment qu’elle se dit que la démarche n’a davantage de sens que si elle est menée jusqu’au bout.
Elle pense notamment aux produits cosmétiques testés sur les animaux, ce qui est inconcevable pour elle et la pousse à trouver des alternatives. Lola Dumont décide donc de manger vegan mais également de s’habiller, de se maquiller, en somme de consommer d’une tout autre façon. Elle rencontre son futur mari qui est vegan, ce qui l’aide dans sa démarche et vers l’âge de 21 ans, la jeune femme adopte ce mode de vie à 100 %.
Bien que son métier d’assistante vétérinaire lui plaise, elle trouve paradoxale la quasi-absence de végétariens chez les vétérinaires. Désireuse d’aider la condition animale à sa manière et à son échelle, elle décide de lancer son propre projet. Sa première idée est de créer un refuge animalier, mais cette idée est, elle, trop ambitieuse. N’aimant pas cuisiner, elle cherche alors des recettes véganes facilement réalisables et constate qu’à Rennes l’offre de produits est quasiment inexistante et pas forcément accessible. De là naît l’idée de créer une épicerie composée entièrement de produits végétaux à des prix abordables afin de devenir le magasin breton de référence dans ce domaine.
Dans ce contexte, Végéstal propose des produits frais avec simili-carnés, simili-poissons, faux-mages… Au rayon épicerie et traiteur se trouvent des faux-gras, plats préparés, biscuits, confiseries. Produits d’hygiène et d’entretien, maquillage sont disponibles ainsi qu’un espace culturel avec des livres de cuisine, guides, documentation et magazines. Dans un second temps, des fruits, légumes frais et du prêt-à-porter seront commercialisés.
40 % des fournisseurs de Végéstal sont bretons. Les produits à bases d’algues ont notamment la cote ; ce sont des produits qui remplacent facilement le poisson. 50 % des produits viennent de France et quelques produits exceptionnellement d’Allemagne, comme la chantilly – très populaire également – ou du Royaume-Uni. La moitié des produits sont biologiques, l’autre moitié permettant de proposer des produits plus accessibles qu’à la Biocoop, par exemple. La volonté de Lola Dumont n’est pas de devenir une « mini-Biocoop », mais de s’en démarquer tout comme elle souhaite se différencier des grandes surfaces par la qualité de ses produits.
Lola Dumont explique avoir pensé Végéstal comme une épicerie de quartier avec un interlocuteur qui apporte des conseils vers la voie du végétarisme. « Je suis surtout là pour montrer que le végétalisme ou véganisme qui est souvent associé à un milieu très sectaire, militant voire extrémisme n’est rien de tout cela, mon objectif n’est pas de culpabiliser les gens ». S’installer en plein centre-ville a justement pour objectif d’attiser la curiosité du plus grand nombre.
Dans cette même optique, Lola Dumont souhaite créer des Box où il sera possible de trouver tous les produits pour une journée végane. Elle a également comme projet, en collaboration avec un traiteur Vigan, de proposer des plats à emporter le midi. Des « soirées exclusives » avec ateliers de création de cosmétiques ou ateliers culinaires sont aussi à prévoir même si elles n’ont pas été mises en place pour le moment.
Quant à une démultiplication ? Lola Dumont n’est pas contre, mais ne peut se projeter pour le moment dans la mesure où le magasin a ouvert il y a seulement un mois : « Je vais voir où le vent me mène ! » s’exclame la créatrice de Végéstal.