Cet ouvrage est la réédition de L’Enquête sur la mort de Jésus, paru en 2005 aux Presses de la Renaissance, dont Alain Noël, aujourd’hui moine catholique, fut le fondateur. Alain Loupan est lui orthodoxe et éditeur à Paris. Le changement de titre est plutôt bienvenu, car le lecteur ne suit pas une enquête au sens strict, mais plutôt une mise en perspective historique. Cette ligne ferme est néanmoins modérée par la façon moins stricte avec laquelle sont introduites les différentes thématiques.
Le livre se divise en trois parties : la scène, les acteurs, le drame. Il y a bien quelque chose de théâtral dans la Passion ; les Mystères du Moyen-Age occidental l’ont abondamment démontré. Mais, les Mystères jouaient sur une forme de mythologisation des récits évangéliques. Ici, les deux auteurs affrontent sans dogmatisme ces récits aux dernières données de la science historique. Or, celles-ci viennent paradoxalement approfondir l’approche et la lecture habituellement faites de ces textes. Pour les chrétiens, comme pour tous ceux qui ont été élevés dans une weltanschauung ou ambiance judéo-chrétienne, le déroulement de la Passion, ses acteurs, ses lieux, les idées véhiculées nous semblent familiers. Pourtant, et c’est sans doute le plus grand mérite de cet ouvrage, ces idées ne sont le plus souvent que le fruit d’orientations historiques partiales et partielles.
Ne se privant pas de contre-attaquer certaines de ces orientations (voir en particulier les Annexes, lesquelles auraient gagnées à être approfondies), les auteurs ne font jamais preuve de partis-pris outrés et présentent de plutôt pédagogique les différents éléments historiques – qu’ils soient sociétaux, politiques ou religieux. Jérusalem, le Sanhédrin, Caïphe, Ponce Pilate, les pharisiens… tout finit par apparaître sous une autre lumière, moins ardente plus diffuse sans doute, mais plus claire. Une lumière débarrassée de scories faussement historicisantes ou fébrilement dévote.
Les Derniers jours de Jésus, Victor Loupan et Alain Noël, 430 pages, L’Oeuvre éditions, mai 2012, 29 euros
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On regrette que les deux auteurs n’aient pas consacré quelques pages argumentées (dans les Annexes, par exemple) à la théorie girardienne replacée dans le contexte sociohistorique qui se dégage de leur travail. Ce pourrait être le thème d’un prochain ouvrage aux éditions de L’Oeuvre ?
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