X-Trem Fusion impacte le Triangle à Rennes

Compagnie X-TREM FUSION
mercredi 21 mai, jeudi 22 mai et vendredi 6 juin 2014 au Triangle à Rennes

X-Trem Fusion (26)Dignes représentants de l’émergence artistique africaine d’expression «  urbaine  », leurs techniques sont un authentique mélange de hip-hop (pop, newstyle, krump, break), de danses africaines et d’inventivité hors de tout label. Cette nouvelle pièce nommée IMPACT se profile comme étant le voyage d’un danseur hip-hop dans son apprentissage, son exigence et son ouverture au vaste milieu artistique.

X-Trem Fusion (30)Le groupe camerounais, actuellement en résidence au triangle, a proposé sa dernière création au public Rennais venu nombreux – le groupe semble bénéficier déjà d’une solide base de fans dans la région ! Impact, c’est le nom de ce cocktail détonant qui trouve son unité dans la fusion de tendances éclectiques. Ainsi se sont succédés plusieurs tableaux où un théâtre d’objets à la nonchalance déglinguée fait place à un moment de déambulation robotique dans un univers déshumanisé où règnent les chiffres, illustré par la musique electro post-moderne de Alva Noto – c’est Blaise Eteme Atangana <STECKY> le mixeur, toujours à la recherche de sons nouveaux, qui l’a découverte – , auquel, par contraste, vient succéder un hommage aux danses traditionnelles camerounaises accompagné par un chant féminin mélancolique. Puis les claps des mains des amateurs de Battle rythment des démonstrations de hip-hop où le brio de la technique est au service d’une bonne humeur contagieuse. Pour conclure, dans une ambiance enfumée, aussi oppressante que suffocante, par des tremblements fébriles et des reptations angoissées, le groupe exprime une révolte sourde, le sentiment d’impuissance d’une génération qui «  s’est fait avoir  ». Mais les danseurs ne renoncent pas, et tous finissent par se relever, bien décidés à « impacter » le futur.

Le lundi 26 mai, au Triangle, Emmanuelle Paris et Rotomago ont pu rencontrer les six membres du groupe qui ont bien voulu évoquer leur passion pour les danses traditionnelles africaines, la façon dont celles-ci peuvent se marier naturellement avec les danses contemporaines, et l’état d’esprit qui les a conduit à former leur groupe et à créer leur première pièce, Résistance farouche, qui sera présentée le 6 juin au Triangle.

agitation, triangle, rennes
Youri fait une démonstration de danse Bikutsi – photo E. Paris

Unidivers propose à Alexandre Hervé Ayissi <YOURI> de décrire une danse traditionnelle camerounaise qu’il apprécie tout particulièrement. Youri nous dit que le Cameroun compte environ 280 ethnies, qui ont chacune une ou plusieurs danses spécifiques, et qu’ainsi le Cameroun est une véritable « bibliothèque de danse ». Il choisit de nous parler d’une danse originaire du centre du Cameroun mais pratiquée dans tout le pays: il s’agit du Bikutsi, ainsi épelé en phonétique, c’est une danse que « tout le monde peut pratiquer » où « tout le monde se retrouve » car « elle réunit les gens ». Elle est célébrée dans divers contextes, lors de mariages mais aussi de deuils. Les jeunes, les plus âgés, les hommes comme les femmes, et même les animaux la pratiquent ! Elle puise son énergie dans la terre : «  c’est une danse du sol ; l’on frappe fort au sol. Il s’agit de percussion corporelle  ». La vibration du sol se transmet dans tout le corps jusqu’à la tête. On la danse dans des cercles où tout le monde peut s’exprimer. Youri évoque une femme âgée qui pouvait difficilement mouvoir ses jambes. Mais si elle gardait les jambes statiques, elle laissait la vibration monter du sol et c’est le haut du corps animé par les vibrations provenant de la terre qui dansait le Bikutsi.

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Youri fait une démonstration de danse Bikutsi – photo E. Paris

Autre danse traditionnelle : le Bafia. Youri, Stecky, Eric Marius Pounde <MARIO> et Cédrick Engono Engono <LEGEND> nous la décrivent. C’est une danse tout en ondulations, «  plus soft  » que le Bikutsi. Le corps ne cherche pas l’équilibre mais ondule, avec quelque-chose de flottant. Les hommes et les femmes la pratiquent, mais de façon différente, car il s’agit d’une danse de séduction. Elle vient de la région du Yaoundé. Là-bas, les chefs traditionnels ont plusieurs femmes et le chef est un véritable « coq dans sa basse cour, un mâle dominant plusieurs femelles ». Ainsi, à l’origine, c’est ce chef traditionnel qui pratique le Bafia ; « il exagère » ouvre largement les bras, comme des ailes, alors que l’ondulation des femmes, les bras le long du corps, est plus douce et plus subtile. Changement des moeurs: le Bafia est devenu aujourd’hui une danse de compétition où ce sont les femmes qui élisent le meilleur «coq » !

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Arrive Aurélien Mouafo <FUNKAUREL>. Alors que Youri excelle dans les vibrations, Funkaurel et Michel Ateba <AFRIK1> semblent particulièrement à leur aise dans des mouvements de glissements au sol. Mouvements qui évoquent pour Rotomago les oscillations d’un bateau mu par des rames. X-Trem Fusion ne souhaite pas imposer un sens univoque aux mouvements dansés de Impact, et préfère laisser libre l’interprétation de chacun. Cependant ces gestes au sol peuvent effectivement rappeler des danses pratiquées dans des zones côtières, et donc associées à la symbolique de la mer, comme le Mbalietoudi. Et Legend de préciser que le Mbalietoudi se danse « vraiment comme du Break Dance» alors même que certains de ses pratiquants n’ont jamais entendu parler de la Break Dance.

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Globalement, les jeunes camerounais amateurs de danse ne font pas vraiment de différence, tout du moins dans la pratique, entre les danses traditionnelles et les danses contemporaines. En effet, enfants, ils imitent tout naturellement les danses traditionnelles de leurs aînés mais absorbent aussi toutes les tendances modernes, hip-hop, break dance ou pop auxquelles ils ont accès par tous les médias actuels. Voilà pourquoi, au Cameroun, « il n’y a pas de fossés » entre danses traditionnelles et modernes, et X-Trem Fusion se veut l’ambassadeur de cette fusion des genres.

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Stecky, Legend, Funkaurel, Mario, Youri, Afrik1 – photo © Christian Kengne

Comment définir l’esprit qui anime la première pièce du groupe Résistance Farouche ? Selon Legend, « cette pièce relate nos épreuves ». « Quel que soit la région du monde, l’on peut voir des hommes qui y vivent et sont heureux. Ce qui est important, c’est de faire avec ce qu’on a, même dans des conditions rudes. La première ressource : soi-même. Il faut se battre avec les éléments et savoir apprécier de vivre avec ce qu’on a : la danse, l’amitié, les rêves. Certes le Système veut faire oublier les rêves… Mais pour réaliser certaines choses, il faut savoir rêver !  » Le message que veut porter Résistance Farouche ? « Que des gens qui n’ont pas de chance puissent continuer à espérer et rêver ! »

Résistance Farouche, le vendredi 6 juin à 21h au Triangle

 

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Line-up d’X-Trem Fusion :

Eric Marius Pounde <MARIO> spécialité new style

Aurélien Mouafo <FUNKAUREL> spécialité pop

Michel Ateba dit <AFRIK1> specialité waw

Alexandre Hervé Ayissi dit <YOURI> spécialité pop

Cédrick Engono Engono dit <LEGEND> spécialité break dance

Blaise Eteme Atangana dit <STECKY> spécialité break dance

+ d’infos  : http://www.letriangle.org/temps-fort-hip-hop.html

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Rotomago
ROTOMAGO [matthieu mevel] est fascinateur, animateur de rhombus comme de psychoscopes et moniteur de réalité plurielle. rotomago [@] unidivers .fr

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