Le 23 mai 1918, Maxime Maufra, le peintre de la Bretagne, nous quittait

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Maxime Maufra

Maxime Maufra (1861-1918) est connu comme le peintre de la Bretagne comme on l’a désigné. À la fois, peintre, graveur et lithographe, il se consacre exclusivement à la peinture à partir de 1890. Il s’installe à Pont-Aven dans le Finistère et possède une maison à Saint-Pierre-de-Quiberon dans le Morbihan, où il peint des marines et des paysages bretons.

Maxime Maufra est l’un des grands acteurs de la vie artistique de son temps. Il est né à Nantes, en Loire Atlantique, le 17 mai 1861. Émile Maufra, son père, dirige une petite fabrique de métallurgie et espère que son fils reprendra son affaire, mais après ses études au lycée, Maxime Maufra commence à peindre. On est en 1879 et il suit les enseignements de de deux frères peintres nantais : Charles et Alfred Leduc. Le premier est connu pour ses peintures de marine tandis que le second s’oriente vers la peinture religieuse. Maxime Maufra s’initie à la peinture en plein air, en peignant les paysages des bords de Loire. 

Sa famille l’envoie en Angleterre en 1881 pour entrer dans la vie active et faire un stage chez un négociant de Liverpool. Il en profite pour visiter le Pays de Galles et l’Écosse dont les paysages grandioses lui plaisent beaucoup. C’est à ce moment-là que Maxime Maufra est ébloui par la peinture claire et le sens de la lumière du peintre britannique William Turner (1755-1851).

Maxime Maufra rentre à Nantes en 1884 et partage sa vie entre sa carrière commerciale et la peinture ; il continue de peindre les bords de la Loire. En 1886, il présente deux toiles au salon des Artistes français à Nantes : Inondations à Nantes et Bateau de pêche en haute île. Il rencontre le succès. En 1889, il  abandonne son travail dans le commerce pour se consacrer entièrement à la peinture. Il parcourt la Bretagne en solitaire, de Paimpol (22) à Loguivy-Plougras (22) où il devient l’ami du peintre Henri Rivière (1864-1951), en passant par Locquirec (29) et Lannion (22). Il continue d’exposer au Salon des Artistes Indépendants et à l’exposition des Peintres Impressionnistes et Symbolistes   

En juillet 1890, Maxime Maufra s’installe à Pont-Aven (29) et fête le 14 juillet avec les peintres Paul Gauguin (1848-1903) et Paul Sérusier (1864-1927). Pour autant, ils n’auront pas d’influence sur sa peinture. Maxime Maufra y peint le port de Pont-Aven, les moulins sur la rivière et les chaumières. Après Pont-Aven, il s’installe toujours dans le Finistère, au Pouldu à Clohars-Carnoët.

Deux ans plus tard, il s’installe à Paris à Montmartre. Il expose au Salon de la Société des Artistes Indépendants et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Il s’échappe régulièrement de la capitale pour retrouver son modèle favori, la Bretagne : Gâvres, l’île de Bréhat, Paimpol, la pointe de Bilfot et Plouézec, Plougasnou, Saint-Michel-en -Grève. 

Toute sa vie, en infatigable voyageur, Maxime Maufra déménage souvent. Il va ensuite en Normandie, dans le Cotentin, à Diélette, Étretat, puis à nouveau en Bretagne : à Belle-Ile-en-Mer, à Rosporden, à Dinan, à Concarneau, etc.

Il expose partout en France : au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts ; au Salon d’Automne ; à Remiremont ; à Saint-Quentin ; au Havre ; à Périgueux. Également à l’étranger, : à Krefeld et Stuttgart en Allemagne ; à Buffalo dans l’état de New York ; à Pittsburgh en Pennsylvanie ; à Saint-Louis dans le Missouri ; à Ostende en Belgique ; à Manchester en Angleterre ; à Budapest en Hongrie ; à Prague en République tchèque ; à Barcelone en Espagne ; à Montréal au Canada, etc.

Pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900, il peint une vue nocturne depuis la Seine sur laquelle se reflètent les illuminations et les lumières des architectures et de nombreux bateaux voguant.

Maxime Maufra
Paris : 1900

Pendant la Grande Guerre, trop âgé pour être mobilisé, Maxime Maufra veut cependant être utile à la France. Il part sur le front en 1916 et 1917 et rapporte vingt lithographies, qui illustrent un recueil intitulé : Paysages de guerre.

Le 23 Mai 1918 à Poncé-sur-le Loir, six jours après son 57e anniversaire, Maxime Maufra écrit une lettre au marchand d’art Paul Durand-Ruel pour lui annoncer son prochain retour à Paris. Hélas, quelques heures plus tard, il s’écroule au pied de son chevalet, terrassé par une crise cardiaque, devant une toile presque achevée : le Moulin du Gué du Bray.

Maxime Maufra

Maxime Maufra repose repose au cimetière de Saint-Pierre-de-Quiberon. Une place du village porte son nom. En mai 2018, pour le centenaire de sa mort, la commune de Poncé-sur-le-Loir a déposé et inauguré la plaque du Chemin Maxime Maufra : c’était le chemin emprunté par l’artiste pour aller peindre ses toiles…

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.