Seconde publication sur CD du musicien et chanteur MoonCCat L’Absinthe regroupe dix chansons interprétées en français qui mixent subtilement un romantisme XIXe et une réjouissante veine pop à la fois sombre et légère.
Quelles meilleures références que Gainsbourg, Thiéfaine ou Bashung pour composer un album rock à la prose poétique consacré tout entier à la fée absinthe ? Depuis 2013 et son premier EP digital « La Reine Noire », MoonCCat n’a eu de cesse de démontrer qu’il était possible de créer de nos jours une musique actuelle adaptée à un romantisme poétique finalement pas si ancien. Passionné, MoonCCat l’est et en tant que tel, il ne délaisse aucune de ses passions. Avec un attrait très marqué pour la fin du XIXe siècle, ce poète, musicien et photographe s’est ainsi lancé dans une aventure atypique : la création de Vert d’Absinthe, le premier magasin consacré à cette mythique boisson et à toutes les créations qu’elle inspira. La boutique physique qui se situait dans le IVe arrondissement de Paris a malheureusement fermé ses portes récemment. Demeure une boutique en ligne (à consulter ici) ainsi donc que cet album étrange et décalé qu’il est conseillé de fréquenter sans modération.
L’album L’Absinthe regroupe et assemble, ainsi que la verte boisson, différents ingrédients : des poèmes anciens, des chansons d’époques réarrangées et des compositions originales. Le Poison de Charles Baudelaire ouvre ainsi le bal, sans concession, alors que l’admirable Lendemain de Charles Cros se démarque au mitan. La marque MoonCCat s’impose : voix profonde assumée et très française, format musical à la fois pop et décalé, sombre, élégant et plaisant. Le voyage diapré déroule de suaves volutes aux parfums électriques surannés. Des Îles vertes au Havre de paix toutes les nuances de la mélancolie sublimée par la vénéneuse Muse aux yeux verts sont abordées, en nous évitant tout ridicule revival en mode chanson réaliste et intempestif roulage de « rrr ». L’ensemble vibre à l’unisson d’un féerique anachronisme électrique…
Nous voguons ici en ère gothique, de celle raffinée de E.A. Poe plus que de celle un brin frelatée de Marylin Manson. On songerait plutôt à la bande-son idéale pour cette scène d’anthologie du film From Hell (de Albert et Allen Hughes, 2002, adapté de la BD de Eddie Campbell et Alan Moore) dans laquelle l’inspecteur Abberline (joué par Johnny Depp) en quête d’oubli et de visions boit la « divine » boisson dans son bain… Entre étrangeté visionnaire et éprouvante fascination, L’Absinthe de MoonCCat est un délicieux poison auditif à mettre à portée de toutes les oreilles.
L’Absinthe est un album de MoonCCat, CD 10 titres, paru le 12 décembre 2016
MOONCCAT sera en concert, première partie de La Femme le 26 janvier, La Sirène à La Rochelle
L’Absinthe sur le site de MoonCCat
Chaque digipack est livré avec une carte de téléchargement et son code, permettant de prolonger l’expérience grâce aux 250 Mo des bonus exclusifs :
- L’album digital intégral,
- 24 Photographies argentiques de MoonCCat sur l’absinthe « Absinthe et Absintheurs » de Henri Balesta (1860)
- Les poètes maudits, l’absinthe et Jim Morrison (MoonCCat)
- 8 séries de cartes postales anciennes
« L’Heure Verte », tirée de la Revue Illustrée (1885)
Digitale : (Itunes, VirginMega, Fnacmusic, OVI, RealNetworks, Musiwave, eMusic, Music Net, Medianet, Rhapsody, VidZone, Deezer, Amazon.com, 7Digital, Spotify, Beezik, Simfy.com, RDIO, Google Play Music, etc) 9,99 €
CD Digipack : 12 € avec un livret couleur de 12 pages.
Les coffrets CD sont disponibles ici :
Gibert Joseph Musique
34 Bd Saint Michel 75006 Paris
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Le Poison
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D’un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d’un portique fabuleux
Dans l’or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers…
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remords,
Et charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort!
— Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal