Si lire davantage est une de vos bonnes résolutions de 2025, vous n’aurez en ce début d’année que l’embarras du choix. Plus de 500 romans sont attendus en janvier et février 2025 pour cette petite rentrée littéraire.
En littérature française, les auteurs les plus attendus sont Philippe Besson, Vanessa Springora, Pierre Lemaître, Leïla Slimani et Jean Echenoz.
Leïla Slimani achève royalement la trilogie du Pays des autres, avec J’emporterai le feu (Gallimard, 23 janvier 2025, lire un extrait). Ce roman met en scène la troisième génération de la famille Belhaj. Pierre Lemaitre poursuit aussi sa trilogie autour de la famille Pelletier. Un avenir radieux (Calman Levy, 21 janvier 2025) plante son décor à Prague où chacun devra choisir entre intérêt et devoir.
Vanessa Springora a marqué les esprits avec son témoignage poignant sur la notion de consentement (Le Consentement, Grasset, 2020, voir chronique Unidivers). Elle revient en cette rentrée avec Patronyme (Grasset, 2 janvier 2025, lire un extrait). Elle mène ici une enquête familiale. A la mort de son père, homme toxique et mythomane, elle découvre une photo de son grand-père arborant l’insigne des nazis. C’est le début d’une traque obsessionnelle sur ses origines et le nom qu’elle porte.
Avec Vous parlez de mon fils (Julliard, 2 janvier 2025), Philippe Besson aborde avec une grande sensibilité la question du harcèlement scolaire.
Deux romans méritent l’attention en cette rentrée. Oscar Coop-Phane poursuit avec talent cette peinture d’une société dans laquelle sombrent les laissés pour compte. Un arabe (Grasset, 8 janvier 2025, feuilleter) est la traque d’un arabe, bouc émissaire d’un petit village du sud de la France. L’auteur alterne le récit de la chasse et la description de ces hommes qui participent à la traque. Un récit haletant qui illustre les rancœurs et les peurs qui crèvent le cœur de notre société.
Un perdant magnifique (Éditions de l’Olivier, 3 janvier 2025) est le dernier roman de Florence Seyvoz. C’est le portrait d’un homme mythomane, dépressif, suicidaire qui entraîne sa famille dans une spirale mortifère. Avec pudeur et violence, l’auteur dresse le portrait magnifique et monstrueux d’un homme atypique.
Talentueuses, elles sont aussi au programme de cette rentrée. Jeanne Benameur propose simultanément un roman, Vivre tout bas et un essai, Vers l’écriture chez Actes Sud. Et Lola Lafon propose avec Il n’a jamais été trop tard (Stock, 8 janvier 2025, feuilleter) un texte singulier, une ode au quotidien collectif, à ce qui a été vécu entre 2023 et 2024 et aux petits évènements traversés par chacun.
Elles poussent la beauté et la poésie jusque dans leurs titres. De nos blessures un royaume (Buchet Chastel, 9 janvier 2025) est le nouveau roman de Gaëlle Josse. C’est l’histoire d’un voyage à travers l’Europe dont il faudra découvrir la raison et le but. Avec Des beaux jours qu’à ton front j’ai lus (Viviane Hamy, 15 janvier 2025), Céline Lapertot nous donne à voir le destin d’une femme, Marceline Desbordes-Valmore, poétesse française du XIX ème siècle.
La littérature étrangère n’est pas en reste. Avec notamment le retour très attendu d’Haruki Murakami. La cité aux murs incertains (Belfond, 2 janvier 2025, traduit par Hélène Morita et Tomoko Oono).
Mais il faudra aussi compter sur de grands auteurs américains. Lauren Groff signe avec Les terres indomptées (Éditions de l’Olivier, 3 janvier 2025, traduit par Carine Chichereau) un grand roman d’aventures. Au XVIIe siècle, une jeune femme s’échappe dans une forêt obscure pour échapper à la servitude. C’est l’histoire d’une désobéissance pour la survie dans ce pays qui deviendra les Etats-Unis.
Paul Lynch a reçu le Booker Prize 2023 pour Le chant du prophète (Albin Michel, 2 janvier 2025, traduit par Marina Boraso, extrait). Dans cette dystopie, une mère lutte pour sauver sa famille au cœur de l’Irlande en proie au totalitarisme.
Rachel Kushner était nominée pour le Booker Prize 2024 avec ce titre qui paraît aujourd’hui en France. Le lac de la création (Stock, 8 janvier 2025, traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson, feuilleter) est l’histoire de Sadie Smith, ex-agente du FBI. Elle est chargée par de mystérieux employeurs d’infiltrer une communauté d’éco-activistes afin de les pousser à la faute, ce qui légitimera la répression de la justice. Rattrapée par son passé, elle risque toutefois de se retrouver en difficulté.
Je termine avec Francisco (Éditions Zoé, janvier 2025, traduit par Serge Chauvin). C’est le carnet de bord d’Alison Mills Newman, vingt et un ans, boule d’énergie, un peu garçon manqué. Dans une langue brute et jouissive, elle raconte ses débuts à Hollywood en tant que première adolescente africaine-américaine dans une série télévisée. Reflets de la période des seventies et du racisme au quotidien. L’auteure a aujourd’hui 73 ans.
Au rayon Romans noirs, l’année commence avec des classiques du genre. Michael Connelly chez Calman-Levy, Lindwood Barclay chez Belfond, Hugues Pagan chez Rivages ou Lisa Gardner et Jean-Christophe Grangé chez Albin Michel.
Mais place à des auteurs moins médiatisés. La suédoise Johana Gustawsson signe Les morsures du silence (Calman-Lévy, 8 janvier 2025), un thriller glaçant où le lecteur happé par l’envie de résoudre cette affaire devient l’enquêteur. Vingt-trois ans après un meurtre sur l’île de Lidingö, le corps d’un adolescent est retrouvé au même endroit avec la même mise en scène. Celui qui a été arrêté pour le premier crime était-il innocent ? Le commissaire Aleksander Storm, avec l’aide inattendue de la policière française Maïa Rehn récemment installée en Suède, va obstinément tenter de démêler les fils de cette énigme.
Nouvelle voix du polar américain, Eli Cranor s’inscrit dans la lignée de S.A. Cosby ou David Joy. Chiens des Ozarks (Sonatine, 9 janvier, traduit par Emmanuelle Heurtebize) est l’histoire d’une famille dans la nature sauvage de l’Arkansas. Jeremiah Fitzjurls, vétéran du Vietnam, élève seul sa petite-fille Joanna, au milieu de sa casse automobile. Mais une famille de suprémacistes blancs vient s’en prendre à Joanna. Jusqu’où peut-on aller pour protéger les siens ?
Née en Bretagne au début des années 1980, Mathilde Beaussault, fille d’agriculteurs, a trouvé dans ses origines la matière de son premier roman, Les saules (Seuil, 10 janvier 2025, feuilleter). Le corps de Marie, dix-sept ans, est retrouvé au bord de la rivière. Marguerite, une jeune enfant sauvage, mutique et maltraitée à l’école a été témoin de quelque chose. Mais comment aider Marie, la seule personne qui était gentille avec elle. Elle observe les gendarmes et habitants qui mènent l’enquête au cœur des rumeurs, des rivalités familiales et des rancœurs de ce petit village.
La rentrée se fait aussi en version poche. Eric Chacour a reçu de nombreux prix littéraires pour son roman Ce que je sais de toi paru lors de la rentrée littéraire 2023. Ce premier roman qui se passe au Caire, depuis le règne de Nasser jusqu’aux années 2000, paraît en version poche chez Folio le 2 janvier.
Vous trouverez aussi le dernier roman de Sorj Chalandon, L’enragé ( Livre de Poche, 29 janvier 2025). C’est l’histoire d’un de ces gamins parisiens arrêtés et envoyés dans un camp de redressement à Belle-île. Le 27 août 1934, lors d’une révolte, il s’évade avec une cinquante d’autres détenus.
Autre succès de la rentrée 2023, Les naufragés Wagner (Points, 3 janvier 2025, traduit par Johan-Frédérik Hel Guedj) de David Grann. C’est l’histoire du naufrage du Wagner au Cap Horn en 1734. Une poignée de malheureux survit sur une île désolée au large de la Patagonie. Une reconstitution captivante.
Unidivers vous souhaite une très belle année 2025.