Actualité littéraire avril 2024

actualité littéraire avril 2024

En avril refleurissent les festivals littéraires. Italissimo à Paris, Foire du Livre de Bruxelles, Quais du Polar à Lyon, Salon international du Livre de Québec et Festival du Livre de Paris, Livre d’ailleurs à Nancy, Printemps du livre de Montaigu, Festival Le livre à Metz pour les principaux. Autant d’occasions de découvrir de nouveaux auteurs et de belles lectures. Mais si vous n’avez pas l’occasion d’assister à une de ces manifestations littéraires, rendez-vous dans votre librairie préférée. Et voici quelques conseils parmi les nouvelles parutions d’avril.

Parmi les auteurs français, vous retrouverez ce mois-ci Véronique Ovaldé avec un magnifique recueil de douze nouvelles et le talentueux tragédien Laurent Gaudé qui revient sur un moment tragique de notre histoire, l’attentat de novembre 2015.

À nos vies imparfaites (Flammarion, 10 avril 2024) regroupe huit histoires de vie compliquées par la malchance, le travail, la peur, le silence. Avec un esprit rieur et corrosif, Véronique Ovaldé cueille une poignée de personnages qui savent combien de courage il faut pour vivre, et les met en scène dans des nouvelles où excelle son art de l’ellipse et de la chute (feuilleter). Terrasses (Actes sud, 10 avril 2024) ou notre long baiser si longtemps retardé est un chant polyphonique orchestré par Laurent Gaudé. Ce sont des gens heureux, prêts à profiter d’une belle et douce soirée sans imaginer l’horreur qui s’annonce (lire un extrait).

En 2017, Anne Plantagenet assiste au tournage du film de Stéphane Brizé, En guerre. C’est l’histoire de la lutte d’ouvriers contre la fermeture de leur usine. Parmi les figurants, Anne Plantagenet remarque une femme, Letizia Storti. Elle devient l’héroïne de son nouveau roman, Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans (Seuil, 5 avril 2024). C’est le récit d’une femme modeste, une anonyme broyée par l’inhumanité du monde du travail. (

Son premier roman, Les monstres (Rivages, 2021), a connu un beau succès. Charles Roux nous emmène dans La maison de jeu (Rivages, 3 avril 2024) d’une petite ville balnéaire. Antoine, comme tous les vendredis soirs se rend à La couronne d’or pour jouer au 31, un jeu de hasard réservé aux habitués. Dans ce décor sans cesse renouvelé où le fantastique se mêle à l’amoralité, la ville est le théâtre de tous les excès humains, espace privilégié pour croquer notre société consumériste.

Journaliste, blogueuse et féministe, Titiou Lecoq nous entraîne dans les aventures extraordinaires d’une famille ordinaire. Plaisir et simplicité pour cette lecture rafraîchissante. Une époque en or (L’Iconoclaste, 4 avril 2024) met en scène Chloé, trente-huit ans, qui mène une vie tranquille avec son compagnon et sa belle-fille. Quand ses voisins se font arrêter pour un braquage, elle remet en cause sa tranquillité ennuyeuse en se lançant à la recherche d’un trésor disparu avec Lapouta, un gamin perdu de son immeuble. (voir chronique sur Unidivers)

Au rayon littérature étrangère, Salman Rushdie revient sur l’attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis dans un essai intitulé Le couteau (Gallimard, 18 avril 2024, traduit par Gerard Meudal). Ce récit se lit aussi comme une réflexion puissante, intime et porteuse d’espoir. C’est également une ode à la vie et à la création artistique comme espace de liberté absolue.

L’espagnole Sara Mesa revient avec un grand roman sur l’éducation, le patriarcat et la construction de l’identité. La famille (Grasset, 10 avril 2024, traduit par Delphine Valentin) nous parle de Martina, Damián, Rosa et Aquilino, quatre enfants éduqués par un homme intransigeant qui applique, sans le consentement de sa femme, des règles strictes et sévères. En mêlant passé, présent et futur, Sara Mesa, étudie avec une grande précision les ravages d’une éducation – de ses blessures latentes aux révoltes contre sa perversité. Une plongée vertigineuse dans l’ambiguïté et les faux-semblants (feuilleter).

À vingt-cinq ans, Daniele, un poète, se noie dans l’alcool pour oublier la crise existentielle qu’il traverse. Sous la pression de sa mère, il trouve finalement un emploi dans un hôpital pédiatrique. Effrayé par l’injustice et la douleur imposées aux enfants, il s’accroche néanmoins à la camaraderie et la solidarité qui se créent avec ses collègues et les malades. La maison des regards (Globe, 4 avril 2024, traduit par Nathalie Bauer) est un récit autobiographique, bouleversant de tendresse et d’humanité. Daniele Mencarelli rend ici hommage aux soignants qui accompagnent les enfants malades.

Sous forme d’une enquête à la Agatha Christie au temps de la ruée vers l’or, Jane Smiley offre avec son western, Un métier dangereux (Rivages, 3 avril 2024, traduit par Carine Chichereau) une belle transition vers la rubrique des romans noirs. En Californie, en 1851, la jeune Elisa, prématurément veuve, se prostitue dans la maison bien tenue de Mrs Parks. Mais bientôt elle se retrouve à mener l’enquête sur une série de meurtres qui touchent ses jeunes compagnes.

un métier dangereux Jane Smiley

Alors que Le cimetière de la mer, premier tome des aventures d’une riche famille, paraît en format poche aux éditions 1018, Aslak Nore revient avec Les héritiers de l’Arctique (Le bruit du monde, 4 avril 2024, traduit par Loup-Maëlle Besançon). La réapparition de Connie Knarvick, une cousine éloignée, ravive les tensions entre les deux clans de la famille Falck. Celle-ci possède en effet une concession minière au Svalbard, dans le Grand Nord, qui fait l’objet de convoitises et renforce les tensions entre les services secrets norvégiens et la Russie de Poutine.

Valeur sûre avec La meute (XO Editions, 25 avril 2024) d’Olivier Bal. Dans toute la France, L’Ange noir signe plusieurs meurtres de notables. Toujours le même mode opératoire : les hommes sont drogués puis enterrés vivants dans une tombe sur laquelle il appose sa signature. Sofia Giordano, chargée de l’enquête, intègre la meute, un groupe identitaire aux rites inspirés du Moyen Age. Elle doit réussir une série d’épreuves pour être acceptée dans leurs rangs.

En version poche, vous trouverez le tome 2 (tome 1, Le grand monde) de la nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre, Le silence et la colère (Le livre de Poche, 24 avril 2024). Une plongée tumultueuse dans les trente glorieuses. On reste dans les séries avec Printemps (Livre de poche, 17 avril 2024, traduit par Alicia Devaux), le dernier tome du quatuor des saisons d’Ali Smith. L’auteur poursuit sa réflexion poétique et politique sur nos sociétés contemporaines en portant une attention particulière à ceux en fuite ou rejetés.

Roman aux accents gothiques, Les voleurs d’innocence (Totem de Gallmeister, 18 avril 2024, traduit par Janique Jouin-de-Laurens) de Sarai Walker est l’histoire poignante de jeunes femmes déterminées à échapper à leur destin. Une histoire terrifiante et addictive.

Et pour les amateurs de romans noirs, je propose Fragile réputation (Livre de poche, 3 avril 2024, traduit par Alice Delarbre) de Sarah Vaughan. Emma Webster, enseignante d’histoire, est députée travailliste depuis quatre ans. Elle devient la cible des médias et des réseaux sociaux. Un très bon roman noir addictif mais aussi une très poignante illustration du combat d’une femme pour défendre ses valeurs et sa place dans la société

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Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.

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