Pour ce mois de printemps, la rédaction vous a concocté une liste de nouveaux romans à ne pas rater. Auteurs reconnus ou nouveaux talents, voyages intimes ou au long-cours, distractions ou réflexions, suivez le guide.
Depuis plusieurs romans, Jean-Baptiste del Amo illustre comment la violence se transmet au fil des générations. Avec La nuit ravagée (Gallimard, 13 mars 2025, lire un extrait), il rend hommage au roman horrifique en illustrant les rêves et les désillusions d’une génération confrontée à la brutalité d’une époque. Nous sommes dans la banlieue toulousaine au début des années 90. Une bande d’adolescents est fascinée par une maison abandonnée au fond d’une impasse. Lorsque l’un d’entre eux meurt dans de terribles circonstances, ils décident d’y entrer, sans se douter des périls auxquels ils s’exposent. Passionné de photographie et amoureux de la nature, Jean-Baptiste del Amo est un excellent romancier au style sensoriel qui ne peut laisser indifférent.
Pour Karine Tuil, la littérature est une clé de la compréhension du monde. Ses romans se construisent autour d’une analyse du pouvoir politique ou judiciaire. La guerre par d’autres moyens (Gallimard, 6 mars 2025, lire un extrait) ne fait pas exception à la règle. Dan Lehman, ancien président de la République, voit sa vie et son couple sombrer un an après avoir quitté l’Elysée. En proie à l’alcool, menacé par des affaires judiciaires, il supporte mal le succès de sa femme, Hilda Müller, actrice qui pourrait être vue prochainement au festival de Cannes. Un drame intime au coeur des mécanismes cruels du pouvoir.


Lors de ses chroniques culturelles sur Quotidien, Ambre Chalumeau défend avec talent les nouveautés littéraires. Mais elle se retrouve cette fois de l’autre côté en publiant son premier roman, Les vivants (Stock, 12 mars 2025, feuilleter). Et si elle y déploie le même talent qu’à l’oral, cet écrit ne passera pas inaperçu. D’autant plus qu’elle a choisi un sujet intime et porteur, le passage à l’état d’adulte. Avec une sincérité désarmante, l’auteure oscille entre comédie et drame. Nul doute que bon nombre de jeunes adultes s’y retrouveront.
La sincérité désarmante est aussi ce qui a valu le succès de Triste tigre, roman de Neige Sinno. Ce succès incroyable peut mettre en lumière un récit écrit précédemment car l’auteure a une longue carrière d’écrivaine. Elle vient donc de traduire un récit initialement rédigé en espagnol, La realidad (POL, 6 mars 2025, feuilleter). Elle y raconte son premier voyage au Mexique, sa découverte des mouvements Zapatistes. Dans ce récit d’initiation, elle fait son apprentissage du monde mexicain et de l’altérité. Elle y parle des mouvements féministes dans un pays machiste aux taux alarmant de féminicides.
Depuis l’âge de la retraite, Marie Sizun se consacre à l’écriture. Elle vit à Paris mais elle aime écrire depuis sa maison de l’île Trudy. Écrivaine et peintre, elle explore son passé et met en scène ses personnages avec beaucoup de tendresse. À quatre-vingt cinq ans, elle propose un roman d’un style différent. L’absent (Arlea, 6 mars 2025) est le récit d’une bouleversante histoire d’amour. Une femme apprend la mort de son amant, un homme marié avec lequel elle a entretenu une liaison pendant plus de quarante ans. Après le choc et le déni, les souvenirs reviennent.
Très rapidement, je vis le nouveau roman d’Amélie Cordonnier, Superhôte (Flammarion, 26 mars 2025). C’est l’histoire percutante d’une femme de ménage dans une maison du Touquet louée sur Airbnb. On retrouve aussi Mathieu Malzieu avec une histoire de chats consolateurs (L’homme qui écoutait battre le cœur des chats, Albin Michel, 12 mars 2025) ou Christophe Ono-Dit- Biot avec des textes en hommage à la mer (Mer intérieure, L’observatoire, 12 mars 2025).

En littérature étrangère, je commence en poésie avec un Prix Nobel. Ces soirs rangés dans mon tiroir (Grasset, 19 mars 2025, traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, feuilleter). Han Kang livre ici un recueil de poèmes qui permet d’apprécier son univers si singulier. D’ailleurs son dernier roman Impossibles adieux paraît en version poche chez Livre de Poche ce mois-ci.
L’Écossaise Ali Smith porte un regard éclairé sur son pays. Cela constitue la toile de fond de ses romans imprégnés d’un lyrisme qui donne un sens aux petites choses de la vie. Alors faisons Un bout de chemin (Grasset, 5 mars 2025, traduit par Laetitia Devaux) avec elle. Peu après le confinement et toujours marquée par le Brexit, Sandy Gray, au chevet de son père, reçoit un appel de Martina, une ancienne camarade de classe. Martina, transportant une ancienne clé médiévale pour un musée, a quelques soucis à la douane de l’aéroport. Entremêlant l’histoire contemporaine et historique, Ali Smith montre combien nous avons besoin d’échapper à notre solitude.
Deux grands auteurs américains sont de retour en mars. Tout d’abord Peter Heller, écrivain très proche de la nature, nous propose avec La pommeraie (Actes sud, 5 mars 2025, traduit par Céline Leroy, lire un extrait) une histoire de transmission entre mère et fille sous le signe de la pensée chinoise.
Lionel Shriver a marqué son lectorat avec Il faut qu’on parle de Kevin. Journaliste, elle publie avec Abominations (Belfond, 6 mars 2025, traduit par Catherine Gibert) un recueil des articles rédigés pendant quinze ans pour de prestigieux journaux et magazines. Elle y évoque des sujets graves ou futiles, toujours avec son esprit mordant, sa causticité et son humanité.


Et pour élargir nos horizons, voici un roman du chinois Yan Lianke, auteur d’une œuvre puissante empreinte de liberté largement couronnée de prix littéraires. Aussi dur que l’eau (Philippe Picquier, mars 2025, traduit par Pierre-Mong Lim) est un roman d’amour fou pour une femme et pour la révolution. Dans les années 60, Gao Tsé-toung veut conquérir le cœur de Rouge Mei et porter la révolution depuis son petit village. Avec nombre de péripéties rocambolesques et une ironie extravagante, l’auteur compose une satire politique menée par un Don Quichotte chinois.
Après le beau succès de librairie pour Duchess, Chris Whitaker confirme son talent avec Toutes les nuances de la nuit (Sonatine, 6 mars 2025, traduit par Cindy Colin-Kapen). Monta Clare, une petite communauté du Mississippi est sous le choc. Un jeune garçon a disparu et on a retrouvé son T-shirt couvert de sang dans la forêt voisine. Saint, une jeune fille rebelle mène sa propre enquête afin de comprendre ce qui est arrivé à son ami. C’est une nouvelle fois l’émergence d’une héroïne inoubliable et un roman passionnant sur les troubles de l’adolescence.
Quatrième roman pour Anouk Shutterberg. In extrémis (Récamier, 13 mars 2025) est un thriller haletant. En mai 2022, des têtes de femmes coupées, maquillées et coiffées d’une couronne d’edelweiss sont retrouvées dans un torrent près de Chambéry. Axelle, journaliste de faits divers mène l’enquête dans une nature hostile.

Tout va bien se passer (Métailié, 14 mars 2025, traduit par Céline Schwaller) nous dit le Nigérian Leye Adenle. Ce qui est rarement le cas dans un roman noir. Surtout quand on s’attaque au système politique mafieux. Amaka, avocate à Londres a promis de toujours aider les filles de Lagos. Quand Funke aux prise avec un pasteur évangélique l’appelle, elle prend immédiatement l’avion. Elle n’hésitera pas à affronter la mafia religieuse et politique de Lagos. Suspense et humour.
Vous retrouverez aussi de grands noms du roman noir. Côté français : Bernard Minier (H chez XO éditions), Alexis Laipsker (À couper le souffle, Michel Lafon, 13 mars 2025), Niko Tackian (La menace, Calman Lévy, 5 mars 2025) ou Nicolas Lebel (La ruche (Le masque, 5 mars 2025)). Côté étranger : un grand thriller social d’Irvine Welsh, Les longs couteaux (Au diable Vauvert, 13 mars 2025, traduit par Diniz Galhos), John Grisham (Les garçons de Biloxi, JC Lattès, 5 mars 2025, traduit par Carole Delporte) et Stephen King (Plus noir que le noir, Albin Michel, 3 mars 2025, traduit par Jean Esch).


Avant de passer au rayon poche, pensons aux tous petits avec une nouvelle collection de de Véronique Maviejak chez Hatier, La Forêt des amis. Ce sont des histoires tendres, drôles et magnifiquement illustrées par Crescence Bouvarel, pour apprendre aux 3-8ans à s’accepter tels qu’ils sont, développer leur confiance en eux, dépasser leurs appréhensions. L’auteure y traite les émotions que découvrent les enfants : colère, timidité, honte. Les deux premiers albums, Sam se déguise en princesse et Rémi le renard a peur de tout paraîtront le 26 mars 2025.
Voici les trois livres poche du mois. Avec Du même bois (Folio, 6 mars 2025 ) Marion Fayolle nous plonge dans le quotidien d’une ferme. Un premier roman plein de tendresse et de poésie. En littérature étrangère, Chiennes de garde (Points, 7 mars 2025, traduit par Lise Belperron) est la révélation littéraire et féministe de Dahlia de La Cerda. Et côté roman noir, découvrez Alain Beaulieu, un auteur québécois et sa fiction aux allures de thriller, Le refuge (Liana Levi, 6 mars 2025). Un couple de retraités s’installe dans un chalet de montagne. Un braquage vient bouleverser leur tranquillité. Le couple vacille et leurs voix s’entremêlent pour comprendre ce qui leur arrive.