Novembre sera un mois sans tabac mais pas sans lecture ! Même si le choix est assez restreint, il est toujours possible de trouver quelques nouveautés intéressantes dans chaque domaine littéraire.
Un peu chauvine, j’ouvre le bal avec la littérature française. Fellini blues (Grasset, 2 novembre 2023) de Jean-Pierre Milovanoff est l’histoire de Valentin, un cinquantenaire plutôt effacé, magasinier dans une bibliothèque. Fin gourmet et amateur de bons vins, il fait la connaissance de Marc Chalinski, un chirurgien ORL. Avant que Chalinski ne meure dans un accident, les deux hommes avaient noué un curieux rapport. Chalinski avait coutume de solliciter Valentin pour des repas chez lui ou garder sa villa en son absence. Célibataire timide vivant avec sa mère, Valentin cumule pourtant de nombreuses conquêtes. Parmi elles, Tancrelle, professeur de français, fan du cinéma de Fellini, l’aidera à surmonter ses complexes. Un roman « humain », chaleureux, nostalgique et imprévisible. (feuilleter)
Rature (Stock, 15 novembre 2023) est un court roman de Philippe Claudel, superbement illustré par Lucille Clerc. Le Rature est le nom du bateau d’un pêcheur. Un homme passionné par son métier soucieux de transmettre cet amour à son fils. Le jour où il a emmené son fils pour une journée de pêche, il s’en souvient comme d’un rêve. Mais le fils est parti. Peut-il espérer son retour ? Un roman d’une grande sensibilité traduite par toutes les nuances de l’illustratrice.
Le rayon littérature étrangère nous emmène ce mois-ci en Inde, en Turquie et en Géorgie. Anuradha Roy, journaliste et écrivaine, finaliste du Man Booker Prize en 2016 pour son troisième roman, Sous les lunes de Jupiter (Actes Sud, février 2017, traduit par Miriam Bellehigue) nous conte dans Le cheval de feu (Actes Sud, novembre 2023, traduit par Miriam Bellehigue) l’histoire de Sara. Arrivée d’Inde pour étudier dans une prestigieuse université britannique, elle comble sa solitude en consacrant son temps libre à la poterie. Ces moments de réconfort sont aussi l’occasion de convoquer ses souvenirs d’enfance, marqués par la figure de celui qui lui a enseigné cet art, Elango, un Hindou mis au ban du village parce qu’il est tombé amoureux d’une musulmane. (lire un extrait)
Avec La pierre et l’ombre (Gallimard, 9 novembre 2023, traduit par Julien Lapeyre de Cabanes), Büran Sönmez dresse un portrait sans concession de la Turquie du siècle dernier. Avdo, gardien de cimetière et ancien maître marbrier espérait une vie tranquille à Istanbul. Mais son passé finit par le rejoindre. Par une nuit enneigée, il aperçoit la maigre silhouette d’une jeune femme au milieu des stèles. Pourchassée par la police, elle cherche un abri. Mais qui est vraiment cette mystérieuse Reyhan ? Est-ce le hasard qui l’a conduite jusqu’à Avdo ? Un beau roman sur la mémoire et la quête d’identité.
Nana Ekvtimishvili est géorgienne. Avec Le verger de poires (Noir sur Blanc, 2 novembre 2023, traduit du Géorgien par Isabelle Ribadeau Dumas et Maïa Varsimashvili-Raphael), elle nous mène au cœur d’une institution héritée du passé soviétique qui accueille des handicapés mentaux et des enfants abandonnés. Lela, dix-huit ans, une des plus anciennes pensionnaires aide les plus jeunes à étudier afin qu’ils quittent au plus vite cet endroit. Elle prend notamment sous son aile le jeune Irakli qui ne se résout pas à ne plus voir sa mère. La visite d’un couple d’américains est-elle une opportunité pour ces jeunes qui rêvent d’un meilleur avenir. (lire un extrait)
Une nouvelle publication de l’écrivaine britannique Zadie Smith est toujours à souligner. Feel free (Gallimard, 2 novembre 2023, traduit par Laetitia Devaux) est un essai qui rassemble des textes parus dans la presse écrite ces quinze dernières années. L’auteur exprime ses réflexions sur des sujets aussi variés que l’art de la danse, les réseaux sociaux, Justin Bieber ou les jardins italiens.
Frissonnerons-nous davantage en Novembre ? En tout cas, voici quelques conseils en littérature noire.
Je passe rapidement sur le nouveau roman Maxime Chattam, Lux (Albin Michel, 2 novembre 2023, extrait) pour vous parler de Aysuun, le dernier livre de Ian Manook. Auteur de la célèbre trilogie de thrillers mongols (Yeruldelgger, Les temps sauvages et La mort nomade), Ian Manook revient dans les steppes de Mongolie pour un grand roman d’aventures, de luttes et de passion autour d’Aysuun, une héroïne qui rêve de vengeance depuis le massacre de son campement, vingt-cinq ans plus tôt par les troupes soviétiques. Une traque haletante.
Nouvel opus pour la saga du shérif Walt Longmire (série adaptée pour la télévision), personnage récurrent de Craig Johnson. De retour dans le Wyoming, Walt panse ses blessures. Quand il découvre le cadavre d’un berger, il conclut tout d’abord à un suicide. Mais les liens de la victime avec la famille basque Extepares le poussent à enquêter. Lorsqu’un jeune membre de cette famille sulfureuse débarque en ville et que les loups menacent la montagne, la tension monte d’un cran. Le pays des loups (Gallmeister, 2 novembre 2023, traduit par Sophie Aslanides ) marque le retour du shérif Walt Longmire dans son comté d’Absaroka. (feuilleter)
À signaler aussi La fille dans les serres de l’aigle (Actes Sud, novembre 2023, traduit par Hege Roel Rousson). Karin Smirnoff reprend les rênes de la saga Millénium et signe un thriller palpitant d’une actualité brûlante avec, en toile de fond, les conflits mal assumés des pays nordiques à l’heure de la transition écologique.
En version poche, vous trouverez déjà quelques exemplaires collector pour de petits cadeaux de Noël. Des couleurs pastels pour l’éditeur 1018 avec deux romans de Khaled Hosseni et un roman de Thomas Vinau. Des classiques (Jane Austen, Jack London) aux couvertures unies et colorées pour Folio. J’ai aussi repéré la nouvelle édition collector de L’homme-dé, chef d’oeuvre de Luke Rhinehart aux éditions Aux forges de Vulcain et celle de Pachinko de Min Jin Lee, une histoire puissante sur la résilience et la compassion selon Barack Obama chez Harper et Collins.