Vous avez envie de changer d’air, de partir loin de la grisaille, des pluies et vents violents qui s’abattent sur notre pays. La lecture offre toujours de nouveaux horizons. Voici une petite sélection littéraire qui devrait embellir votre mois de février.
Partons tout d’abord au Chili avec La quatrième dimension (Stock, 21 février 2018), dernier roman de Nona Fernández, qui a grandi sous Pinochet. Scénariste pour la télévision, alors que son pays prône la réconciliation nationale, le droit à l’oubli, elle décide d’écrire l’histoire de Andrés Antonio Valenzuela Morales, agent du renseignement des Forces Armées Chiliennes, qui en août 1984 avait témoigné (J’ai torturé) sur l’enlèvement, la torture et l’assassinat de milliers de personnes disparues. Nona avait treize ans mais ce témoignage l’a hantée, tout comme cette période pèse sur la mémoire des chiliens de sa génération. C’est le poids de cet héritage qu’elle traduit ici avec force et émotion.
Continuons avec de la littérature tchèque. Lenka HORŇÁKOVÁ-CIVADE, peintre et écrivaine née en 1971 dans l’actuelle république tchèque vit aujourd’hui en France. Giboulées de soleil (Alma, 2016) a obtenu le prix Renaudot des lycéens 2016. Son second roman, Une verrière sous le ciel (Alma, 1er février 2018) raconte le destin de Ana, une jeune fille envoyée en colonie de vacances en France par le parti communiste tchécoslovaque qui, à l’orée de ses dix-huit ans, refuse de rentrer dans son pays. Un récit d’initiation pour une jeune femme chargée d’un lourd passé et une auteure à découvrir.
Jens-Christian Gröndahl fait partie des auteurs qui excelle dans l’analyse de la relation de couple. Avec Quelle n’est pas ma joie (Gallimard, 8 février 2018), l’auteur y ajoute une facette sur l’acceptation du deuil. Elinor, soixante-dix ans vient de perdre Georg, son mari. Elle se confie à sa meilleure amie, Anna qui fut la première femme de Georg et la maîtresse du premier mari d’Elinor. Autrefois les deux couples étaient très liés et passaient leurs vacances ensemble. Rancoeurs, jalousie, au crépuscule de sa vie, Elinor oscille entre vengeance et compréhension. Une situation suffisamment complexe pour révéler le grand art de l’écrivain danois.
Pour vous sortir de la grisaille de ces jours hivernaux, Entrez dans la danse (Julliard, 1er février 2018) avec Jean Teulé. Une fois de plus, l’auteur s’empare d’un fait historique pour donner libre cours à son humour noir et sa fantaisie. En juillet 1518, une femme sort de chez elle pour aller noyer son enfant qu’elle n’a pas les moyens de nourrir. Désespoir, folie, elle se met ensuite à danser dans la rue du jeu des enfants. Très vite, un homme condamné à manger sa fille la rejoint. Puis d’autres danseurs tous aussi misérables. Si vous souhaitez connaître la suite de cette danse frénétique qui dura plus de deux mois et connaître la version « Teuléenne » de cette comptine alsacienne, entrez dans la danse !
Pour les amateurs de romans noirs, Caryl Ferey revient avec son héros récurrent, l’inspecteur borgne et déjanté, McCash dans Plus jamais seul (Gallimard, 8 février 2018). En vacances, McCash fait l’apprentissage de la paternité avec sa fille , Alice. Mais l’annonce de la mort accidentelle de son ami le plonge dans une enquête à haut risque.
Les formats poche permettent quelques rattrapages. Unidivers vous en avait parlé lors de sa parution chez Gallimard en avril 2016, M Train de Patti Smith paraît chez Folio le 8 février. L’auteur emmène son lecteur pour un grand voyage au coeur de ses inspirations.
Chez Points, retrouvez Un fils parfait (Prix Claude-Chabrol 2017 du roman noir), le roman poignant de Mathieu Menegaux qui campe le combat d’une mère contre le pouvoir judiciaire lorsqu’elle voit son mariage idéal voler en éclats.
Entre Chandeleur et Nouvel an chinois, lisez sans modération.