Même si le monde de l’édition et des libraires a déjà un pied dans la prochaine rentrée littéraire, laissons-nous encore bercer par la douceur du mois de mai…
Voici les belles rencontres qui vous attendent chez vos libraires. Commençons par un auteur habitué à livrer des romans poignants. Avec Est-ce ainsi que les hommes jugent ? (Grasset, 2 mai 2018), un titre qui n’est pas sans nous rappeler le poème d’Aragon, Mathieu Menegaux nous plonge dans le monde de l’injustice. Alors que Gustavo, directeur financier d’une multinationale est à un tournant de sa carrière, il est arrêté pour homicide volontaire. Son épouse va se battre pour prouver son innocence. Mais comment rétablir la balance de la justice dans un univers gouverné par l’émotion et la recherche immédiate d’un coupable ?
Alors qu’il voulait en finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis continue d’évoquer ses souvenirs intimes. Avec Qui a tué mon père (Seuil, 3 mai 2018), celui auquel on reprochait de dénigrer ses origines, lance un cri d’amour à son géniteur. Souvenirs anecdotiques, analyse sociale et politique se mêlent en un bref récit poignant pour comprendre qui a tué le père.
Continuons avec le thème de l’amour filial en évoquant le second roman d’Élodie Llorca, Grand bassin (Rivages, 2 mai 2018). Per quitte le Norrland pour venir en France. Ivar, un ami de sa mère l’héberge et lui trouve un travail à la piscine municipale. Certains objets le mettront sur les traces du passé d’Ivar et de ses propres souvenirs. Dans un style sans fioritures qui crée néanmoins une atmosphère prenante, Élodie Lorca nous plonge dans une quête identitaire, un jeu de piste psychologique à la recherche du père absent.
Littérature et arts font souvent bon ménage. Je ne résiste pas à l’envie de vous parler du nouveau roman de Jean Mattern, Le bleu du lac (Sabine Wespieser, 3 mai 2018). Viviane Craig, concertiste célèbre doit jouer lors de la messe funèbre de James Fletcher, un critique musical dont elle était la maîtresse en secret. Pourra-t-elle contenir son émotion ? En chemin dans le métro, elle déroule ses craintes, ses souvenirs, ses émotions. Subtil interprète du trouble amoureux et de la complexité des sentiments, Jean Mattern écrit un beau chant d’adieu et un vibrant hommage au pouvoir de la musique.
Côté littérature étrangère, le dernier volume de la saga de Carlos Ruiz Zafon va enchanter les nombreux lecteurs de cette histoire éminemment romanesque. Dans Le labyrinthe des esprits (Actes Sud), Alicia, l’orpheline de guerre, aujourd’hui adulte mène l’enquête dans la Barcelone franquiste des années de plomb, sur une série d’assassinats, suite à la disparition d’un ministre. Elle retrouve ainsi le libraire Daniel Sempere. Le talent de ce superbe conteur catalan vous enferre dans ce page turner empli d’intrigues, de passion et d’aventures.
Même s’il s’agit de théâtre (après tout, on en parle pas si souvent), impossible de passer sous silence un nouveau livre d’Alessandro Baricco. Smith & Wesson (Gallimard, 17 mai 2018), nous plonge dans les chutes du Niagara. Une journaliste veut tenter l’impossible, embarquant Smith et Wesson dans son projet loufoque.
Côté Polars, vous ne pourrez pas rater le dernier roman de Jean-Christophe Grangé, La terre des morts (Albin Michel, 2 mai 2018). Le commandant Corso enquête sur l’assassinat de strip teaseuses. Mais cette plongée dans le monde de la perversité réserve bien des surprises.
Citons aussi la sortie du roman d’Arnaldur Indridason, Passage des ombres (Métailié, 3 mai 2018), troisième tome de la Trilogie des ombres. L’inspecteur Konrad est face à deux époques. En enquêtant sur la mort récente d’un vieil homme, il tombe sur une histoire du meurtre d’une jeune couturière en 1944 pendant l’occupation américaine.
Dans les poches, et parce que Mayotte est toujours en danger, je vous conseille l’excellent roman dont Unidivers vous parlait en novembre 2016, Tropique de la violence (Folio, 17 mai 2018) de Nathacha Appanah. Plus romanesque, mais tout aussi sensible, Un paquebot dans les arbres (unidivers, août 2016) de Valentine Goby sort en format poche chez Babel.