Les actualités littéraires d’octobre 2025

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actulitteraire octobre 2025

Chaque année, le mois d’octobre marque un temps fort pour l’édition. Entre la rentrée littéraire qui bat encore son plein et les premières sélections des grands prix (Goncourt, Renaudot, Femina…), les librairies se remplissent de nouveautés largement attendues.

L’automne offre un cadre idéal à la lecture : les températures chutent doucement, les journées raccourcissent, et l’envie de se poser avec un bon roman, une tasse chaude à portée de main, se fait plus pressante. Octobre, c’est aussi le moment où les éditeurs publient des livres plus atypiques et un grand mois pour le roman noir.

Parmi les publications les plus attendues ce mois-ci, on retrouve des romans de science-fiction, des ouvrages illustrés ou des grandes traductions. À noter également, de belles surprises du côté de la bande dessinée avec notamment Là où tu vas d’Étienne Davodeau (Futuropolis, 8 octobre 2025).

etienne davodeau la ou tu vas

Octobre serait-il le mois des intrigues futuristes pour nos auteurs français ? On pourrait le croire avec les nouveaux romans de Bernard Werber et de Pierre Raufast.

Et si le dénouement d’une histoire de meurtre était dans La voix de l’arbre (Albin Michel, 1er octobre 2025, lire un extrait). Rose, jeune scientifique déterminée, a suivi son compagnon au cœur de la plus ancienne forêt de France. Mais cette sortie tourne au drame et la jeune femme se retrouve accusée de meurtre. Seul, un grand chêne, témoin du drame, connaît la vérité. Mais comment le faire parler ? Bernard Werber propose ici une aventure mystérieuse au suspense haletant.

Octomes (Aux forges de Vulcain, 10 octobre 2025), ce sont de nouvelles espèces issues de la recherche en xénogénomique. Elles sont au centre du nouveau roman de Pierre Raufast. Alors qu’il effectue une mission à bord de son W-Orca, Adam gravite trop près d’un trou noir et se retrouve propulsé dans le futur. Il découvre ce qu’est devenue la Terre en 2227. Dernier humain possédant les connaissances d’un monde passé, Adam devra jongler entre intrigues politiques et manipulations s’il veut que l’humanité survive.

Clara Dupont-Monod nous met face à La confrontation (Albin Michel, 15 octobre 2025) entre un négociateur du GIGN et un preneur d’otages. Ce pourrait être une situation banale pour Emile si le forcené ne prétendait pas s’appeler Elon Musk. Une joute verbale au rythme haletant.

Chacun connaît Terre des hommes, le superbe roman de Saint-Exupéry. Ce chef d’œuvre est aujourd’hui enrichi d’une cinquantaine d’illustrations de Riad Sattouf. C’est vraiment la meilleure occasion de relire Terre des hommes (Gallimard, version illustrée, 2 octobre 2025, lire un extrait).

En littérature étrangère, ce serait plutôt les mémoires d’outre-tombe. Puisque je vais vous parler d’auteurs aujourd’hui disparus.

Javier Marías (1951-2022) est considéré comme l’un des écrivains espagnols les plus marquants de sa génération. Los dominios del lobo, son premier roman, écrit en 1971, paraît pour la première fois en français sous le titre Le Domaine du loup (Gallimard, 9 octobre 2025, lire un extrait), dans une traduction de Marie-Odile Fortier Malek. Ce roman foisonnant et intensément vivant nous plonge dans l’Amérique des années 1920. À Pittsburgh, en novembre 1922, la mort d’une vieille tante déclenche la chute spectaculaire de la puissante famille Taeger. À travers cette débâcle familiale, Marías tisse une suite d’aventures à la fois trépidantes et rocambolesques, entre roman noir et mélodrame. Porté par une construction narrative audacieuse, multipliant les points de vue, et par une imagination débridée, Le Domaine du loup offre un récit truculent, haletant, d’une étonnante modernité.

Patrick White (1912–1990), grand écrivain australien et lauréat du prix Nobel de littérature en 1973, voit enfin l’un de ses chefs-d’œuvre traduit en français. L’Arbre de l’homme, publié en 1955, paraîtra le 3 octobre 2025 aux éditions Au vent des îles, dans une traduction de David Fauquemberg. Ce roman majeur, inédit en français jusqu’à aujourd’hui, retrace le destin de Stan Parker, un homme simple qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, s’installe dans une région isolée de l’arrière-pays australien. Il y emmène Amy, une jeune femme rencontrée lors d’un bal, et ensemble, ils fondent une famille. Peu à peu, d’autres habitants viennent peupler cette terre rude, marquée par les feux de brousse et les inondations, donnant naissance à une communauté façonnée par la nature et le temps. Avec une prose symbolique et saisissante, Patrick White livre une méditation puissante sur la condition humaine, le lien à la terre, et la beauté fragile de l’existence. Un roman profondément émouvant, à (re)découvrir absolument.

Nìkos Kokàntzis (1930-2009) est né à Thessalonique. En 1943, il découvre l’amour avec Gioconda. Juive, elle est emmenée à Auschwitz et n’en reviendra pas. En 1975, Kokàntzis décide de raconter leur histoire d’amour, pour que Gioconda revive à travers ses mots. Publié en 2002, ce roman lumineux d’une initiation amoureuse est un témoignage vibrant de sensualité malgré la haine et la mort qui rôdent. Les éditions de l’Aube publie Gioconda (3 octobre, traduit par Michel Volkovitch) dans une version illustrée par Anne Defreville.

Avec près de quatre-vingts parutions, la rentrée littéraire d’octobre offre un terrain fertile au roman noir. Le choix, forcément subjectif, s’est avéré délicat. Parmi les titres moins exposés médiatiquement, voici trois romans — français et étrangers — qui illustrent avec force la diversité et la richesse du genre.

Max Monnehay – originaire de Beauvais et lauréate du Prix du Premier Roman en 2006 pour Corpus Christine (Albin Michel) – s’est imposée depuis dans le paysage du thriller psychologique avec sa série centrée sur Victor Caranne, psychologue en milieu carcéral. Elle signe aujourd’hui Chiens fous (Harper Collins, 3 octobre 2025), son premier roman noir indépendant. On y suit Alano Garcia, avocat pénaliste, retiré dans le calme apparent d’un village andalou. Mais ce havre de paix est vite perturbé, peut-être en lien avec sa dernière affaire : celle de Vincent Sauriol, surnommé le Chien fou. Persuadé de son innocence, Alano replonge dans les zones d’ombre du dossier. Une plongée brute et captivante dans les arcanes de la justice et les profondeurs de l’âme humaine.

chiens fous monnehay

Après l’accueil enthousiaste réservé à Vine Street, Dominic Nolan revient avec White City (Rivages, 1er octobre, traduction de David Fauquemberg), un nouveau polar situé dans le Londres des années 1950. Au cœur de l’intrigue : l’un des plus grands braquages de l’histoire britannique. L’auteur explore les conséquences du casse d’un fourgon postal sur les malfaiteurs, leurs familles et la police. Entre un flic infiltré, un adolescent raciste et une fillette au courage inattendu, ce roman offre une puissante descente aux enfers, aussi sociale qu’émotionnelle.

Enfin, après sa trilogie athénienne, Jakub Szamalek change radicalement de décor avec La Station (Métailié, 3 octobre, traduit par Kamil Barbarski), un huis clos spatial haletant. Nous voici à bord d’un laboratoire orbital, théâtre d’une tension extrême. La commandante Lucy Poplaski est chargée d’enquêter sur une mystérieuse fuite d’ammoniac mettant en péril la station et son équipage international. Dans un contexte de rivalité exacerbée entre Russes et Américains, la méfiance règne. Entre sortie dans l’espace et intrigues géopolitiques, Szamalek nous offre un roman noir d’anticipation aussi palpitant que lucide sur les ambitions des puissances spatiales.

Et pour conclure, place à l’incontournable séance de rattrapage avec les romans en format poche. Souviens-toi des abeilles (Folio, 9 octobre 2025) de Zineb Mekouar est un magnifique conte ancré au cœur de l’Atlas marocain. On y suit l’histoire d’un petit garçon qui, en perpétuant l’amour de la terre et des abeilles transmis par sa famille, finit par lever le voile sur un lourd secret. Une lecture sensible et lumineuse.

Si vous êtes amateur de grandes aventures porteuses de sens, ne manquez pas La Bedondaine des tanukis (Zulma, 9 octobre, lire un extrait), un roman de Inoue Isashi, traduit du japonais par Jacques Lalloz. Véritable plongée dans le folklore nippon, ce récit fantasque et réjouissant mêle légèreté et sagesse avec une rare virtuosité.

Côté suspense, Freida McFadden, révélée en 2020 avec La Femme de ménage, est rapidement devenue une incontournable du thriller psychologique. La Femme de ménage voit tout (J’ai lu, 8 octobre, traduit par Karine Forestier) est le troisième opus de cette tétralogie autour de Millie. On la retrouve, désormais installée avec sa famille dans une nouvelle maison. Mais son rêve d’une vie paisible vire peu à peu au cauchemar.

Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.