En octobre 2018, les seconde et troisième sélections des grands prix littéraires vont continuer à extraire le meilleur des romans parus cet été pour arriver au couronnement de quelques titres. Mais, loin des récompenses, les belles parutions continuent…
Côté littérature française, de très belles belles plumes s’annoncent en octobre.
Le dramaturge Laurent Gaudé renoue avec la veine mythique d’un de ses premiers romans, La mort du roi Tsongor pour nous conter la légende de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée. Salina les trois exils (Actes Sud, octobre 2018), c’est le récit d’une héroïne mythique, une femme de larmes, de vengeance et de flamme.
Où vivre (Grasset, 3 octobre 2018), est un roman sur l’exil. Par l’intermédiaire de Marie, née en France dans les années 60, Carole Zalberg donne la parole aux membres d’une famille juive polonaise installée en Israël après la guerre. Un très beau récit sur les paradoxes d’Israël au gré des voix emmêlées de plusieurs générations.
Avec La nuit du cœur (Gallimard, 4 octobre 2018), le poète Christian Bobin ouvre nos yeux sur la beauté du monde. Après une nuit à Conques, dans une chambre d’hôtel donnant vue sur l’abbatiale du onzième siècle, l’auteur revient à sa solitude et à ses souvenirs pour écrire une grande lettre d’amour sur les merveilles insoupçonnées de la vie.
Octobre sera sans aucun doute le mois de Haruki Murakami avec Le meurtre du commandeur (Belfond, 11 octobre 2018), son nouveau roman qui déclencha la polémique à Hong Kong. Voici trois romans remarquables. Deux tomes pour une odyssée initiatique étrange, inquiétante, envoûtante, dans la lignée de 1Q84. Le maître Murakami y dévoile ses obsessions les plus intimes.
Mais laissons place à trois romans étrangers moins médiatisés :
William Boyle nous emmène avec tendresse à Brooklyn, dans le quartier de son enfance avec Le témoin solitaire (Gallmeister, 4 octobre 2018). Amy, jeune femme « rangée » après une jeunesse vouée aux turpitudes de la nuit se retrouve témoin d’un meurtre dans une rue déserte de Brooklyn. Ce roman est l’occasion pour l’auteur d’un retour aux sources.
Plongeons dans les années 60 au cœur de la famille Chance avec David James Duncan. Entre un père brisé et une mère bigote, Les frères K (Monsieur Toussaint Louverture, 4 octobre 2018) et les deux sœurs jumelles vont devoir trouver leur chemin dans une Amérique en pleine effervescence. Un roman ambitieux, intime et universel et surtout profondément humain.
Quittons l’Amérique pour Tel Aviv avec une comédie douce-amère de Eshkol Nevo. Les habitants d’un immeuble de Trois étages (Actes Sud, octobre 2018), paranoïaques et tourmentés par leur conscience se croisent peignant ainsi le portrait d’une société meurtrie par les affaires politiques et traversées par une profonde crise identitaire.
La météo d’octobre vous réservera-t-elle quelques frissons ? Rien n’est moins sûr… Par contre, vous pouvez compter sur quelques romans noirs.
Commençons par Lola (Seuil, 4 octobre 2018), un premier roman, celui de Melissa Scrivner Love, scénariste sur de grandes séries américaines (Les experts, Person of Interest), fille de policier dans la banlieue de Los Angeles. Autant dire qu’elle connaît le milieu. Lola est la copine d’un chef de gang, mais elle rêve de se faire un nom. Cette héroïne aussi dure que passionnée emmène le lecteur dans une course contre la montre, un thriller redoutable.
C’est Sur le ciel effondré (Le Rouergue, octobre 2018) de la Guyane que Colin Niel, lauréat du Prix Landernau Polar 2017 avec Seules les bêtes (Le Rouergue, janvier 2017) vous entraînent dans le sillage de l’adjudante Angélique Blakaman. Promue grâce à une conduite héroïque en métropole, elle obtient sa mutation dans le Haut Maroni où elle a grandi. Immenses forêts, territoires ancestraux la changent de son décor urbain. Avec le capitaine Anato, prêt à enfreindre toutes les règles pour leur survie, elle s’engage dans la Guyane secrète pour défendre son village.
Côté Poches, et pour continuer dans le roman noir, retrouvez le dompteur de lions (Babel, octobre 2018) de Camilla Läckberg. L’écrivaine Erica Falk déterre une vieille histoire du meurtre d’un dompteur de lions et son mari enquête sur l’accident en forêt d’une jeune fille retrouvée atrocement mutilée. Peut-être un des romans les plus violents de la reine du polar suédois.
Avec La danse de l’araignée (Folio, 18 octobre 2018), Laura Alcoba poursuit son récit autobiographique sur l’exil. Installée en France avec sa mère, la jeune fille vit son adolescence avec en arrière-plan les souvenirs d’Argentine, la correspondance avec son père emprisonné et la survenue de la maladie d’Amalia.