En 2014, le Rennais Adrien I. réalise son rêve et part découvrir le Japon. Ce qui devait être un simple voyage touristique est devenu un projet de vie puisqu’il y habite encore aujourd’hui ! L’homme de 33 ans a raconté à Unidivers son expérience au Pays du Soleil-Levant. Découvrez l’une de ces histoires de vie qui alimentent le fleuve Histoire.
Comme beaucoup d’enfants des années 90, Adrien a grandi avec la fin du Club Dorothée – Dragon Ball Z, Les Chevaliers du zodiaque, etc. – avant de s’abreuver des mangas de sa génération comme Naruto, One Pièce, Bleach, etc. Au lycée, il passe au niveau supérieur : il s’attaque aux dramas japonais et s’intéresse à la culture du pays. « Il avait l’air de faire bon vivre là-bas. Ce mode de vie différent me tentait et m’a donné envie de voyager. » Le jeune homme, âgé de 23 ans à l’époque et employé à la boutique Printemps du centre commercial Alma, fait les démarches sur un coup de tête et s’envole 3/4 mois plus tard, sans savoir parler le japonais, mais débrouillard en anglais. En poche : un visa working holiday, dispositif qui permet de partir travailler dans un pays étranger pendant un an tout en pouvant le visiter. Son objectif en arrivant à Tokyo : retrouver un Français, qu’il a contacté sur un forum et qui y vit depuis des années, au Macdonald de la station Shinjuku (un des quartiers de Tokyo) pour qu’il l’héberge une ou deux nuits.
« Le soir de mon arrivée a été catastrophique », annonce-t-il d’emblée. Après son lot de péripéties stressantes, Adrien retrouve Michael, la personne avec qui il avait rendez-vous. « J’ai eu plus de trois heures de retard au point de rendez-vous, mais il était toujours là à m’attendre… » Il trouve un logement et, grâce à sa formation au lycée Louis Guilloux, un travail en restauration dans les jours qui suivent dans le quartier français de Tokyo.
« Pour immigrer au Japon, comme dans les 3/4 des pays où les personnes veulent s’installer, il faut savoir qu’il est nécessaire d’avoir un bac+3 minimum. On n’insiste pas assez là-dessus dans les lycées pros. »
Après un retour en France express pour valider une licence (et quelques stages effectués au Japon), Adrien repart en 2017. En 2020, il monte sa boîte de vente de figurines, cartes et autres objets en ligne, Jap’On Demande. Expatrié depuis 10 ans, l’entrepreneur conserve tout de même un lien avec la Bretagne par le biais de sa société en participant à des événements culturels bretons. En juin dernier, Jap’On Demande a, par exemple, sponsorisé la convention BreizhCon de Saint-Malo. « Ça ne me donne pas beaucoup de visibilité, mais si je peux aider des associations qui souhaitent créer des connexions avec le Japon et partager, je le fais avec plaisir. »
De nature sociable, Adrien s’est facilement adapté aux us et coutumes du Pays du Soleil-Levant même s’il avoue avoir rapidement été confronté à la différence de culture. « Les Japonais n’affichent pas ce qu’ils pensent, ils vous disent ce que vous avez envie d’entendre. J’ai eu du mal à l’accepter, parce que j’étais jeune quand je suis arrivé, je ne comprenais pas. » Le Rennais a aussi fait face au racisme existant dans le pays. « En France, le racisme est plus insidieux, on ne le montre pas ouvertement. Au Japon, un étranger est un étranger quelque soit sa couleur de peau, ils n’ont aucun complexe à l’afficher. » Il se souvient d’ailleurs encore d’une réponse qu’il a reçue en voulant visiter son premier appartement : « Ici, on ne prend pas les étrangers ni les chiens ». Il nuance néanmoins : « La grande majorité des Japonais sont très ouverts et bienveillants, beaucoup cherchent à vous aider. »
Le rapport à l’autre est aussi différent, notamment le sens de l’amitié, du moins avec ce qu’il a connu à Rennes : des relations fortes et fraternelles. « Ce n’est pas dans leur éducation et leur culture », nous apprend-il en avouant que la barrière de la langue a aussi joué. « J’ai plus de facilité à me connecter à ceux qui ont vécu à l’étranger, car ils ont changé d’état d’esprit à ce sujet. » Adrien s’est cependant épanoui dans ce pays où il se sent plus à sa place. « Je ne me suis jamais senti aussi en sécurité », avoue-t-il. « Un jour, après avoir fait mes courses à vélo, j’ai perdu mon portefeuille. Quand je suis reparti le lendemain matin, il était en fait toujours dans le panier de mon vélo… »
« C’est très pratique de vivre à Tokyo, les magasins sont tout le temps ouverts. Les gens qui y travaillent sont polis et veulent vraiment vous rendre service. »
Dans ce pays où il se sent chez lui, Adrien a fait l’ascension du mont Fuji pour voir le soleil levant, découvert le parc d’attractions Universal Studio Japan d’Osaka avec le parc Mario, visité le village inscrit au patrimoine de l’UNESCO Nikkō, foulé Hiroshima avec l’équipe d’une chaîne télévisée. « Voir le musée du Mémorial de la paix d’Hiroshima a été très marquant », précise-t-il.
« Si je devais donner des conseils à un jeune moi ce serait de faire des études, au minimum une licence, partir avant ne sert pas forcément. Apprendre l’anglais aussi même si c’est un peu négligé en France. Et ne pas avoir peur, y aller au culot. Il faut savoir saisir les occasions qui se présentent », énumère-t-il. Comme un personnage le dit dans le manga Captain Tsubasa : « Il vaut mieux regretter d’avoir agi plutôt que de regretter son inaction. » Y a-t-il une meilleure citation de fin pour continuer à croire à ses rêves ?