L’alerte est tombée début juillet 2025 : deux spécimens adultes du scarabée japonais (popillia japonica) ont été capturés dans des pièges à Mulhouse et à Saint-Hippolyte, dans le Haut-Rhin. Il ne s’agit pas encore d’une invasion massive, mais d’un signe avant-coureur, inquiétant.
Ces individus ont vraisemblablement voyagé en clandestins dans des convois de fret, des voitures ou des camions franchissant la frontière depuis la Suisse ou l’Italie, où l’espèce est déjà bien installée. Depuis 2014, elle a conquis le nord de l’Italie, puis la région de Bâle dès 2017. Ces foyers transalpins ne sont plus qu’à quelques kilomètres de nos vergers et vignobles. La France entre donc dans une phase de vigilance active. Le temps presse.
Qui est cet insecte ? Portrait d’un ravageur discret
Popillia japonica ressemble à un petit bijou vivant : 10 mm à peine, un corps vert métallique irisé, des élytres brun cuivré, et dix touffes de poils blancs caractéristiques le long de l’abdomen. Mais ne vous y trompez pas : derrière cette apparence charmante se cache un redoutable ravageur. Originaire d’Asie de l’Est, ce coléoptère a été introduit accidentellement aux États-Unis en 1916. Depuis, il s’est métamorphosé en fléau agricole. Il a mis un siècle à traverser l’Atlantique — mais seulement quelques années pour traverser l’Europe.
Pourquoi faut-il s’en inquiéter ?
Ce scarabée est polyphage, autrement dit : il mange tout.
- Les adultes dévorent le feuillage, laissant les feuilles réduites à l’état de dentelles.
- Les larves, elles, vivent dans le sol et s’attaquent aux racines, provoquant le flétrissement des plantes et la mort des gazons entiers.
Ce prédateur touche plus de 300 espèces végétales : haricots, pommes, vignes, rosiers, érables, gazons, maïs, pruniers… La liste est longue, et l’Anses parle de 400 espèces menacées. En particulier, la viticulture française est en ligne de front.
Selon des estimations européennes, les dégâts annuels pourraient coûter jusqu’à 7,8 milliards d’euros si l’espèce s’implantait largement. En France, l’impact serait à la fois économique, environnemental et paysager.
Comment le reconnaître ?
Voici ses signes distinctifs :
| Caractéristique | Détail |
|---|---|
| Taille | 8 à 11 mm |
| Couleur du corps | Vert métallique brillant |
| Élytres | Brun cuivré, lisses |
| Marques spécifiques | 5 touffes de poils blancs de chaque côté de l’abdomen |
Ce dernier point est le critère le plus sûr pour le distinguer d’autres coléoptères européens inoffensifs
Que faire pour s’en protéger ?
Surveillance et signalement
- Renforcement du piégeage dans les zones frontalières (phéromones, attractifs floraux)
- Inspection régulière des parcs, cultures et jardins
- Toute observation suspecte doit être signalée à la DRAAF ou sur le site ephytia.inra.fr, avec photo, localisation précise et nom de la plante concernée
Lutte contre les adultes
| Méthode | Détail |
|---|---|
| Pièges à phéromones | À vider chaque jour |
| Ramassage manuel | À effectuer tôt le matin, les scarabées sont moins vifs |
| Aspirateur | Solution efficace pour petits jardins |
| Pulvérisation d’huile de neem | Répulsif naturel pour feuillage sensible |
| Insecticides de contact | Pyréthrines, à utiliser en cas d’infestation confirmée |
Lutte contre les larves (dans le sol)
| Méthode | Efficacité |
|---|---|
| Labour en automne | Expose les larves au froid et aux prédateurs naturels |
| Nématodes entomopathogènes | Steinernema, Heterorhabditis : efficaces en sol drainé |
| Bacillus popilliae (milky spore) | Cible spécifiquement les larves, effet à long terme |
| Champignons entomopathogènes | Beauveria bassiana : utilisé en pulvérisation ciblée |
Une stratégie européenne coordonnée
Le projet IPM‑Popillia, soutenu par l’Union européenne via Horizon 2020, structure une réponse intégrée à l’échelle du continent :
- Détection précoce assistée par intelligence collective
- Combinaison de méthodes : piégeage, biocontrôle, répulsifs
- Mobilisation citoyenne via des applications de signalement
- Coopération transfrontalière entre États et régions
En résumé : votre rôle compte
| Action | Objectif |
|---|---|
| Surveiller et signaler | Intervenir avant la dispersion |
| Combiner les méthodes | Stopper le cycle de vie du ravageur |
| Mobiliser votre entourage | Favoriser la lutte collective et coordonnée |
Et dans votre jardin ?
- Apprenez à reconnaître le scarabée japonais
- Installez un piège attractif dès juillet
- Inspectez régulièrement feuillage et gazon
- Ramassez ou aspirez les individus repérés
- Signalez tout cas suspect aux autorités locales
Agir vite, c’est éviter une implantation durable. Vous êtes la première ligne de défense contre l’invasion silencieuse du scarabée japonais.
Pour toute alerte ou signalement :
https://ephytia.inra.fr
