Etoile nationale portugaise du fado, Ana Moura n’est pas une chanteuse comme les autres. Elle n’aime pas les formules calculées et encore moins, se retrouver statique dans un genre ou dans un son unique. Aux côtés de Branko et Conan Osiris, elle a créé une pop hybride aux accents fado non dénués d’un certain kitsch madonnien.
“Vinte Vinte (Pranto)” est l’aboutissement d’un parcours absolument extraordinaire où les applaudisse- ments du public vont de pair avec la reconnaissance des plus grandes stars de la musique, et la consécration d’un succès international.
Elle ne dure que 4 minutes et 14 secondes, mais cette chanson est différente. Elle renferme des mondes, des idées lumineuses et des possibilités excitantes. C’est le début de quelque chose de nouveau, le début d’un avenir qui se veut lumineux.
Tout d’abord, il y a Ana Moura. Un bijou qui porte en elle le fado Portugais, mais aussi la chaleur d’une Afrique qu’elle connaît depuis son enfance, enseignée par sa mère aux racines angolaises. Il n’y a pas d’autre voix que celle d’Ana Moura. Une voix qui se promène librement dans la tradition, tout en flirtant élégamment avec la musique pop et étendant la portée de la chanson de Lisbonne de manière personnelle.
Ce qui la distingue, ce n’est pas seulement son timbre profond et sensuel, qui charmait Prince, Gilberto Gil et the Rolling Stones, Ana Moura transforme simplement toute mélodie sur laquelle elle pose sa voix et lui donne un caractère magique. Il s’agit d’une attache immédiate, d’une explosion émotionnelle tirée sans contemplation jusqu’au cœur de ceux qui l’entendent.
Ici, elle se révèle une chanteuse à part entière, mais plus encore: l’interprète d’une grande histoire, une istoire qui vient de loin et qui nous parvient jusqu’ici. Dans le grain de sa voix se dessinent des mondes. Certains nous paraissent proches et familiers, d’autres plus lointains, mais on a quand même le désir de s’y plonger tant ils sont prometteurs. Il y a une vie dans la bouche d’un loup, chante-t-elle. Sa bouche, c’est celle qui embrasse quand elle chante.
Branko, artiste fondamental au Portugal aujourd’hui est un musicien qui a voyagé dans le monde entier, qui s’est inspiré de la diaspora mondiale Portugaise et qui a supervisé la production, la pulsation et la ca- dence mélancolique de la chanson. Issu de Buraka Som Sistema, Branko est un artiste expérimenté qui comprend que dans notre mémoire musicale, se cachent des trésors qui nous aident à repenser l’avenir.
Et enfin, il y a Conan Osiris. Qui est-il? Il est notre passé et notre avenir, notre alpha et notre oméga, un poète d’une brillance si intense qu’il aveugle ceux qui l’entourent. C’est un homme de mots et d’idées, qui prend des risques, qui a le fado en lui mais qui incarne un pays qui a assumé les coordonnées orientales et méridionales de son art.
C’est donc “Vinte Vinte (Pranto)“ – une chanson qui regarde vers l’avenir. Une chanson qui traverse des mers jamais naviguées, d’ici à la Chine et revient dans le pli d’une mélodie, qui a la douleur et l’espoir d’une grande voix. Elle fait partie de 2020, la plus étrange des années, mais restera comme le début d’un chemin inévitable. On l’entendra dans 100 ans.
Ana Moura, Branko, Conan Osiris – Vinte Vinte (Pranto) (Official Video) sort le 26 mars 2021 via M.A.R et Embassy of Music.
Ana Moura
Lorsqu’elle est montée sur scène avec Prince, Ana Moura avait déjà une carrière. Sa relation avec la musique a commencé bien avant qu’elle ne mette les pieds pour la première fois dans un studio : peut-être quand, encore dans le ventre de sa mère, elle entendait chanter le fado, mais aussi la musique des platines de la maison qui passaient des disques de Fausto et Ruy Mingas, de José Afonso et de Bonga.
Avec ses racines familiales en Afrique, il y a peut-être même un écho lointain porté par son patrimoine génétique qui l’avait déjà poussé à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Mais il y avait un parcours à bâtir, bien sûr. Elle a commencé par apprendre avec ses parents, qui chantaient dès qu’ils le pouvaient. Jeune fille, en même temps qu’elle apprenait à lire, elle chantait le fado avec le même effort et la même innocence que pour la danse de la semba et du kizomba.
Ses premiers albums, Aconteceu et Para Além da Saudade, lui ont permis d’afficher succès sur succès et d’élargir ses prestations audience et construire un public. Des meilleures maisons de fado de Lisbonne, elle est passée au Carnegie Hall de New York et de là au Rolling Stones Project, une aventure menée par le saxophoniste du mythique groupe britannique, Tim Ries, qui a mélangé le répertoire de Mick Jagger avec des interprètes sélectionnés dans différentes parties du monde comme Ana Moura, qui a offert ses versions de “Brown Sugar” et “No Expectations”.
“Elle a une présence et une voix formidables”, a déclaré le Guardian en 2016, reconnaissant la force qui se traduit par le talent, le courage et la vision, et qui a été le vecteur le plus important d’une carrière qui n’a jamais cessé de se tourner vers l’avenir.