Un roman initiatique signé par l’une des épouses de Godard et petite-fille de Mauriac, Anne Wiazemsky. Un parcours qui va débuter aux abords de mai 68, période de leur mariage, pour se terminer un été. Entre les deux, c’est un festival de festivités où d’incroyables personnages croisent tous les protagonistes de la fameuse Nouvelle Vague. Période un peu folle avec des gens un peu fous.
Si le début du récit se concentre sur la rencontre entre l’écrivaine et le metteur en scène, la suite dérive… bien au-delà. L’objectif pointe sur un Mauriac pour en donner une image peu connue et consistante, plus ouvert qu’il n’y parait. On y découvre un Truffaut délicat. C’est d’ailleurs le premier attrait de ce livre : découvrir des représentants d’une bourgeoise qui sort de son cercle grâce à l’amour d’un homme et à la passion du cinéma.
On y découvre aussi l’atmosphère politique du moment, en plein mai 68. On y croise des grands et petits philosophes, des anarchistes farouches, une insouciance partagée.
On y découvre aussi le tournage de La Chinoise raconté en détail.
Quant à Godard, c’est un épisode sentimental là encore peu connu : quand il délaisse le cinéma et ne s’intéresse au plateau d’un film que parce que sa promise s’y exhibe. On s’amuse de cette amourette qui va devenir au fil du temps et des aventures vécues, un amour avec un grand A. On tremble avec l’une des familles tout à fait opposée à cette relation. Les cercles n’étant pas très compatibles…
Un beau témoignage personnel, facile à lire, qui révèle un Godard peu connu et se couple intelligemment à la description d’une époque.
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261 pages, éditions Gallimard (2 janvier 2012), 17,75€
Présentation de l’éditeur
Juin 1966 : Anne, la narratrice vient d’envoyer une lettre laudative à Jean-Luc Godard. Elle ne connaît pas le cinéaste de la Nouvelle vague, c’est à peine si elle l’a croisé sur le tournage de Au hasard Balthazar un an auparavant. Anne a 19 ans, elle a échoué au baccalauréat et s’apprête à passer la session de rattrapage de septembre. Un soir, Anne reçoit un coup de téléphone de Jean-Luc Godard, qui lui annonce qu’il désire très vite la rencontrer. C’est le point de départ de leur histoire d’amour. Bien que de vingt ans son aîné, le cinéaste souhaite l’épouser. De son côté, la jeune femme est profondément troublée, car cet homme lui révèle pour la première fois les délices de l’amour physique, mais elle ne supporte pas sa jalousie maladive, d’autant plus que sa mère et son grand-père sont très hostiles à leur relation. Pendant plusieurs mois, ceux-ci vont s’opposer à ce que Anne fréquente Godard, invoquant des arguments spécieux qui révèlent la nature conservatrice de leur opinion sur l’éducation des jeunes filles. Mais la narratrice ne veut pas céder, en dépit de la profonde affection qu’elle leurs porte, et se rebelle contre ce carcan misogyne. Après avoir réussi les épreuves de rattrapage du bac, elle s’inscrit en Philosophie à Nanterre. De nouveaux horizons s’ouvrent à elle : nouveaux camarades, nouveaux quartiers de Paris, nouvelles idées politiques… Un hurluberlu aux cheveux rouges, un certain Daniel Cohn-Bendit, la poursuit dans les couloirs de la fac en criant joyeusement « Solidarité des rouquins ! Solidarité des rouquins ! ». Début 1967, Jean-Luc Godard commence à tourner le film La Chinoise, dont il a écrit le premier rôle pour Anne. Adieu philosophie, cette « année studieuse » aura été celle de l’école de la vie. Roman d’apprentissage, Une année studieuse est aussi le reflet passionnant d’une époque, la fin des années 1960, où la France est en train de connaître de grands bouleversements politiques, idéologiques moraux et artistiques. Toutes ces dimensions habitent le récit : d’abord la narratrice elle-même, qui en s’opposant à sa famille révèle un fossé générationnel ; ensuite l’histoire d’amour entre Godard et Anne, symptomatique d’un changement de moeurs ; le cinéma de Godard, iconoclaste et radical ; la description de la faculté de Nanterre et des frasques de « Dany le Rouge », prémices des événements de Mai 68… Un livre remarquable d’intelligence et de vivacité.
Biographie de l’auteur
Comédienne, romancière et nouvelliste, Anne Wiazemsky a tourné très jeune avec Bresson, Pasolini (Théorème), Jean-Luc Godard (La Chinoise), Marco Ferreri, Philippe Garrel, avant d’aborder le théâtre (Fassbinder, Novarina) et la télévision. Elle est notamment l’auteur de Des filles bien élevées (Grand Prix de la nouvelle de la Société des Gens de Lettres, 1988), Canines (prix Goncourt des lycéens, 1993), Hymnes à l’amour (1996, prix RTL-Lire) Une poignée de gens (1998, Grand prix de l’Académie française). Elle a récemment publié aux Editions Gallimard Aux quatre coins du monde (2001), Sept garçons (2002), Je m’appelle Elisabeth (2004), Jeune fille (2007), Mon enfant de Berlin (2009). Son oeuvre, publiée dans la collection blanche, est également disponible en Folio.
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