Annie Ernaux prix Nobel, quelle claque !

Oui, quelle claque pour notre milieu littéraire parisien, cet entre-soi/entre-tien qui fait et refait le monde comme le jour et la nuit des lettres. De quoi parlons-nous ? Eh bien du nouveau Nobel attribué à Annie Ernaux ! Un simple Prix Renaudot pour La place et quelques autres babioles pour ses autres romans, puis la lumière, la vraie, la seule, l’immense, celle qui vient de l’étranger, celle qui n’a pas suivi les chemins tortueux des maisons d’édition dont les pignons sont sur rue à Paris.

Vous me direz, Annie Ernaux n’est pas la seule à avoir manqué les grands, les Goncourt, Médicis, Femina ou encore celui de l’Académie Française. Vrai, Le Clézio est un frère jumeau pour ce qui concerne les distinctions littéraires (Renaudot) quand Modiano les collectionne. Claude Simon, sa plume aux éditions de Minuit, est mieux loti avec son Médicis. Camus fait pire avec son seul prix des critiques pour La Peste, prix aujourd’hui disparu. Et pourtant L’Étranger… Sartre le battra à plate couture puisque lui n’aura reçu aucune distinction et qu’il ira jusqu’à refuser le Nobel.

annie ernaux

Vous imaginez, n’est-ce pas, les critiques relisant aujourd’hui fébrilement leurs recensions en revenant des années en arrière. Près de 50 ans depuis les Armoires vides. Certains ou certaines vont vous assurer avec une prétention sans faille « vous n’avez pas voulu m’écouter et pourtant je vous l’avais bien dit ». D’autres vont refermer très vite leurs archives la peur au ventre qu’un collectionneur anonyme de journaux/magazines ou qu’un passionné des livres d’Annie Ernaux ne retrouve leurs notes de lecture et n’en fasse dans la presse des gorges chaudes. Il y a aussi ceux et celles qui, par prudence toujours, savent souffler sur un écrivain le chaud en entretenant le froid de façon à se couvrir pour les demains qui chantent ou déchantent. Il ne manquera dans ce concert de voix aucun politique. Enfin, presque. L’auront-ils seulement lue ?

Vous imaginez comme moi l’effervescence rue Gallimard pour tirer le meilleur de ce qui est disponible et surtout des retirages, des traductions à venir, des rencontres, des émissions radio-télé-visuelles. Ces affaires littéraires n’ont rien d’obscur, ce sont simplement des affaires. Bien sûr, la présence d’Annie Ernaux dans la collection Quarto en lieu et place de la Pléiade ne joue pas en faveur des choix éditoriaux passés. Quoique Quarto (pardonnez-moi cette succession difficile à mâcher) accueille des gens bien sous tout rapport. L’ami Georges Perros pour n’en citer qu’un. Et puis demain n’est pas perdu pour tout le monde. Houellebecq, ce cher Michel, champion hors catégorie de Flammarion avec Goncourt, Novembre, Interallié doit déjà piaffer d’impatience. Inutile de vous donner la liste entière, vous la connaissez comme moi.

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Jean-Louis Coatrieux
Jean-Louis Coatrieux est spécialiste de l’imagerie numérique médicale, écrivain et essayiste. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment aux éditions La Part Commune et Riveneuve éditions.

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