Entre les nuages de la mémoire et l’éclaircie d’une belle rencontre, Antoine Choplin nous propulse avec douceur dans le ciel partiellement nuageux d’un astronome chilien.
Ernesto Guttierez quitte momentanément son observatoire de Quidico et son chat nommé Le crabe pour se rendre à Santiago. Il a rendez-vous au bâtiment de la Fondation afin d’obtenir une subvention pour l’achat d’une lame de Schmidt pour Walter, son vieux télescope.
Comme à chacune de ses visites dans la capitale, il aime flâner au palais de la Moneda, dans les vieux quartiers pour terminer inévitablement au musée de la Mémoire. Là, sur le mur des disparus, il contemple la photo de Paulina, son ancienne compagne.
C’est dans cette salle qu’il surprend la fébrilité d’une jeune femme aux longs cils noirs, à la fossette haut placée et au chignon prêt à se défaire.
Ernesto est plus à l’aise la tête dans les étoiles, à observer les courants magellaniques ou les nébuleuses. Son bonheur, il le puise à Quidico avec Le Crabe, ses amis mapuches, son carnet de dessins d’oiseaux étranges et sa poésie. C’est un homme qui aime voir loin, vers l’horizon ou les étoiles.
Dans un télescope, « ce qu’on observe, c’est des objets qui s’éloignent. Et en plus, on les voit comme ils étaient il y a pas mal de temps. » Comme Paulina ou les personnes que l’on a aimées.
Il lui faudra retourner à Santiago pour oser aborder Ema, cette femme fragile, marquée d’une autre manière par les disparitions de la dictature de Pinochet.
Pour oublier l’ombre de l’histoire, il faut savoir embrasser l’horizon. Tels les totems construits par Diego, un artiste mapuche ami d’Ernesto, qui de leur prairie triangulaire observent au-delà de la falaise l’océan et l’île aux Morts.
Les Mapuches continuent à faire face aux disparus, ils aiment se souvenir d’eux.
Avec une belle douceur, nous assistons à la rencontre fragile de deux êtres marqués par les blessures du passé. Au fil de leurs longues marches dans les paysages sublimes du Chili, Santiago, Valparaiso, Quidico, ils s’apprivoisent, se découvrent, se complètent.
La grâce, la précision et l’humanité d’Antoine Choplin nous font vivre un moment magique entre les douleurs du passé et la lumière de l’avenir. Une rencontre à ne pas rater.
Partiellement nuageux d’Antoine Choplin. Editions La Fosse aux ours, 17 janvier 2019, 144 pages, 16 euros, ISBN : 9782357071391.
Antoine Choplin
Romancier et poète français né à Châteauroux en 1962, Antoine Choplin a reçu le Prix du Roman France Télévisions en 2012 pour La nuit tombée ( La fosse aux ours, 2012) et le Prix Louis-Guilloux en 2017 ( Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar ( La fosse aux ours, 2017). Il vit actuellement dans l’Isère où il est directeur artistique du festival de l’Arpenteur.