Avec l’application JAM, expérimentez un ménage à plusieurs…

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app jam rennes

Un placard, c’est du mètre carré immobilisé. À Rennes, où les logements se compactent et où l’on veut (souvent) respirer plus que stocker, une bascule s’opère : garder l’essentiel chez soi et accéder au reste quand il le faut. Avec JAM, l’objet occasionnel ne disparaît pas : il circule. Et c’est toute notre manière d’habiter, de consommer et de “s’équiper” à l’échelle du quartier qui se redessine.

Une perceuse qu’on utilise dix minutes par an. Une shampouineuse sortie une seule fois l’hiver. Une sono pour une fête, une tente pour trois nuits, un appareil à raclette pour un dimanche. Dans une ville où les logements se font plus compacts et où la vie urbaine accélère, une idée gagne du terrain : tout posséder devient moins rationnel que de pouvoir accéder à tout. Avec JAM, application rennaise de location d’objets entre particuliers disponible à Rennes et désormais également à Montpellier, ce basculement se donne à voir au ras du quotidien. Ce n’est pas l’avènement d’une “ville sans propriété”, mais plutôt l’émergence d’un monde domestique à deux vitesses : une partie des objets “monte” (on les garde), une autre “circule” (on y accède), au prix d’arbitrages très concrets. Alors nos placards vont-ils se vider ?

Dans les foyers urbains, le tri s’organise déjà, souvent sans qu’on le formule : d’un côté, l’essentiel stable (ce qui sert souvent, ce qui est intime, ce qui doit être disponible immédiatement) ; de l’autre, l’occasionnel (ce qui coûte cher, prend de la place, sert rarement, ou traverse des “phases” de vie).

  • Ce qui “monte” et reste chez soi : le petit électroménager quotidien, le linge, le matériel personnel, les objets d’hygiène, les indispensables de cuisine, quelques outils de base. La règle est simple : fréquence + intimité + disponibilité.
  • Ce qui “circule” de plus en plus facilement : les gros outils, le matériel de nettoyage “coup de boost”, l’événementiel (sono, lumières), le plein air (tentes, porte-vélos), certains équipements enfant de courte durée, et ces objets “de convivialité” qui ne vivent que par épisodes.

JAM ne crée pas cette division, elle l’outille. Elle rend praticable une intuition contemporaine, mieux vaut un accès fiable qu’une possession encombrante, surtout quand chaque mètre carré pèse dans le budget et dans la tête.

JAM en mode “gratuit + crédits”

Ces dernières semaines, JAM a annoncé une évolution forte de son modèle. L’application devient “100 % gratuite” pour les utilisateurs, et les échanges passent désormais par des crédits obtenus notamment en publiant ses objets et en contribuant à la communauté. L’idée est de faire baisser la barrière psychologique du “paiement” pour favoriser un réflexe d’accès.

  • Effet d’usage : l’arbitrage “j’achète / je loue” se transforme en “j’accède / je stocke”.
  • Effet social : le modèle peut avantager ceux qui sont déjà équipés (ils peuvent prêter et “gagner” des crédits) et être moins intuitif pour ceux qui ont peu d’objets à mettre en circulation.

Autrement dit : la question n’est plus seulement monétaire ; elle devient une question de capacité à participer (temps, équipement, logistique, aisance numérique), ce qui rejoint directement les “handicaps” de l’accès.

Le grain du quotidien, les arbitrages que tout le monde reconnaît

Ce qui rend le phénomène intéressant, c’est qu’il ne se décide pas en théorie, mais au niveau d’une micro-économie domestique. Chacun fait ses comptes, mais aussi ses calculs invisibles :

  • Le coût : acheter pour un usage rare, c’est immobiliser de l’argent. Accéder, c’est payer (ou échanger) au moment utile.
  • La place : un objet, ce n’est pas seulement son prix ; c’est un volume, une cave, un placard, un coin de pièce qu’on ne récupère jamais.
  • La disponibilité : l’objet qu’on garde est celui qui doit être là tout de suite. L’objet qui circule est celui qu’on peut planifier.
  • La charge mentale : trouver, réserver, récupérer, rendre. Si l’échange est simple, l’accès gagne. Si c’est pénible, la propriété reprend le dessus.

À Rennes, ville étudiante et mobile, cet arbitrage est presque structurel. On déménage plus, on stocke moins, on se rééquipe plus souvent. Le “superflu” devient naturellement candidat à la circulation, à condition que l’accès soit fiable et que la confiance tienne.

Les “handicaps” de l’accès : pourquoi la circulation ne remplacera jamais tout

Un monde où l’occasionnel tournerait en continu entre les habitations a quelque chose d’élégant. Mais au plan pratique, l’accès rencontre des obstacles très concrets. Ce sont eux qui dessinent les limites du modèle, et qui expliquent pourquoi le futur sera hybride.

  • La confiance : plus l’objet est cher, fragile ou complexe, plus la peur de la casse et du litige pèse. Le partage adore les objets robustes ; il hésite devant les objets “à risque”.
  • L’hygiène et l’intime : certains objets se prêtent mal, non par principe moral mais par évidence corporelle (literie, casques, certains accessoires).
  • La disponibilité au mauvais moment : si l’objet n’est pas là quand il faut, la propriété redevient une assurance. L’accès doit être prévisible pour devenir un réflexe.
  • La logistique : l’échange nécessite du temps, des rendez-vous, parfois un véhicule, parfois des escaliers. Le partage a une géographie : il favorise ceux qui ont du temps, de la souplesse, ou un réseau dense autour d’eux.
  • La fracture numérique et la barrière d’usage : s’inscrire, comprendre l’interface, gérer un litige, évaluer… Tout le monde n’a pas la même aisance, ni la même patience.

Ces freins ne disqualifient pas la circulation ; ils la délimitent. Ils disent aussi une vérité rarement formulée : l’économie de l’accès n’est pas seulement une question d’écologie ou de budget, c’est aussi une question de capacité (temps disponible, mobilité, maîtrise numérique, tolérance au risque).

Ce que JAM rend possible (et ce qu’elle ne promet pas)

L’application JAM est intéressante précisément parce qu’elle reste au contact de la réalité. Elle n’invente pas un “nouvel homme”, elle propose un outil pour une réalité déjà là. Elle facilite une rotation d’objets, mais ne supprime pas le besoin de propriété. Elle peut alléger l’équipement d’un foyer, mais elle ne remplace pas la stabilité du quotidien. Elle peut réactiver une confiance de proximité, mais sans faire du voisinage un idéal. Le vrai déplacement, au fond, est plus discret, il touche à la définition même du “bien” domestique. Longtemps, un objet était un capital matériel. Il devient peu à peu une capacité d’usage. On n’est plus équipé parce qu’on possède, on est équipé parce qu’on peut accéder.

Vers une ville “plus légère” : l’essentiel chez soi, le temporaire à portée de quartier

Si l’on veut décrire l’avenir sans prophétiser, on peut le formuler simplement : le foyer urbain tend vers un noyau dur (l’essentiel, l’intime, l’immédiat) et une périphérie mobile (l’occasionnel, l’encombrant, le saisonnier). Cette périphérie ne circule pas “dans le vide”, elle circule grâce à des outils, des règles, parfois des assurances, et une logistique minimale. C’est là que JAM devient un symptôme utile : non pas la promesse d’un monde sans objets, mais l’esquisse d’une ville où le superflu n’est plus stocké, il est partagé — à condition que cela reste simple, sûr, et réellement accessible.

Rennes n’est pas un village, et le quartier n’est pas une famille élargie. Mais entre l’isolement domestique et la possession totale, une troisième voie se dessine : habiter plus léger, en s’autorisant l’accès. Le placard ne disparaît pas. Il se spécialise. Et autour de lui, peut-être, un petit stock commun se met à circuler — non par vertu, mais parce que c’est devenu, tout bonnement, pratique.

Les objets qui “circulent” le mieux (et ceux qui résistent)

Circulent très bien : outils robustes, nettoyage ponctuel, matériel événementiel, camping, convivialité (raclette/fondue), porte-vélos, certains équipements enfant “phase courte”.

Résistent : objets intimes, hygiène, électronique fragile, objets dont on a besoin “tout de suite”, objets dont l’usure ou l’entretien est lourd.

Les 5 freins qui font basculer vers l’achat

  • Je dois l’avoir immédiatement.
  • Je crains la casse ou le litige.
  • Je n’ai pas le temps pour la logistique (rendez-vous, transport, retour).
  • Je ne suis pas à l’aise avec l’interface / les règles.
  • Je ne suis pas sûr que l’objet sera disponible quand j’en aurai besoin.

Ces “handicaps” ne sont pas des détails, ils dessinent la frontière entre ce qui restera propriété et ce qui pourra entrer dans une circulation de quartier. C’est là, précisément, que se joue l’évolution des usages ménagers.

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