RENNES. L’ASSOCIATION CLUTCH SE DÉMARQUE PAR LE HANDIBASKET

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6 février 2020

Dans le jargon du basketball «être clutch» signifie : savoir être décisif et déterminé dans les moments importants d’un match. C’est alors doté de cette volonté que le Rennais Fabien Desrondiers a créé l’association Clutch en septembre 2019. Son objectif ? Récolter des fonds destinés à financer des fauteuils de handibasket et ainsi contribuer à illuminer la vie des joueurs et joueuses de basket handicapés. Rencontre.

Fabien Desrondiers, informateur jeunesse au 4 Bis à Rennes, est à l’initiative de l’association Clutch. Cette idée lui est venue après sa rencontre avec Steven, un jeune Rennais atteint d’une maladie dégénérative.

Au début de l’année 2019, la maladie de Steven lui coûte une amputation des jambes et de quelques phalanges. Suite à cette terrible opération, Steven se réfugie dans le handibasket, un sport pour lequel il se passionne rapidement. Licencié au Handisport Rennes Club, le jeune Rennais progresse à vue d’œil et bientôt, le fauteuil prêté par le club ne lui convient plus. Pour continuer à s’épanouir et à progresser en handibasket, Steven a besoin d’un fauteuil spécifiquement adapté à ses pathologies. Malheureusement, le coût d’un fauteuil de ce type dépasse les moyens financiers du jeune garçon : il faut compter au moins 5 000 € !

Espérant trouver de l’aide auprès des professionnels de la jeunesse, Steven pousse alors la porte du 4Bis en avril 2019. Par chance, son principal interlocuteur n’est qu’autre que Fabien Desrondiers, un passionné de basket et de NBA ! Ému par l’histoire de Steven, Fabien se démène pour l’aider dans son combat. Face à l’absence de réponse positive de la part des institutions, l’informateur jeunesse décide alors de prendre sur son temps personnel et lance une cagnotte en ligne afin de récolter des dons.

Cette initiative dépassa largement les espérances ! Seulement 24 heures après le lancement de la cagnotte, Aurélie Batum, la femme de Nicolas Batum (un basketteur français évoluant avec l’équipe des Charlotte Hornets en NBA), contacte Fabien pour lui annoncer qu’elle et son mari souhaitent financer l’intégralité du fauteuil de Steven, tant ils ont été touchés par l’histoire du jeune Rennais.

Suite à cette nouvelle aussi fabuleuse qu’inespérée, Fabien décide de fonder l’association Clutch afin que d’autres joueurs de handibasket aient eux aussi la chance d’être supportés financièrement dans l’achat de leur fauteuil.

Pour récolter des fonds, Fabien organise des soirées NBA au 4Bis à Rennes dont l’entrée est de 8€. Le principe ? Projeter des matchs de NBA sur grand écran afin de passer un bon moment entre passionnés de basket (mais pas que) !

« Je me suis inspiré du média TRASHTALK, un média qui organise régulièrement des soirées autour de la NBA, pour récolter des financements. Je me suis dit que si des gens étaient capables de payer une place pour voir des matchs projetés de NBA à Paris, pourquoi ne pas reproduire ce modèle à Rennes, surtout si cet argent sert une bonne cause ? » – Fabien Desrondiers

Grâce aux deux premières soirées organisées le 15 décembre 2019 et le 26 janvier 2020, l’association Clutch a déjà récolté un total de 630€ ! La prochaine soirée est à prévoir pour le mardi 25 février 2020, toujours au 4Bis.

Les Batum ne sont plus les seuls à avoir été touchés par l’histoire de Steven, laquelle a soulevé une problématique plus large : l’accès au sport dans le milieu du handicap. Le célèbre média TrashTalk, le spécialiste de la NBA en France, se montre lui aussi très investi dans l’association rennaise. Lors de la soirée NBA à Rennes le 26 janvier 2020, TrashTalk s’était engagé à verser 20€ à l’association Clutch à chaque tir à trois points. Ce qui a permis à Fabien de récolter 480 €, en plus des 352 des entrées !

L’association Clutch jouit également de partenariats de renom : la NBA, BeIN sport et Canal Pro. Ce sont d’ailleurs eux qui ont offert à Fabien les abonnements lui permettant de retransmettre les matchs NBA dans un lieu public.

Mais ce n’est pas tout ! La NBA a même invité Fabien et Steven à assister au premier match de NBA à Paris, le vendredi 17 janvier 2020. À la fin de ce match, les deux Bretons ont souhaité rencontrer Nicolas Batum, mais ils n’ont malheureusement pas réussi à le voir. Ils espèrent pouvoir prochainement ré-organiser une rencontre afin de le remercier pour son don.

Depuis la création de Clutch, Fabien Desrondiers est en contact avec le club d’handibasket de Rennes dans l’objectif de se rapprocher des joueurs qui pourraient avoir besoin d’une aide financière pour leurs équipements.

Unidivers a rencontré Ludovic Pied, responsable de la section basket de l’Handisport Rennes Club. Cette dernière est construite autour d’une entente entre des joueurs de Rennes et de Laval. Deux équipes, d’une dizaine de joueurs chacune, arborent fièrement les couleurs rennaises : Rennes 1 joue à un niveau national (division 1C) et Rennes 2 à un niveau régional (2ème division).

« Chaque joueur a, dans 90% des cas, son propre fauteuil : les autres joueurs se voient prêter des fauteuils par le club, le CDH de Rennes (Comité Départemental Handisport), ou encore par la région Bretagne. Comme les fauteuils sont adaptés aux différentes pathologies de chacun, ils coûtent souvent plusieurs milliers d’euros. Pour s’en procurer un, il faut donc réaliser d’énormes économies. C’est pourquoi, certains joueurs font appel à des dons, comme Steven » explique Ludovic.

Concernant les règles de l’handibasket, elles sont quasiment identiques à celles du basket pour valides : les dimensions du terrain, la hauteur du panier, le marquage de la ligne de trois points, la balle et la durée du match sont respectés. Néanmoins, le handibasket prend en compte les particularités des mouvements en fauteuil. Par exemple, si un joueur avec la balle touche la ligne de touche avec son fauteuil roulant, il est considéré comme étant en dehors du terrain. Une autre adaptation concerne les “pas” et “doubles” du basket-ball traditionnel. Dans le cas du handibasket, le joueur avec la balle ne peut pas faire rebondir la balle plus de deux fois sans la passer ou la lancer. Il n’est pas non plus autorisé de lancer la balle par-dessus les accoudoirs du fauteuil (source). Certaines personnes valides pratiquent même le handibasket comme un loisir à part entière.

L’handisport Rennes Club est présidé par Georgette Peniguel depuis 4 ans. Georgette est atteinte d’une rétinite pigmentaire depuis ses 9 ans, une maladie qui lui a progressivement fait perdre la vue. Passionnée de vélo dans son enfance, elle exerce désormais du handitandem au handisport club de Rennes, un club qui existe depuis maintenant 50 ans !

L’handisport Rennes Club forme des athlètes de haut-niveau : certains joueurs de boccia (un sport très semblable à la pétanque) ont même participé aux Championnats de France !