Depuis la nuit des temps, les artistes expérimentent des processus visionnaires en se projetant dans les profondeurs de l’Astral, domaine de l’insondable, de l’invisible et de l’inouï. Ces dimensions mystérieuses sont à l’origine de troublantes recherches scientifiques. Elles font également l’objet d’un important regain d’intérêt de la part des artistes. C’est à ces visions et à ces pouvoirs de l’art que l’espace culturel Louis Vuitton consacre une exposition à la fois sidérante et sidérale. Son commissaire, Pascal Pique, nous la présente.
Suite à une série de préfigurations qui ont débuté en juin 2013au Palais de Tokyo, Astralis signe le lancement du Musée de l’Invisible. Il s’agit d’une nouvelle instance de créations et recherches expérimentales consacrées aux relations entre l’art et les multiples formes de l’invisible : de l’astrophysique aux sciences de la cognition et aux savoirs alternatifs, sans omettre les phénomènes inexpliqués liés à certaines dimensions visionnaires et métaphysiques. L’exposition est consacrée à une particularité artistique rarement abordée et peu connue : les visions associées au domaine de l’Astral. Depuis toujours, les artistes expérimentent des processus visionnaires en se projetant dans les profondeurs de l’Astral, ou dans les mondes de l’insondable, de l’inaccessible, grands pourvoyeurs de visions. Emprunté à un poème de Novalis, figure mythique du romantisme allemand du début du XIXe, Astralis nous renvoie à son évocation de « l’humain sidérique ». Un homme du rêve et de la réalité confondus, qui évolue à la jonction du visible et de l’invisible.
Autre nom de l’invisible, l’Astral convoque les motifs du céleste, du subtil et des outres-mondes. Il renvoie également au voyage intérieur, ainsi qu’à la projection hors-corps de la conscience vers d’autres configurations, jusqu’à parfois atteindre l’extase et l’illumination lorsque la rencontre avec les forces de l’univers se produit. C’est donc à travers les modalités de la quête visionnaire, du transport ou du voyage astral, et des états modifiés de conscience, que cette exposition interroge les fondements mêmes de la nature artistique d’une humanité qui n’a de cesse de se confronter aux confins de l’imperceptible.
Trop souvent mises au rang des fantaisies de l’imaginaire, les visions de l’Astral suscitent de troublantes recherches et théories scientifiques qui commencent à envisager cette dimension comme une réalité tout à fait concrète. Une réalité à reconsidérer dans l’évolution de notre relation à nos environnements extérieurs et intérieurs. Ces dimensions mystérieuses trop longtemps occultées font aussi l’objet d’un important regain d’intérêt de la part du public et des artistes. Comme si l’art était à la fois le lieu, le témoin et le moyen d’expérimentations ouvrant les portes de la perception et du vivant à d’autres dimensions. À moins que nous n’entrions dans un nouveau régime visionnaire.
C’est à ces questions, à ces visions et ces pouvoirs de l’art qu’Astralis est consacrée, en proposant pour la première fois de vivre une exposition d’art contemporain comme une véritable exploration de contrées énigmatiques. Une sorte de pérégrination initiatique composée par une douzaine d’artistes internationaux invités à concevoir autant de paysages ou d’antichambres vers l’ailleurs. L’Exposition Astralis se déploie ainsi à travers une succession de plans de visions que le visiteur est convié à traverser pour effectuer une part de voyage vers d’autres univers. Une épopée où les œuvres semblent s’être données le mot pour jouer un concert inédit aux confins du visible et de l’invisible. En prime, l’entrée et la catalogue sont gratuits. Une manière comme une autre de populariser l’élitisme vuittonien.
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Astralis : Au-delà des étoiles
Artistes : ART ORIENTE OBJET (Marion LAVAL JEANTET et Benoit MANGIN), David ALTMEJD, Rina BANERJEE, BASSERODE, Charley CASE, Damien DEROUBAIX, Jean-Luc FAVERO, Vidya GASTALDON, Siobhàn HAPASKA, Myriam MECHITA, Chloe PIENE, Børre SAETHRE. Commissaire : Pascal Pique pour le Musée de l’Invisible.
ESPACE CULTUREL LOUIS VUITTON – jusqu’au 11 mai 2014
60 rue de Bassano, 75008 Paris – Métro Georges V, ligne 1 – Entrée gratuite
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