Alors que la crise sanitaire l’a empêché de célébrer son quarantième anniversaire au printemps 2020, l’Atelier du Thabor revient cette année pour fêter ses « 40 ans + 1 » avec un programme quelque peu modifié, mais toujours l’envie de partager son travail avec le public.
Un anniversaire, ça se fête. Surtout lorsque, comme l’Atelier du Thabor, on célèbre ses quarante ans. Fondée en 1980, cette association « dédiée à la pratique et à l’enseignement des arts plastiques » a une histoire très riche. Janick Broyelle, sa présidente, raconte : « Au départ, l’association rassemblait quelques artistes qui souhaitaient se regrouper pour travailler dans l’esprit d’atelier, c’est-à-dire produire des œuvres en coanimation dans un esprit collaboratif. » Petit à petit, l’association se structure et se développe : la Ville de Rennes lui loue une ancienne chapelle classée en guise de local, la chapelle des Catéchistes, située dans le parc du Thabor. Centrée originellement sur le dessin et la peinture, l’offre se diversifie : des ateliers de sculpture, de gravure, d’aquarelle voient le jour. « Ce n’est pas seulement une diversification de l’offre, mais également des univers artistiques : certains artistes sont plus traditionnels, d’autres plus avant-gardistes », précise Janick Broyelle. Aujourd’hui, l’Atelier du Thabor compte plus de 330 adhérents, 7 animateurs permanents, une personne salariée à temps plein et plusieurs modèles. « Le maître mot de l’association est la convivialité, non seulement verticale, entre l’animateur et ses élèves, mais aussi horizontale car chacun s’entraide », se réjouit Janick Broyelle.
Alors, pour fêter son quarantième anniversaire, l’Atelier du Thabor ne pouvait pas manquer d’organiser un grand évènement afin de partager cette convivialité avec le public. Tout était prévu pour mai 2020 : 17 ateliers menés spécifiquement à cette occasion dans 10 lieux d’exposition. Mais le confinement a obligé l’Atelier à s’adapter. « L’évènement a été annulé et l’Atelier a dû fermer ses portes à l’automne pour 8 mois » , explique Janick Broyelle. « Nous avons réussi à poursuivre certains ateliers par Zoom. »
Cependant, pas question de renoncer à l’anniversaire. « On s’est beaucoup investis dans ce projet, car il nous tenait vraiment à cœur : il est nécessaire à la fois pour montrer notre travail, mais aussi pour la pérennité de l’association, car il montre que l’Atelier est créatif et énergique. On a travaillé avec beaucoup d’enthousiasme en dépit des obstacles. » Malgré les incertitudes, les « 40 ans + 1 » ont finalement pu être mis sur pied pour mai 2021, avec cependant quelques aménagements. « Beaucoup de projets étaient interactifs. Par exemple, les ateliers de sculpture avaient réalisé un échiquier de quatre mètres sur quatre, inspiré d’Alice au Pays des Merveilles, sur lequel les enfants et leurs parents pouvaient jouer. Nous avons dû y renoncer. » Ajoutez à cela le fait que plusieurs lieux d’exposition ont rouvert sans pouvoir accueillir d’exposition permanente, et c’est la moitié des projets qui a dû être abandonnée.
On s’est beaucoup investis dans ce projet car il nous tenait vraiment À coeur : il montre que l’atelier est crÉatif et Énergique.
Janick Broyelle, présidente de l’Atelier du Thabor
La version des « 40 ans + 1 » qui est présentée au public à partir du 19 mai comporte donc seulement huit expositions et quatre installations. Du fait de la défection de plusieurs lieux culturels, l’essentiel des expositions se concentre dans l’Orangerie du Thabor. Sa partie Est accueille l’exposition Paysage intérieur de l’atelier de Chun Yu Wang ainsi que Saveurs gravées, ouvrage collectif sur le thème des recettes de cuisine, réalisé par l’atelier de gravure de Morgane Ruhlmann. À l’Ouest, l’accent est mis sur la mythologie avec Entrelacs, le projet de l’atelier dessin/peinture d’Anna Pichotka, qui revisite le mythe de Thésée et d’Ariane perdus dans le labyrinthe du Minotaure. Le spectateur pourra aussi découvrir les représentations de cités imaginées par l’atelier de Boris Foscolo dans l’exposition Architectures dans la ville, ainsi qu’Avatars d’Isaure, travail de réappropriation du portrait de la jeune Isaure Chassériau par son oncle Eugène Amaury-Duval. Mené sous l’impulsion d’Anna Pichotka, ce projet devait être exposé au musée des Beaux-Arts de Rennes, où se trouve le tableau original, avant que la crise sanitaire n’en décide autrement. Tout au long de sa déambulation, le spectateur sera accompagné par les sculptures d’hommes et d’animaux des ateliers de Kere Dali et Laëtitia May-Le Guélaff.
Interroger le rapport entre l’homme et la nature, c’est aussi l’objectif d’Air et eau, le projet mené par l’atelier de sculpture de Laëtitia May-Le Guélaff. Dans les bassins du Thabor, deux sculptures, l’une montrant un homme sous l’eau, l’autre montrant un homme immergé. On peut y apercevoir les différentes facettes des rapports entre l’homme et la nature, tantôt maître de la nature, tantôt désarmé par la catastrophe écologique. Dans la volière, des sculptures d’animaux se confondent avec les oiseaux et invitent le spectateur à questionner sa vision de l’environnement naturel.
Mais le Thabor n’est pas le seul lieu où se célèbre ce quarantième anniversaire un peu particulier. Deux expositions sont organisées dans des banques : Histoires d’eaux à la Banque populaire Grand Ouest, place du Parlement, où l’on peut admirer des aquarelles représentant la nature et le monde vivant réalisées par l’atelier de Chun Yu Wang, ainsi qu’une grande exposition collective au Crédit Mutuel de Bretagne, boulevard de la Tour d’Auvergne. Cette dernière est un panorama du travail de tous les animateurs de l’Atelier, où l’on découvre l’univers et le style de chacun, du travail du mouvement et des formes humaines et animales de Kere Dali aux illustrations de femmes sensuelles de Florence Bourges, en passant par les portraits mi-peinture mi-dessin de Boris Foscolo. Enfin, l’Atelier devrait ouvrir à partir du 9 juin une exposition consacrée au modèle vivant.