Depuis 2017, le Bar à Mines fait partie des commerces qui font vivre le joli quartier Saint-Hélier. Installé au 74 de la rue, ce bar à bulles original s’est construit une réputation dans le milieu des bars indépendants de la capitale bretonne.
Au bout de la rue Saint-Hélier, un bar à la devanture sobre vous accueille volontiers au 74, à partir de 17h. Quand on pousse la porte et pénètre à l’intérieur, des dizaines de dessins encrés ou crayonnés sur des sous bocs souhaitent la bienvenue à la clientèle : les murs et le bar en sont recouverts. Tous les styles se confondent et se complètent, bienvenue au Bar à Mines, géré d’une main de maître et d’artiste par Sylvain Montanier et Thomas Reucheron depuis 2017.
Quand Sylvain Montanier, membre du collectif d’artistes Kronik, se penche sur un projet d’ouverture de bar, il sait déjà ce qu’il veut : un bar à fanzines et à bandes dessinées indé, un Bar à Mines. Il rencontre Thomas Reucheron, qui travaille déjà en bar, et lui propose de s’associer quand le barman quitte son boulot. Affaire conclue : le duo épluche pendant un an les annonces et enchaîne les visites. Aux lieux « supers » découverts en dehors de Rennes, Thomas et Sylvain privilégient un local en centre-ville, à quelques minutes de République, à proximité du TNB, au milieu des commerces qui font la renommée de la rue. « Par rapport à ce que l’on voulait faire, on savait que notre projet fonctionnerait en ville. » En ouvrant le Bar à Mines, ou BaM, les gérants proposent un lieu qui n’existe pas encore malgré la riche activité de l’illustration à Rennes, tout en prolongeannt l’histoire du 74 rue Saint-Hélier puisque les murs sont habités par des bars depuis les années 60. « Le précédent a ouvert cinq ans avant de faire faillite », raconte-t-il.
Le lieu puise dans l’héritage des anciens bars et bistrots où simplicité et convivialité sont les maîtres mots. « Ce que je trouve bien dans le bar, c’est le comptoir. Tu peux arriver seul, t’asseoir et te retrouver à discuter avec ton voisin. » Dans ce lieu de rencontre, une clientèle d’artistes s’est naturellement créée, mais pas seulement, le bar a su s’inviter dans la vie des habitants du quartier et y rester. Mais que trouve-t-on à l’intérieur ? Comme l’expression le sous-entend : on peut en effet se prendre des mines, mais on peut aussi dévorer des exemplaires de la fanzinothèque suspendue au plafond face au bar, ou en acheter. On peut aussi s’installer dans les canapés du fond et feuilleter un livre de la bibliothèque en sirotant une boisson. Et puis, une petite pépite à découvrir : une cour intérieure cosy ouverte jusqu’à 20h pour éviter de déranger le voisinage.
Le décor – la tireuse steampunk fabriquée par un ami à partir d’un moteur, les écritures sur le comptoir et les fameux sous-bocs dessinés qui servent de tapisserie ci et là – donne un charme rock et underground, avec une singularité artistique indépendante assumée qui est appréciable dans le paysage rennais. « Le jour de l’ouverture, on avait déjà deux ou trois mecs qui dessinaient au comptoir. » Tous les soirs, le barman en poste dépose quelques dessous de verre sur le bar, des stylos et, hop, la magie de l’imagination opère. Les murs et le plafond du Bar à Mines sont aussi un très bon support puisque des créatures dessinées se sont installées dans le fond du bar, enfants des illustrateurs Bé, Ismaël et Vincent, tous trois membres de l’association La Vilaine.
Enrichie depuis sept ans, la collection de sous-bocs est une mine d’or que le binôme ressort à certaines occasions, comme une exposition d’Ismaël Hadour. « On a fait une sélection et on lui a fait une expo surprise. Elle correspondait à des périodes de l’année. » Au-delà de la lecture, le duo prête aussi ses murs pour des expositions de six semaines. Depuis peu, c’est le travail de Zest’ qui habille la première partie du bar, jusqu’au 28 septembre.
En ce qui concerne la carte, elle prend sa sources dans les préférences de Thomas et Sylvain : les bières belges. Ils en proposent cinq à la pression ainsi qu’un bec tournant avec une bière locale du moment. Ils ont notamment travaillé avec Torr Penn, brasserie indépendante du pays de Liffré-Cormier, et en ce moment c’est une bière de la brasserie Le Vieux Singe. Pour apporter de la nouveauté et un produit original, le Bar à Mines, La Cour, le Babazula et les Oiseaux de passage (Dinan) travaillent ensemble un brassin commun deux à trois fois par an, en collaboration avec une brasserie du cru. « On reste sur des bières légères, accessibles pour que tout le monde puisse en boire. »
La carte classique des boissons est relevée par des rhums maison : vanille-caramel, miel-cardamome, etc. Les saveurs varient selon les bouteilles arrivées à maturité. Le rhum cerise sera prêt mi-octobre.
Pas de concerts au Bar à Mines – sauf la semaine des Transmusicales où ils font exception -, mais des dj sets dans la petite cabine du fond. Blind tests et quizz autour de la bande dessinée sont aussi régulièrement organisés. Après trois semaines de vacances, le bar rouvre tout juste ses portes et, si le planning des expositions est déjà quasi complet jusqu’en septembre 2025, le binôme prévoit doucement sa programmation musicale. Aucun nom n’est annoncé pour le moment, mais le duo mettra tout en oeuvre pour sortir des pépites de sa mine.
Le Bar à Mines, bar spécialisé dans la BD et le fanzinat, 74 rue Saint-Hélier à Rennes, ouvert du mardi au samedi de 17h à 1h.