BD L’Adoption. Tome 4, Un grand bonheur de lecture intelligente

Le second tome du cycle 2 de la série L’Adoption, intitulé “Les repentirs” est paru en avril 2023. En clôturant ce second dytique consacré à l’adoption, Zidrou et Monin poursuivent leur formidable succès sur une thématique difficile mais traitée avec beaucoup de tact et de douceur.

« Il s’agit d’une comédie. Une comédie quelque peu mélancolique certes, car humaine, mais une comédie ». Qui peut mieux définir ces quatre albums consacrés à deux histoires d’adoption que le scénariste Zidrou, cocréateur de L’élève Ducobu et des Beaux Étés, qui annonce ainsi le début d’un cinquième tome à paraître en 2024 ? La comédie et l’humanité étaient bien présentes avec les deux premiers tomes consacrés à l’adoption de Qinaya qui explosait de bons sentiments, de douceur et de tendresse sans jamais tomber dans le pathos ou la mièvrerie.

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Pour se renouveler, les auteurs avec l’adoption de Wajdi, jeune de dix ans, originaire du Yémen qui a grandi dans l’horreur de la guerre, donnent un ton plus sombre à leur seconde histoire. Wajdi a visiblement des frayeurs, des terreurs, des cauchemars dont les apparitions font ressurgir des pans entiers de son court passé. Comme des fantômes, les ombres de ses parents et de sa petite sœur envahissent sa chambre ou résonnent dans des bruits familiers qui deviennent des bruits de guerre. Mais du côté de la famille adoptive, les Guitry, le récit est aussi plus sombre. « Bobos » pleins de bons sentiments, agissant en réalité sans grande conviction, adoptant plus dans leur intérêt que dans celui de Wajdi, ils apparaissent rapidement assez inconséquents, démontrant que les « meilleures intentions ont parfois les pires conséquences ». Alors que la France enregistre environ 10 000 demandes d’adoption par an, la classant au deuxième rang mondial en la matière, 500 à 600 enfants sont abandonnés. Ce sont ces cas marginaux qui sont évoqués ici.

À la fin du premier tome de Wajdi, les Guitry, incapables de comprendre les traumatismes du jeune yéménite veulent renoncer à son adoption ce qui fait dire à la fonctionnaire chargée du dossier : « Jusqu’à présent, sa mère s’appelait Guerre, son père Exil… Désormais, ils ont noms Trahison et Abandon ». Une phrase terriblement dure mais juste, qui donne le ton général des deux albums où l’on découvre l’envers des bons sentiments et où les dialogues percutent souvent les sentiments du lecteur.

La comédie de Zidrou est ici celle de la satire, de la moquerie piquante et acérée d‘un milieu social aisé, plus occupé à se regarder le nombril qu’à s’ouvrir véritablement aux autres, préoccupé de bons sentiments et de faux semblants. Zidrou, parfait observateur de son temps, n’a pas son pareil pour se moquer des travers d’une société et restitue parfaitement l’ambiance d’une famille bourgeoise, de ses plus jeunes enfants à la vieille grand-mère plus attachante qu’il n’y parait. Comme dans Les Beaux Étés, tout sonne juste. La description du quotidien dans son apparente banalité fait mouche et le dessin plein de tendresse de Monin complète parfaitement les répliques de Zidrou. Comme dans les flashbacks d’un film, le passé dessiné de Wajdi surgit dans sa nouvelle vie quotidienne, et montre plus que de longues phrases. 

« Comédie » donc mais « humaine » complète Zidrou, rappelant sans le vouloir avec ces deux mots accolés, cette vaste entreprise de Balzac qui voulait raconter son temps et ses contemporains. Marchand de crêpes, dentiste, jeune étudiant, galeriste homosexuel, vieille dame, restauratrice africaine, c’est une toute une galerie de portraits qui nous est offerte. Des personnages finalement attachants et vrais car animés parfois de défauts détestables mais aussi capables de solidarité, d’empathie et d’amour. Des émotions qui donnent ainsi à ce second tome plus d’espoir et de joie que pour le premier. 

On est heureux de savoir que cette série aura une suite en 2024 et même qu’elle s’appellera « Le Sourire du plombier », un titre énigmatique déjà… adopté.

L’ADOPTION, Cycle 2 Tome 2 : Les repentirs. Scénario : Zidrou. Dessin : Arno Monin. Bamboo Édition, Collection Grand Angle. Avril 2023. 72 pages. 16,90€.

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Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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