Avec J’aurais pu devenir millionnaire j’ai choisi d’être vagabond, publié aux Éditions Paulsen, Clément Baloup nous entraîne aux États-Unis aux débuts des années 1900, lorsque le président Roosevelt annonça la création de parcs nationaux afin de protéger la nature sauvage. À la même période, la Charte de l’Environnement entend « d’inscrire une écologie humaniste au cœur de notre pacte républicain ».
15 mai 1903. Le 26e président des États-Unis Théodore Roosevelt et l’écrivain philosophe, ingénieur et défenseur de la nature John Muir entament une courte épopée d’une durée de trois jours dans le parc Yosemite. Cette rencontre sera déterminante dans les événements qui s’en suivront puisqu’au terme de ces trois jours, le président décide de protéger l’environnement et l’œuvre de dame nature en créant des parcs nationaux.
C’est cette aventure que nous narre Clément Baloup dans la bande dessinée J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, publié en octobre 2022, librement inspiré du récit éponyme d’Alexis Jenni et des carnets de John Muir. L’auteur de BD et carnettiste publie depuis 2004 des albums tournés majoritairement vers la retranscription du réel et notamment de temps difficiles et moments forts de l’histoire humaine et sociale comme les guerres, l’immigration ou les luttes sociales. C’est assez naturellement que le dessinateur se tourne vers la question de l’écologie, très actuelle et qui l’était déjà au début du XXe siècle.
L’histoire mêle l’avancée des deux hommes dans le parc de Yosemite et le passé de John Muir qu’il raconte à son compagnon de voyage au fur et à mesure qu’ils traversent les lacs, gravissent les falaises et arpentent les plaines du parc. Le jeune John Muir a déjà le goût pour la faune et la flore mais il est rapidement enterré, au départ par son père, l’obligeant à travailler dans les champs et puis par l’université, le poussant à devenir ingénieur. Pourtant il n’a fallu que d’une après-midi à contempler un arbre pour qu’une épiphanie fleurisse dans son esprit. En effet, si le futur d’inventeur de génie est plus que tentant à suivre, l’appel de la nature suscite en lui un attrait presque mystique. Il abandonne aussitôt ses études et la vie en société pour suivre les pas d’un botaniste.
Mais devenir botaniste n’est pas aussi simple, l’argent reste primordial pour vivre. Ainsi débute un mélange étrange entre les instants où John Muir enchaîne des « petits boulots » entre mécanicien, charpentier, bûcheron… pour vivre au jour le jour et d’autres moments de paix, lors de ses nombreux voyages à la découverte de nouveaux paysages. Le lecteur se retrouve tantôt dans la vie en société, « gagnant un peu d’argent » par-ci par-là et tantôt dans un nouveau panorama qui peuple le monde entre verdure, glacier, désert et montagne. Ce schéma constant et répétitif ponctue les pages à chaque étape de sa vie.
Clément Baloup propose un travail richement documenté entre Yosemite, Cuba, Alaska, etc. Les paysages aux couleurs vives et détaillés défilent à travers les pages. Les instants d’histoire se faufilent aussi dans les cases. La description des ravages de la guerre de Sécession rappelle à nouveau l’impact de l’homme et de ses actions sur la nature. La bande dessinée prend le parti de montrer une biographie réaliste du défenseur de la nature. L’humanité qui découle de ses actions comme de ses choix dans un contexte complexe, autant dans son histoire que dans l’Histoire qui s’écrit, rend la personne de John Muir plus héroïque et son message plus accessible aux lecteurs.
Cette bande dessinée reprend une question primordiale de nos jours et qui l’était déjà il y a plus d’un siècle. Par les différents tableaux dessinés par Clément Baloup et décrits par John Muir, juxtaposés à la réflexion du philosophe et de sa vie de tous les jours, les éditions Paulsen proposent avec cette adaptation imagée, une version plus marquante de l’histoire d’un homme extraordinaire et axé vers les nouvelles générations, acteurs principaux pour le monde de demain.
Alexis Jenni publie aux éditions Paulsen, en janvier 2020, le récit biographique éponyme de John Muir, dont Clément Baloup va s’inspirer pour sa bande dessinée.
J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, Clément Baloup, éditions Paulsen, 220 pages, prix : 21 euros. Parution : Janvier 2020. ISBN : 978237502-0890
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