Certains livres justifient d’improbables rencontres. Et qui dit improbable dit quasi insolite. Comme faire se croiser un prix Nobel de littérature et l’un des talents de bande dessinée parmi les plus brillants de sa génération. Le premier, Albert Camus, a écrit L’étranger en 1942 ; le second Jacques Ferrandez vient de l’adapter en images et en couleurs pour les éditions Gallimard. Présentation de la BD L’étranger…
L’étranger, premier roman d’Albert Camus, est avec La peste son plus célèbre texte. Petit succès de librairie paru en 1942, ses ventes allèrent grandissantes au fil des mois qui suivirent sa sortie, jusqu’à devenir l’un des livres les plus vendus en France. Soixante-dix ans après sa parution, il entretient son statut de bestseller avec un cumul dépassant les sept millions d’exemplaires. Après une quarantaine de traductions et adaptations diverses, il reste aujourd’hui le livre le plus étudié dans les collèges et lycées, et est toujours classé parmi les dix meilleures ventes en poche.
L’histoire met en scène un jeune homme modeste dans l’Algérie française à la fin des années 30. Meursault est prévenu du décès de sa mère qu’il avait fait admettre à l’asile faute de pouvoir s’en occuper. Détaché du monde, il ne se souvient même pas de l’âge de la pauvre femme qu’il enterre sans larme ni réelle tristesse, avant de reprendre le cours de sa vie comme si de rien n’était. Une apparente froideur utilisée contre lui par le procureur lorsqu’il sera accusé d’assassinat. Jugé, condamné à mort puis exécuté, Meursault aura vécu comme il a tué, presque par hasard, sans état d’âme ni de cœur, rien d’autre qu’une insaisissable indifférence : étranger aux autres et à lui-même
Cette nouvelle adaptation en bande dessinée restitue avec force et fidélité la dramaturgie du récit. Né à Alger en 1955, Jacques Ferrandez est l’auteur des Carnets d’Orient, une fresque en dix tomes sur l’histoire de la présence française en Algérie. Outre la mise en valeur du texte original, son travail rend L’étranger accessible à tous, en particulier aux plus jeunes souvent réfractaires à la lecture. La luminosité des aquarelles, la richesse des décors, la précision d’une Alger reconstruite à l’identique de l’époque coloniale, et la justesse du découpage font de « son Etranger » le plus fidèle compatriote de la version originale.
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BD L’Étranger
Une bande dessinée de Jacques Ferrandez d’après l’œuvre Albert Camus
136 pages couleur (210 X 280) – 22 €
Editions Gallimard