BD. Les Vieux Fourneaux, des graines de voyous dans le tome 8 ?

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Ils nous ont tant manqué ces Vieux Fourneaux que nous sommes heureux de les retrouver dans ce huitième opus, plus doux, plus tendre, plus nostalgique que les précédents. On aime.

Nous étions inquiets. Pas de nouvelles de nos « vieux » depuis deux ans. Pas de photos à la une des journaux, pas d’occupations de ZAC, ZUP ou autre ZIP, pas de manifestations plus ou moins pacifiques. Silence radio. On se préparait même à lancer un appel dans tous les EHPAD de France, pour savoir si nos amis Pierrot, Mimile et Antoine, n’avaient pas été consignés dans leurs chambres, contre leur volonté bien entendu. Une visite au cimetière de Montcoeur sur la tombe des parents de Pierrot Mayou n’a révélé aucun nom supplémentaire sur la pierre tombale.

Disparus dans la nature nos compères jusqu’à ce 8 novembre où par enchantement sur un fond bleu du meilleur effet les silhouettes des trois gaillards sont enfin réapparues. En bonne santé en plus, du moins en apparence. Mimile, dans un maillot seyant bien qu’un peu trop ajusté au niveau des abdos, est de retour à ses amours rugbystiques du côté du Stade « Toulousaing ». Pierrot qui fume une clope (un joint ?) s’est collé un étrange QRcode sur le front après une trente-septième condamnation. Quant à Antoine, il a revêtu la tenue de déguisement du Loup en Slip pour le soixantième anniversaire du théâtre du même nom créé par sa femme Lucette et à qui sa petite fille Sophie veut rendre hommage par un spectacle tout public.

On est dans le Sud-Ouest, il fait chaud, très chaud et le temps est à l’orage, une météo que les Vieux Fourneaux subissent, mais provoquent aussi parfois. Rien de tel qu’une indignation de Pierrot pour détraquer le temps et faire pleuvoir comme jamais. Surtout lorsque ce dernier semble entendre des voix célestes et même se rendre à l’église devant le regard étonné des piliers du bar de La Chope. Alors que dans l’étang une moto stagne dans la boue depuis 1951, bien après la mort de Tolstoï, mais avant que Pierrot ne se marie avec Lucette. Sans oublier le brave Monsieur Civrac qui demande à l’amoureux musclé de Sophie de lui apprendre à taper dans un sac de sable car il a envie d’apprendre à boxer pour enfin, à la fin de sa vie, taper sur un homme. Simultanément, un espoir du Stade « Toulousaing » se manifeste au bon souvenir de notre bon vieux Mimile, et une ex bonne sœur, ancienne missionnaire qui dit désormais « merde au pape » part vivre chez Berthe.

Tout cela est clair comme de l’eau de roche et ne compter pas sur nous pour divulgâcher plus que ces précieux indices qui reconnaissons-le, décryptent de manière synthétique et précise le scénario. Nous en avons déjà trop dit, mais nous pouvons ajouter quand même à voix basse que si vous feuilletez l’album, vous constaterez que de nombreuses cases sont monochromes à l’image de vielles images sépia. Perspicaces comme le sont tous les lecteurs de Unidivers, vous aurez compris que les retours dans le passé de nos trois personnages sont fréquents. Dans les sept premiers albums, il était beaucoup question de politique, de faits sociétaux, de satire contemporaine.

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Dans ce dernier opus, une bascule se fait de manière brutale. Nous sommes dans le domaine de la nostalgie, de l’amitié, des débuts d’existence d’adultes. Des choix amoureux et sentimentaux qui vont décider du chemin d’une vie. Nos trois vieux râlent moins contre la société et ses travers. Cette fois ci, la fête en l’honneur du Loup en Slip va révéler des secrets enfouis, des non dits vieux de soixante ans. Lupano et Cauuet nous entraînent dans l’intimité, celle des rides, du temps qui passe transformant parfois parfois la sensation du premier baiser. Des décennies plus tard, il est toujours aussi délicieusement doux mais peut être différent de la réalité?

« Des amis comme vous, c’est du miel ! Du miel ! », s’écrie Pierrot les joues trempées par les gouttes de pluie qui ruissellent sur son visage (à moins que ce ne soit des larmes?). Rencontrer ces trois bonhommes, c’est aussi du miel pour les lectrices et lecteurs qui depuis dix ans suivent leurs colères, leurs indignations et qui aujourd’hui découvrent leur tendresse mal dissimulée. On vous aime, Mimile, Pierrot et Antoine, alors nous vous en prions à genoux: ne nous laissez pas sans nouvelles pendant deux ans. A vos âges, un incident cardio vasculaire est si vite arrivé. Nous ne nous en remettrions pas. Portez vous bien et à bientôt.

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Les Vieux Fourneaux. Tome 8 : Graines de voyous. Scénario : Wilfrid Lupano. Dessin : Paul Cauuet. Éditions Dargaud. 56 pages. 22,30€.

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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